Je m'avance doucement vers l'entrée du bâtiment. Je passe devant ma mère sans même lui accorder un regard. Je n'entends pas la voiture de Garret s'éloigner, je me retourne, il est toujours là. Je lui adresse un sourire qui je suis sûre est triste et un petit signe de main. Il me montre son portable histoire de me faire comprendre que si j'ai besoin, je peux l'appeler et s'en va. Au moment où je veux passer la porte, ma mère qui est restée silencieuse jusque-là se décide à m'interpeller.Maman: Angelica...
Moi: Qu'est-ce que tu fous là, on n'a rien à se dire.
Je commence à rentrer, mais elle me retient par le bras.
Maman: Je suis désolée... attends s'il te plait.
Moi: Non!
Maman: Écoute moi, je t'en prie. Je me suis fait aider, je suis totalement clean et je suis sorti du centre où je me suis fait interner pour soigner ma dépression. Là-bas, j'ai compris beaucoup de choses... J'ai vraiment été en dessous de tout avec toi. Laisse-moi essayer de le faire pardonner. Si je suis venue aujourd'hui, c'est parce que je sais que cette date doit être dure pour toi et je veux être là pour toi Angelica.
Moi: Ce serait bien une grande première. Je n'ai jamais eu de mère. Tu n'as jamais été là pour moi, jamais! Que ce soit à la mort de papa ou après quand ton connard de nouveau mari me faisait vivre des horreurs. Alors en ce qui me concerne, tu n'existes pas, tu m'as peut-être donné la vie, mais c'est tout ce que tu es pour moi, ma génitrice. La seule chose que je t'ai jamais demandé, c'était d'être là pour moi et tu ne l'as jamais été. Maintenant, c'est trop tard. Alors oui, aujourd'hui est un jour très dur à vivre, mais je n'ai pas besoin, je n'ai plus besoin de toi et surtout, je ne veux pas de toi! Et au fait, je ne m'appelle plus Angelica mais Angie!
Maman: Comme ton père t'appelais...
Moi: Oui, maintenant casse-toi. Tu n'as pas ta place dans ma vie, ni devant mon chez-moi. Je ne veux plus jamais te voir. Va donc retrouver Eduardo...
Je retire mon bras de sa prise et rentre en lui claquant la porte de la résidence au nez. Arrive dans la chambre, je m'effondre contre la porte en pleurs. Je la haie !!! Après avoir pleuré un bon coup, je me redresse et file prendre une douche. Je suis tellement triste, en colère que j'ai envie de tout casser. J'attrape mon oreiller et lui fait traverser la pièce puis je lance et casse tout ce qui me passe sous la main. Je sais, c'est con, mais il y a comme cette bête en moi qui prend le dessus et... Après avoir ravagé la moitié de la pièce, je décide d'aller faire un tour. Je sais que ce n'est pas forcément super prudent pour une jeune femme seule de se balader la nuit, mais vu mon état, je déconseille à quiconque de venir me chercher des poux.
Par chance, ma mère, n'est plus en bas, elle a vite lâché l'affaire. Pour quelqu'un qui voulait réparer ses torts, elle n'est pas très persévérante. Je sais que je l'ai plus qu'en envoyé promener, mais si elle voulait vraiment refaire partie de ma vie, elle n'aurait pas baissé les bras aussi facilement. Ce constat me mine, car malgré tout ce que je lui ai dit tout à l'heure, elle sera toujours ma mère. Et j'aurais tellement aimé qu'une fois, rien qu'une fois, elle me prouve qu'elle pouvait agir en tant que telle... Je marche doucement, sans doute précis, quand je passe devant un bar, je me dis que plein de gens noient leurs soucis dans l'alcool, alors pourquoi pas moi. Par contre, me retrouver cerné de monde ne me tente pas, je passe au drugstore et m'achète une bouteille de Vodka. Ma bouteille en main, je reprends ma route et sans le vouloir, j'atterris dans le petit parc ou je suis tombé pendant mon footing tout à l'heure.
Je me laisse tomber sur l'herbe. L'air est frais, mais je m'en contrefous. Au pire, je serai malade demain. J'ouvre la bouteille de Vodka, je n'ai pas vraiment l'habitude de boire et quand je le fais, j'en reste à la bière d'habitude. Mais là, je veux anesthésier mes sombres pensées, mettre mon cerveau en veille, ne plus réfléchir et la bière n'aurait pas suffi. Je bois une énorme gorgée, l'alcool me brule ma gorge et me fait tousser. Je penche la tête en arrière et me plonge dans le ciel étoilé. Je bois une nouvelle gorgée.
À la lueur de ses constellations, je repense à mon père. Je revois le jour où il m'a offert mon télescope à 9 ans. On l'avait installé derrière la maison, dans le jardin. Très souvent le soir, on y allait et il me montrait les constellations et me donnait leur nom. Il me disait par que pour mes 21 ans, il m'achèterait une étoile et qu'il la baptiserait "Angie". Mon père ne m'a quasiment jamais appelé Angelica, sauf quand je faisais une bêtise. Il m'appelait soit mon ange, soit Angie. La tristesse et la peine me serrent tellement le cœur que j'ai l'impression qu'il cesse même de battre. Je bois une nouvelle gorgée. Je sèche les larmes qui perlent sur mes joues. Boit une nouvelle gorgée et m'allonge sur l'herbe.
Je fixe le ciel et récite les différentes étoiles. Je m'amuse à suivre la constellation de Cassiopée avec son trône à l'envers. Quand mon père me l'avait montré, il m'avait dit qu'elle avait fait tellement de bêtises qu'elle avait été condamnée à passer l'éternité la tête en bas, c'est pourquoi, je devais être sage. Je vois aussi la grande ours, l'étoile la plus brillante ou que l'on soit dans le monde. Et bien sûr la lune faite de fromage avec son visage rassurant. Je me redresse sur le coude et bois une nouvelle rasade de Vodka. Ça me réchauffe parce qu'il fait super froid en fait. Mais malgré les températures basses, je me sens bien ici. Je me dis que je reste encore une heure et que je rentre. Je ne sais d'ailleurs pas depuis combien de temps, je suis là. Je cherche mon portable dans mes poches, mais ne le trouve pas, j'ai dû l'oublier tant pis...
Bien que je commence à être bourrée, je bois à nouveau à même le goulot de ma bouteille de Vodka et laisse mon esprit vagabonder dans les souvenirs. Même si je sais très bien que ce n'est pas réel, j'imagine mon père assit à côté de moi. Parfois, j'ai peur de l'oublier, d'oublier son visage, sa voix, son odeur. Mais là, je me rends compte que non, tout restera à jamais gravé en moi. Je ferme les yeux et m'imprègne de mes souvenirs. Comme la fois où il m'avait emmené en forêt pour qu'on regarde une comète. On avait monté une tente et quand il avait ouvert le sac de toilette que j'avais préparé, il m'avait demandé pourquoi j'avais pris son parfum. Il m'avait qu'il ne comptait pas séduire les animaux de la foret, que juste son déodorant aurait suffi pour ne pas tous les faire fuir. Moi, je lui avais répondu que j'adorais son parfum et que cette odeur m'apaisait. Et rien que là de me rappeler ses notes boisées et épicées me fait sourire. Manque de bol pour moi, la boite qui fabriquait ce parfum n'en fait plus.
Soudain, je sursaute, une main se pose sur mon épaule. Je me tourne vivement. Garret... Mais qu'est-ce qu'il fout là?
Moi: Garret !!
Garret: Enfin, je te trouve Angie. Tu nous as fait flipper!
Moi: Quoi?
Garret: Viens je te ramène. Tu vas chopper froid. Je t'expliquerai au chaud.
Je me lève et suis Garret. Arrivé devant ma cité-u, je me bloque, elle est de nouveau là.
Moi: Garret, emmène-moi chez toi, s'il te plait.
Garret: Pourquoi?
Moi: Cette femme... Je ne veux pas la voir, j'en ai pas la force.
Garret: Ok.
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Destins croisés
RomansaAngelica Murphy, prend un nouveau départ en arrivant à la fac. Elle va découvrir ce qu'est l'amitié sincère mais aussi l'amour.