Chapitre 18

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Ma tête bascule en arrière. Un soupir de bien-être passe la barrière de mes lèvres lorsque mon crâne touche l'appui-tête. Mes paupières se sont déjà fermées, croulant sous la fatigue de la nuit blanche que j'ai faite qui s'ajoute à celle des précédentes. Mais contrairement aux autres nuits passées à composer, cette fois-ci, j'ai juste fait une stupide insomnie. Je sens le sommeil commencer à m'envahir quand sa voix retentit, trop près de moi et trop aiguë :

— Hyung ?

Je baille bruyamment derrière mon masque pour simple réponse. J'espère ainsi lui faire comprendre que la dernière chose que je veux, c'est discuter, même avec lui.

— Hyung ? répète-t-il.

— Quoi ? grogné-je.

Je n'aime pas parler à Dong-Bok comme ça mais là, mon cerveau va exploser. Conséquence de mon manque de sommeil, une migraine carabinée a élu domicile dans mon crâne. Les cachets que j'ai pris ne semblent pas la faire disparaître.

— Qu'est-ce qui t'arrive ?

Derrière mes paupières, mes yeux se lèvent à l'écoute de cette question. La voiture s'ébranle, prenant la direction de l'aéroport. Mon estomac se tord, je suis anxieux. Beaucoup trop et c'est pour ça que je n'ai pas pu dormir la nuit dernière. Pourtant, ce n'est rien. Juste un voyage entre amis. Mais mon cerveau a décidé que c'était trop pour lui.

Lorsque je me suis couché hier soir, mon esprit a alors réalisé que j'allais passer trois jours entiers avec les gars. Trois journées avec Ha-Joon... C'est trop ! Passer des heures entières dans le studio avec lui à composer et écrire, ça ne me pose plus de problème. C'est comme si nous étions dans une autre dimension mais là, ça sera la réalité. Et filmée par je ne sais combien de personnes.

Mais malheureusement, j'ai notre live qui se rejoue sans cesse dans mon cerveau. Des interrogations se bousculent. De la peur s'invite aussi. Si nos trois jours se passent comme ce live, je ne tiendrai pas. C'est trop de fanservice, trop de rapprochements, trop d'émotions pour moi. Je craquerai et quelque chose se cassera dans notre groupe, c'est sûr. Ca non plus, je ne le supporterai pas.

Mon cœur s'emballe à nouveau. Ma respiration aussi. Cela ressemble à des crises de panique. Cette nuit, je n'ai pas arrêté de faire ça. Je n'en peux plus. Je suis ridicule. Tout ça parce que je vais passer un peu de temps avec Joon. Ça n'a aucun sens. Pour tenter de me calmer, comme je l'ai fait cette nuit, je pose une main sur mon torse et dresse une petite liste...

Nous aurons chacun notre chambre.

Je serai seul les nuits.

S'il se passe quoi que ce soit, je pourrais m'y réfugier.

Il y aura les autres membres avec nous pendant les activités que l'agence a prévues.

Il y aura toute l'équipe de tournage.

Ce ne sont pas des vacances en tête-à-tête avec Joon.

Je prends une profonde inspiration et expire lentement. Mon coeur ralentit. Il faut que je pense à autre chose. A mes notes de musique, à mes idées de paroles, à des petits chats tout mignons...

— Ca va pas, hyung ? insiste Dong-Bok, me dérangeant dans ma séance de relaxation improvisée.

— Fatigue... Migraine...

J'utilise le moins de mots possible pour garder des forces. Parce qu'en plus de Ha-Joon, je vais devoir traverser un aéroport bondé dans une demi-heure. Depuis cinq ans que je fais ce travail, je me suis habitué à tout mais pas à ça. Je ne comprends pas l'intérêt que tous ces journalistes soient là avant notre départ. J'ai toujours cette impression qu'ils doivent absolument prendre une dernière photo de nous, dans le cas où notre avion s'écraserait... C'est d'un morbide !

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