Peur [Z.M]

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Écrit en écoutant 2002, Derrière le brouillard, je sais plus laquelle de Taylor swift, alive, bref beaucoup de choses x)

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Je cours à en perdre mon souffle. Je ne sens plus mes jambes, ni même les larmes qui coulent le long de mes joues. Parcourant à contre-vent la distance qui me sépare de la rivière, mes pieds nus claquant contre le bitume qui a accumulé la chaleur de la journée. J'ai peur du noir et je dépasse le seul lampadaire qui se trouve sur la route que je suis. Je ne m'arrête pas. Depuis que j'ai quitté la maison, sauté le portail sans chaussures, râpant mes pieds contre les graviers qui m'attendaient en bas du grillage, je ne me suis pas arrêté.

Cette soirée avait si bien commencé. Pourquoi a-t-il fallu qu'elle se poursuive ainsi ? J'ai explosé comme je ne le fais jamais. J'ai pour habitude de tout garder, de tout taire, mais ce soir, c'était la goutte de trop. Depuis que mes sœurs ne vivent plus à la maison, c'était calme. Il n'y avait plus les engueulades quotidiennes qui se terminaient en cris jusqu'à minuit ou une heure. Je pensais que je serais mieux, mais visiblement je me suis trompé. Quand ma mère a commencé à me faire des reproches à table devant tout le monde, au début j'ai gardé la face et j'ai serré les poings. Mais quand elle m'a dit que je devais me calmer et arrêter de mal parler alors que je n'avais pas changé de comportement et que je parlais normalement, j'en ai eu marre. Je suis fatigué de tout ça.

Je me suis levé de table, ai descendu les escaliers de la terrasse, pour parcourir le jardin et sauter le portail sous les exclamations de ma mère, choquée de mon comportement.

J'ai remonté le reste de la pente dans laquelle se trouve l'entrée de mon jardin, puis j'ai couru, pieds nus, en bermuda et tee-shirt dans tout le village, dévalé les nombreuses calades pour finir par m'essouffler sur la route menant au multi-sport – c'est surtout un complexe qui a été créé avec un terrain clôturé, mais dont les clôtures sont assez basses pour sauter au-dessus, avec des cages et des paniers de basket, je ne me souviens même plus pourquoi est-ce que j'ai commencé à appeler cela ainsi.

Je dépasse très vite l'installation et me retrouve à un croisement qui continu sur la route ou descends de quelques mètres pour longer la rivière ou y accéder. Je ralentis soudainement et descends pour aller m'asseoir sur le tronc penché sur le sol mais qui remonte pour s'allonger au-dessus de la rivière. Mon souffle est toujours saccadé lorsque je finis par m'allonger contre le bois. Je laisse mes mains se déposer sur mon ventre qui se soulève au rythme de ma respiration qui refuse de se calmer.

Je ne perçois pas grand chose entre les feuilles qui cachent le ciel et l'obscurité de la nuit.

Bien que nous soyons en été, les températures tombent vite en montagne et je ne pense que maintenant au fait que j'aurais dû prendre un pull avant de fuir comme je l'ai fait. Je ne sais pas combien de temps passé avant que je n'entende une voix crier mon nom.

Cette voix, je la reconnais très bien. C'est celle qui va jusqu'à hanter mes rêves, qui me poursuit toujours, de laquelle je ne peux me passer plus de vingt-quatre heures. Je ne fais pas le moindre geste. Pas même quand mes yeux sont attirés par la faible lueur de la lampe-torche de son téléphone.

J'entends clairement de la peur dans sa voix, mais je suis tellement épuisé et mes muscles me semblent tellement lourds que je ne veux pas bouger. Je pense qu'il a dépassé le croisement par lequel je suis descendu, mais visiblement je me suis trompé. Je l'entends parler à quelqu'un à qui il dit de poursuivre par la rue pendant qu'il longe la rivière. La personne que j'identifie comme l'un de mes cousins acquiesce et j'entends de nouveaux pas raisonner contre le bitume.

- Liam !

Je ne bouge pas plus que depuis que je me suis allongé.

- Li !

Je le vois du coin de l'œil mais ne reste immobile, les larmes me remontant aux yeux. Quand il s'approche finalement de moi, il se penche sur moi et m'enlace, me serrant fort contre lui. J'arrive à passer mes bras dans son dos, me remettant doucement à sangloter. Il m'aide à me redresser et s'assoit à cheval sur le tronc, m'attirant plus confortablement contre lui.

Je l'entends me murmurer des paroles dont je ne saisis pas le sens, mon esprit trop plein d'émotion. Quelques minutes plus tard, on entend mon cousin revenir.

- C'est bon, rentre, je suis avec lui. On vous rejoint après.
- T'es sûr ? Je peux...
- C'est bon, faut que quelqu'un prévienne qu'on l'a retrouvé et je reste avec lui.

En prononçant ces paroles, je sens la prise qu'il a dans mon dos se raffermir délicatement. Finalement, j'entends les pas s'éloigner et bientôt je ne suis plus qu'avec Zayn.

- Eh... Calme-toi... Je suis là, d'accord ?..

Je hoche la tête dans son cou, retrouvant peu à peu un rythme cardiaque plus normale.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi tu es parti comme ça ?.. J'ai pas vraiment compris je t'avoue, je suis revenu à table et j'ai vu que t'étais plus là. Luc était en train de se prendre la tête avec ta mère pour partir te chercher...
- Elle a fait une remarque que j'ai pas apprécié, c'est un trop plein de trop de choses. Tu sais, ça date de plus longtemps que ça, c'est vraiment depuis que ma mère s'est séparée de mon père.
- Tu m'en as parlé, oui...
- Je te raconterai tout à l'heure, je suis fatigué là...
- T'as pas froid comme ça par contre ?

Je n'ai pas le temps de comprendre qu'il a déjà retiré son pull et l'a passé autour de mon cou pour que je l'enfile.

Je me recolle contre lui après l'avoir mis et laisse mes yeux se fermer doucement. Je sens que je commence à m'endormir quand j'entends qu'il me dit trois mots que je désespérais d'entre un jour.

- Je t'aime.
- Je t'aime aussi...

Après avoir murmuré ces trois mots, je m'endors finalement dans ses bras.

Recueil d'OS [L.S/Z.M]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant