Chapitre 9

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PDV Katsuki

Je descends les marches quatre par quatre. Il faut que je me dépêche si je veux avoir le temps de faire tout ce dont j'ai besoin.

Dans la cuisinette, je prépare rapidement un repas pour la classe et après avoir avalé deux bols de riz, de légers accompagnements et un verre d'eau, je sort du dortoir. Il est encore tôt, donc le soleil ne s'est pas complètement levé, mais ce n'est pas grave. Le sentier est silencieux et je profite du calme pour prendre une grande respiration et me relâcher un peu.

Je retire le stylo vert de "Kocchan" de ma poche et le fixe quelques instants. Depuis tous ces évènements, je suis toujours tendu et irritable. Enfin, plus irritable que d'habitude. Je suis le genre de personne à mettre la barre haute, trop haute et qui ne prend une pause qu'après avoir sauté par-dessus. Alors, maintenant que j'ai enfin une piste, une lumière dans ce brouillard qu'est l'affaire sur laquelle je travaille avec Deku, un peu de poids sur mes épaules est tombé, me laissant marcher plus droit. Avec un sentiment de liberté.

Bien sûr, ce n'est pas la fin, mais c'est un départ. Je ralentis un peu en jouant avec le stylo dans ma main. L'allée où j'ai vu les deux filles hier mène à quatre dortoirs: celui des classes 1A, 2A, 3A et 1B. Honnêtement, je trouve que cette disposition des dortoirs ne fait aucun sens. Ils sont pour la plupart séparés en groupe de trois ou quatre bâtiments et il y la classe 3E qui est toute seule dans un coin avec le dortoir des professeurs.

Quand je dis "séparés", ça ne veut pas dire qu'il y a des grands murs entre les internats, mais juste quelques centaines de mètres d'arbres.

Arrivé au croisement, je m'arrête pour regarder les quatre chemins autour de moi. Cette fille n'est pas une terminale, sinon je l'aurais reconnu. Je ne connais pas tout le monde, mais de toute façon, le seul dortoir des troisièmes qu'il y a est ma classe, la 3A. Et je doute qu'elle soit dans la 2A, sinon son visage m'aurait dis quelque chose puisqu'il n'y a même pas deux semaines, on a dû faire un projet ensemble (les deux groupes).

Ce n'est qu'en échappant le stylo que je remarque quelque chose...

Je ne sais même pas ce que je cherche ici. En grognant, je me baisse pour rattraper le bic. Au final, ce n'est peut-être pas partie gagnée.

...

Pendant le cours héroïque, j'ai carrément échoué l'exercice. Après seulement une dizaine de pas, la grenade à mon bras gauche a touché un laser et j'ai été éliminé. On m'a souvent proposé de les enlever ou de les rapetisser le plus possible, mais je ne veux pas. Une grande partie de mon style de combat repose sur la puissance, alors éliminer ces deux pièces d'équipements m'affaiblirait beaucoup. C'est pour ça que juste après je me suis précipité sur le bord du terrain, dans un coin, pour ne pas que Deku ou All Might, ou en fait n'importe qui, ne vienne me parler car ça ne se terminerais pas bien, étant donné mon humeur.

Mais bon, ce n'était pas le moment le plus important du cours. En tout dernier, Double Face est passé. Il s'est bien débrouillé au début et je n'ai pu m'empêcher d'esquisser un petit sourire fier. Mais rapidement, il a faibli et ses gestes se sont fait moins précis et plus lents. Finalement, il a trébuché et est tombé lamentablement au sol.

Il n'a même pas essayé de se relever.

Il avait le regard vide.

Le cours devait continuer, donc All Might a envoyé l'Alien et le Taser humain, qui, eux, avaient réussi l'exercice, pour apporter Todoroki à l'infirmerie malgré mes protestations (je voulais que se soit moi qui l'amène).

...

Double n'est pas venu au reste des cours de la journée. 

En rentrant dans le dortoir, je devine qu'il est dans sa chambre puisqu'une foule se colle à sa porte. Je m'avance en serrant ma bouteille d'eau qui peine à ne pas exploser sous la pression et bouscule les gens dans mon passage pour me rendre en face de la porte de Todoroki. S'il croit qu'il peut faire sa drama queen et abandonner maintenant, je ne l'accepterais pas.

Je vois l'Invisible s'approcher pour protester sur mon comportement, mais Deku l'en empêche. Il m'envoie un regard qui semble dire «On le laisse entre tes mains» et je fronce les sourcils.

Fidèle à moi-même, je frappe la porte d'un coup de pied bien senti. À ma surprise et celle des autres, la porte s'ouvre brusquement et le temps de cligner des yeux, je me retrouve dans la chambre de Double Face. Et il me serre dans ses bras.

Mon premier réflexe est de le repousser en lui criant dessus, mais ce n'est pas le moment. Je ravale les insultes qui allaient sortir, ce qui me fait oublier de cacher le rougissement qui manque de faire exploser ma tête.

Il est plus grand que moi, donc sa tête se penche vers l'avant pour se nicher dans mon cou. Mal à l'aise, et surtout gêné, je regarde autour de moi, ne sachant pas quoi faire. Finalement, je guide doucement Double Face vers son lit et nous nous y asseyons. Nous somme côte à côte, tourner l'un vers l'autre avec son visage encore contre mon cou. Je sens son souffle sur ma peau et je retiens ma respiration.

Soudainement, un tremblement le prend et un sanglot brise le silence dans la pièce. C'est là que je remarque que Todoroki pleure. Et je panique.

Je ne sais pas quoi faire, moi, quand quelqu'un pleure! D'habitude, c'est moi qui fait pleurer les gens et je ne sens aucun besoin de les réconforter -de toute façon, il y a toujours Deku ou Tête d'orties avec moi pour reprendre la situation en main-, mais là c'est différent.

J'entends les autres s'éloigner en discutant de l'autre côté de la porte et c'est ainsi que je comprend que c'est moi que Double Face veut. C'est moi et moi seul qu'il a laissé entrer dans sa chambre, qu'il montre sa face vulnérable. Et pour être sincère, je ne suis pas sûr si je le mérite.

Mais je ne peux (et ne veux) pas l'abandonner. Ça ne ferait que l'enfoncer encore plus dans ses sables mouvants dans lesquelles Deku et moi l'avons envoyé en lui redonnant la vie. Alors, maladroitement, je pose une main dans ses cheveux, l'autre dans son dos et je le serre contre moi en attendant que ses pleurs cessent.

De toute façon, je n'ai jamais été bon avec les mots, et Todoroki non plus. Le silence nous convient bien mieux.

MISSION imPOSSIBLE || 𝑡𝑜𝑑𝑜𝑏𝑎𝑘𝑢 [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant