Hello tout le monde !
Je suis toujours dans les temps ! Oui je le répèterai chaque soir tant que cela sera vrai.
Petite dédicace à Tony ce soir, comme cela.
Bonne lecture !
Axel.
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Les premières neiges s'étalaient en un blanc manteau sur les épaules de Natalya. Toujours aussi morte, son âme piégée par les chaînes de l'enfer, elle dominait le vaste lac qui fut un jour une plaine où se dressait la cité de Greyhall, réduite en poussière par le poing céleste sous l'impulsion du Premier Homme.
Pas curieux pour deux sous, le quatuor, après le thé, était monté admirer la vue et leur cousine, ou ses restes. Tout comme Natalya, ils descendaient de Svarog, vampire slave par excellence. Ces quatre-là avaient quitté la cité vampirique nichée dans l'Oural afin de faire honneur à leur lignée à la table du père. En bonne hôtesse, Ereyne leur avait attribuée la suite que Svarog aurait dû occuper et s'était enquise de leurs préférences alimentaires : du sang, de caucasien de préférence, local, et de la bière, tout aussi locale.
— Elle est limite plus jolie comme cela, déclara Mamie en contemplant sa cousine.
— Elle est surtout carrément plus supportable, renchérit Polochon. Oh ! Regardez là-bas !
Il désignait un point mouvant au loin. La forme se rapprochait du château à un rythme effréné.
— C'est un loup non ? Demanda Rocco avant de cracher par terre. Sale engeance !
Il n'avait pas tort. La bête galopait, propulsée par sa forte musculature. Il s'arrêta brusquement devant la porte d'une manière radicale : en s'écrasant contre elle. Des éclats de rire résonnèrent dans toute la vallée, les vampires, à une bonne dizaine de mètres au-dessus du pont-levis, n'avaient rien perdu de la scène.
De retour sur les pattes, le loup, haletant, fut autorisé à pénétrer dans l'enceinte du château. Il fut accueilli en haut des marches devant la porte principale par le couple d'immortels.
— Celui-là non plus n'est pas un de mes fils, murmura Zelyan à sa compagne. Est-ce que, par hasard, ces ingrats qui squattent chaque année mon château se seraient ligués pour m'envoyer des jeunots de leur descendance à mater ? Ai-je l'air d'une baby-sitter pour bébés vampires et louveteaux ?
Face à eux, le louveteau quitta sa forme sauvage pour reprendre celle humaine. D'un coup d'œil, Zelyan sut qu'il avait eu du flair. Celui-là était un natif, conçut par deux loups, non un mordu, et c'était un jeune. Il s'agenouilla maladroitement, gêné par sa nudité devant Ereyne, et bredouilla une salutation.
— Je m'appelle Titoune, dix-huitième génération d'Odin. Freya m'envoie.
Zelyan haussa un sourcil, le pire allait venir.
— Freya ? s'étonna Ereyne. Odin est-il mort ? demanda-t-elle en se tournant vers Zelyan. Tu ne l'as pas senti descendre aux enfers ?
— Je ne l'ai pas senti car il n'est pas mort ! grogna le Diable, vexé qu'elle doute de son instinct. Et il n'est pas non plus aux mains de Gabriel et de ses comparses, je le saurais se cela avait été le cas.
Le couple se tourna vers Titoune, toujours un genou à terre, le regard plongé vers le sol. Il releva les yeux, sur ordre de Zelyan, tandis que les quatre vampires apparaissaient dans l'encadrure de la porte. Ils se placèrent sur le côté, un peu en retrait pour ne pas mettre en défaut leur aïeul, chose qui serait à coup sûr synonyme d'une mort longue et douloureuse d'environ l'éternité, mais assez proches pour ne rien manquer.
— Parle ! Où est mon fils ?
Ereyne le stoppa d'un geste de la main, et invita tout le monde à rentrer, non sans ordonner à Fitz de trouver des vêtements pour le pauvre loup. Tout le monde revint dans le salon vert et s'installa pour entendre l'explication du descendant d'Odin.
— Et bah, euh... en fait, hésita Titoune. Il est malade.
Zelyan leva les yeux au ciel.
— Il est devenu bleu lui aussi ?
— Et bien, non, répondit le jeune loup à présent enveloppé dans une large couverture rouge. Il a mangé une tarte au primaire et aux fraises, depuis il est alité et incapable de se lever.
Un long débat s'en suivit. La viande de primaire, cette variété d'humains dont l'ADN avait régressé pour reprendre un état ancestral proche de Neandertal, conséquence malheureuse du Déluge et des accidents nucléaires à répétition en découlant, fut tout d'abord incriminée. L'hypothèse fut rapidement balayée, les troupeaux de primaires aux alentours de Valhalla, cité d'Odin, étaient réputés pour leur qualité et leur label bio.
— Je pense que ce sont les fraises. Nous ne savons pas trop où la cuisinière se les ait procurées.
— Qu'en dit la cuisinière ? demanda Ereyne, elle se souvient des ingrédients qu'elle a utilisés ? Ou peut-être est-ce totalement autre chose ?
Titoune secoua la tête, Odin était tombé malade au cours de la dégustation de cette tarte au primaire et aux fraises. La cuisinière s'était levée aux aurores pour la préparer et la présenter spécialement au maître des loups du nord.
— C'était un essai, une innovation.
— J'espère que la cuisinière ne gardera pas la recette, ricana Polochon, une bière à la main.
— Aucun risque, répondit Titoune. Freya l'a faite écarteler.
Une fois de plus, Zelyan leva les yeux au ciel. L'écartèlement, quel manque d'originalité !
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Merci d'avoir lu ce chapitre !
Axel.