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Armel était fatigué et le mouvement régulier de la calèche n'aidait en rien à le garder éveiller.
Il avait prit un livre pour s'occuper pendant le voyage mais n'avait pas réussi à lire une seule page.

En face de lui, Isania lisait une missive avec les sourcils froncés et Kemil regardait par la fenêtre. Kemil ne faisait jamais rien pendant les voyages, il était d'une patience qu'Armel trouvait scandaleuse. Une patiente qui rendait Armel nerveux par manque d'habitude, bien que cela fasse désormais des mois qu'il vive auprès de l'homme.

"Armel, tu as déjà été à un bal ?"

Il ne pu s'empêcher de bailler et Isania lui fit les gros yeux. Il haussa les épaules, une main devant la bouche ; Il n'était aps responsable de sa fatigue, c'était elle qui avait décidé de les faire se lever aux aurores, pas lui.

"Jamais dans ce pays."

Elle haussa les sourcils puis ses yeux descendirent sur les bottes noires d'Armel sans qu'elle ne dise un mot. Chaque fois qu'Armel parlait de son pays, ou sous-entendait qu'il avait vécu ailleurs qu'ici, elle regardait ses bottes. Il ne comprenait pas pourquoi mais elles semblaient déranger Isania plus que de raison.

Elle finit par hausser les épaules pour elle-même Pui tourna son visage vers la petite fenêtre de la calèche.

"On ira ce soir. Toi et moi."

Armel fronça les sourcils et ne répondit rien. Il n'aimait pas aller au bal. Il détestait ça d'ailleurs et avait toujours trouvé moyen d'esquiver ceux-ci ou au moins de s'échapper pendant uen grande partie de la soirée quand il vivait près de l'ancien palais, dans l'autre pays.

"Tu devras bien te comporter. Et avant ça on ira te faire tatouer."

Il hocha la tête. Il avait déjà été tatoué, deux fois. La première fois pour faire la fine arabesque sur sa pommette, la seconde pour en créer une autre, plus grande, qui descendait jusqu'à la commissure de ses lèvres.
Il n'aimait pas se faire tatouer mais il aimait voir son visage dans le miroir.
Il trouvait les arabesque jolies ; Il se trouvait joli.

Kemil lui avait expliqué pourquoi il se faisait tatouer.
Les Natiano était l'un des clans les plus puissants de la ville et du pays. Ils possédaient d'immenses terres dans le sud-ouest, non loin de la frontière avec le pays d'Armel, et dominaient le commerce national et la majeure partie du commerce international. Isania n'était pas la plus connue de son clans ni la plus adulée mais elle faisait partie des membres qui ouvraient le plus pour celui-ci. D'où la grande quantité de tatouages qu'elle possédait sur le visage et la gorge.

Les tatouages étaient un moyen d'appartenir à un clan, de se prouver, de prouver son importance.
Armel n'avait d'ailleurs jamais compris pourquoi Kemil n'en portait pas d'autre que celui sur sa colonne vertébrale mais il n'avait jamais demandé non plus. Les tatouages étaient une science compliquée qu'il ne maîtrisait pas encore, île ne voulait pas froisser l'homme à la peau sombre de la même manière qu'il l'avait fait quand il avait parlé du bijoux.

L'emplacement du tatouage, sa forme et l'épaisseur de ses traits étaient chaque détail qui comptait et qui donnait une information sur la personne qui le portait.
Les deux tatouages d'Armel étaient simples et fins, deux arabesques à double boucle comme celles du clan Natiano sur son visage.
Il avait aussi apprit que l'homme qu'il avait vu il y a des mois dans la ville, celui qui portait une épaisse ligne horizontale sur la joue appartenait au clan Mazeo, une des familles fondatrices du Conseil. Comme le clan d'Isania et comme les trois autres clans qui se partagent la puissance du pays.

"Pourquoi je suis tatoué ?"

La question était sortie trop vite et Armel détourna le regard vers la vitre de la calèche. Il n'avait pas voulu la poser mais elle le tortura depuis de nombreuses semaines ; Depuis qu'Isania l'avait fait tatouer pour la première fois.

" Je te l'ai dit. C'est par ce que tu resembles à mon frère."

Encore cette histoire. Armel ne pu se retenir de secouer doucement la tête, tirant sur sa tresse coincée entre son dos et la banquette.
Il n' y croyais que très peu. Il n'avait jamais vu le frère d'Isania, n'en n'avait jamais entendu parler alors qu'il avait entendu parler de sa petite sœur.

La voix de la femme était douce quand elle reprit la parole dans le silence de la calèche. Basse aussi, suffisamment pour qu'Armel doive se concentrer pour l'entendre.

"J'aurais aimer que mon petit frère se fasse tatouer. Il a disparu trop vite."

Armel fronça les sourcils et ne résista pas à la tentation de fixer Isania. Il n'arrivait pas à savoir si elle disait la vérité ou si elle essayait de rendre son mensonge plus crédible.

"Le jeune maîtres Imak à été enlevé par des vampires. J'étais là."

Armel tourna cette fois son regard vers Kemil et ses yeux se fixèrent sur la cicatrice qui partait de sa joue et terminait, il le sait sans le voir, au creux de son épaule.
Kemil et Isania avaient à de nombreuses reprises exprimé leur antipathie à l'égard des vampires. Quand Isania avait déclaré vouloir tous les tués Kemil avait été plus diplomate et souhaité se garder et garder sa maîtresse du danger qu'ils représentaient.

Armel détourna les yeux sans un mot.
Il n'avait jamais vraiment eu peur des vampires. Encore moins depuis ce soir d'été.

Andreaz lui avait donné ce qu'il avait de plus cher pour protéger Armel contre sa propre faim dévorante et depuis, Armel n'attirait plus les vampires comme le faisaient les autres humains.

"C'en était un aussi, pas vrai ?"

Armel ferma les yeux.

Il avait vite comprit qu'Isania et Kemil chassaient les vampires. Il avait aussi comprit ce soir là qu'Isania avait été à la fenêtre de son bureau et avait assisté à toute la scène.
La question d'Isania était rhétorique mais elle avait besoin qu'Armel le confirme.

Elle ne chassait pas les personnes qu'elle suspectait être des vampires, elle ne voulait pas chasser d'innocents par erreur, Armel le savait.
Et Armel lui avait déjà donné un nom. Il ne voulait pas lui donner une raison de tuer.
Mais Armel détestait mentir et il s'était jurer d'arrêter de le faire quand il avait attrapé la main d'Andreaz dans cette rue il y a des années de cela.

Mais c'était il y a des années de cela, dans un autre pays, à une autre époque.
Il n'était désormais plus l'adolescent sale, effrayé par la vie et désespéré d'obtenir de l'aide qu'il avait alors été.

Alors il tourna sa tête et, sans cligner des yeux, fixa son regard à celui d'Isania, ses yeux bleus accrochant ceux, presque orange, de la jeune femme.

"Non. Ce n'est pas lui qui m'a mordu."

Armel & Andreaz : Le Nouveau MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant