23. La lettre de Bashir

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        Août 2009. Cela faisait presque deux mois que la quasi-totalité du monde entier avait appris qui j’étais. Et qu’il y avait bien un quatrième enfant Jackson. Sauf que ce n’était pas un certain Omer Bhatti, comme certains journalistes ont essayé de démontrer en 1995. Le quatrième enfant c’était moi. Fille adoptive d’un roi dans les années 80 à l’âge de 12 ans. Désormais les journalistes ne me laissaient pas une minute de répit. Si je voulais sortir, je me perdrais dans un bain de foule inimaginable, j’hésitais à dire quoi que soit. J’avais peur d’eux, des paparazzis. Ils avaient tant fait souffrir mon père de son vivant. Je ne voulais pas que cela m’arrive.

Grosse feignante ! Tu vas pas rester au lit toute la journée ! Allez debout il faut que je te le présente. Connectes-toi ! ;-))

        Je souriais en lisant ce sms. C’est ce qui m’avait réveillé d’ailleurs. Je regardais l’heure sur mon portable et constatait que le message de Shauna avait été envoyé à la minute même. Il était 11h34.

        En ce moment je ne faisais que dormir, et un peu de ménage, jusqu’à que les provisions manquent. Mes rideaux étaient toujours fermés, je ne les ouvrais jamais. Les gens étaient toujours collés à mes fenêtres comme de vulgaires insectes. Je me rappelle avoir vu quelques ‘’moucherons’’ dans ma piscine, un soir. Ils étaient munis de leur appareil photo conçus spécialement pour aller dans l’eau. J’avais eu le temps de m’enfuir chez moi, car les deux journalistes se disputaient pour qui m’interrogera le premier.

        Je me redressais de mon lit, secouant négligemment mes cheveux. J’avais toujours mon téléphone à la main, et alors que je me levais, je le déposais sur ma table de chevet recouverte d’un drap blanc. Avec une lenteur qui n’était pas mienne d’habitude je me dirigeais vers la salle de bain. Je fis tomber ma chemise de nuit le long de ma peau, j’aimais ce doux contact. Cela m’évoquait des souvenirs lointains, les mains de mon bien aimé sur mon corps. Ces caresses me manquaient mais j’essayais à tout prix de ne plus y penser.

        Je prix une douche, prenant garde à ne pas mouiller mes cheveux, l’eau chaude me réchauffait, car dans ma villa il faisait de plus en froid. Peut être étais-ce dût à tous ses meubles recouvert d’un tissu ? Le blanc étais symbole de pureté, mais pour moi cela évoquais le paradis. Je ne devais pas rester ici, je me perdais dans mes pensées. La nuit je faisais des rêves, étrange car ils étaient si réels. Michael était vivant dans chacun d’eux, il me disait que tout allait bien, qu’il était partit et qu’on allait se retrouver après. A chaque fois c’était toujours pareil. Il prenait mon visage entre ces mains et dans un murmure me demandait de me réveiller. Et chaque fois je pleurais en me levant, car rien n’était vrai. Michael était … N’était plus, et cela je devais l’accepter.

        Je fermais le robinet et sortit de ma baignoire, mouillant à chaque pas le sol de mes pieds. Devant le miroir je regardais mon visage usé à mon tour. Il n’était pas abimé par la chirurgie, mais par le temps et la mélancolie. Mes cheveux, tombaient raides, sur mes épaules. J’avais un drôle de sentiment en regrettant soudainement mes mèches bouclées. Mais je n’arrivais jamais à les refriser, ca tenait quelques heures tout au plus puis revenaient à leur état d’origine.

« Tu en avais marre qu’ils soient frisés… Et ben voilà t’es servis. Murmurais-je

_ Tu es toute aussi jolie comme ça Sharon »

        Je posais mes mains sur les rebords du lavabo et baissais les yeux. J’en avais marre. Plus ça allait, plus je devenais étrange. C’était mon imagination. Juste ça. La solitude me jouait des tours.

«  Tu devrais aller voir ce que te veux Shauna… Il me semble que c’est son petit ami qu’elle veut te présenter. »

        Je mis une serviette autour de ma poitrine, évitant de frissonner. Je devais absolument surmonter cela, ne peut pas me retourner. Alors que j’allais quitter la pièce, je ne pus éviter de jeter un regard derrière moi. La tentation était beaucoup trop forte.

Blanc Comme Neige ᴹᶤᶜʰᵃᵉˡ ᴶᵃᶜᵏˢᵒᶰOù les histoires vivent. Découvrez maintenant