Prologue

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Fanservice :
C'est une pratique qui consiste à alimenter la passion des fans et leurs fantasmes avec des contenus digressifs ou superflus qui leur sont spécialement destinées. En k-pop, cela peut concerner les « ship » que les fans s'imaginent entre deux chanteurs-euses, en demandant aux artistes d'accentuer certains regards, gestes, effleurements...

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Son doigt bouge frénétiquement sur la molette de la souris d'ordinateur. Les tweets défilent les uns après les autres, passant d'idées farfelues à de la méchanceté à l'état pur. Je suis étonné par les mots que je lis et pourtant, après cinq ans, je commence à avoir l'habitude de voir toutes les bêtises que les gens peuvent dire sur nous.

— Nous avons touché le fond, déclaré-je, sûr de moi.

Je suis le premier à m'exprimer sur ce que Ha-Joon nous montre. Les autres semblent avoir perdu l'usage de la parole. Ou carrément de leur cerveau. Je me fais alors un plaisir de dire ce que je pense, comme toujours :

— Elles deviennent de plus en plus stupides avec toutes leurs conneries ! Et moi qui pensais que les hystériques finiraient par se lasser...

Je m'éloigne de la table de la cuisine sur laquelle les gars ont installé l'ordinateur de Ha-Joon. J'ouvre le frigo et attrape une bouteille d'eau à laquelle je bois directement au goulot.

— Il n'y a pas que des conneries.

C'est la voix calme et posée de Ha-Joon qui me fait presque recracher ma gorgée. Un demi-tour sur moi-même et je lui fais face. Son éternel petit sourire en coin me met déjà un peu hors de moi.

— Ce tweet disant que tu es un caractériel sans cœur et...

Il jette un coup d'œil à l'écran par-dessus son épaule puis continue :

— Égoïste, me semble assez proche de la réalité.

— Ce tweet n'existe pas ! lui déclaré-je.

— Tu en es sûr ?

— Il est où ? Je l'ai pas vu, intervient innocemment Dong-Bok en se penchant par-dessus l'épaule de notre leader.

— Ne cherche pas, Ding-Dong, affirmé-je. C'est Ha-Joon qui vient de l'inventer !

— C'est vrai que j'aurais pu l'écrire moi-même, tellement il est empreint de vérité !

Je lève les yeux au ciel. Que les haters disent ce qu'elle veulent. Que Ha-Joon pense ce qu'il veut. Je n'ai rien à prouver et surtout pas à eux.

Cinq ans. Cinq longues années durant lesquelles j'ai vécu avec lui. Enfin, nous cohabitions difficilement. Et tout ça a commencé le jour de notre rencontre. Le P-DG de notre agence m'avait pourtant bien vendu le truc. Il m'avait présenté Ha-Joon comme un dieu vivant. Et je l'ai pensé aussi... Les dix premières minutes de notre longue histoire. Approximativement. Je n'ai pas chronométré !

Il était dans l'agence depuis trois ans. Il chantait, dansait mais surtout il rappait et composait. J'avais pu écouter une de ces chansons avant, c'était bon. Très bon. Encore aujourd'hui, je ne peux pas nier qu'il a un certain talent pour faire chanter les mots. Mais dès qu'il avait annoncé sa grande idée concernant le nom du groupe, j'avais cru m'étouffer avec ma salive.

Blooming Day. Blooming Day ! Je n'étais pas très doué en anglais mais j'avais compris. Malheureusement. Ce dieu vivant voulait que nous nous appelions « Jour de Floraison » ! Il a continué avec ses bêtises. Comme quoi nous étions cinq comme les pétales de fleurs de cerisier. Que nous allions faire nos débuts fin-mars de l'année suivante ce qui correspondait au début de la floraison des cerisiers au Japon. Et tout le monde est tombé dans le panneau.

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