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Armel avait décider de ne pas apprécier Aziraph.
Il avait aussi décidé de ne pas apprécier l'adolescent à la peau sombre, bien que la sensation de ses doigts fin sur sa langue le tourmente encore.

Isania, elle, avait l'air d'apprécier Aziraph.
Elle ne le montrait pas, elle ne le montrais jamais, mais Armel commençait à la connaître. Elle était détendue dans le canapé, l'un de ses bras reposant sur le dossier et ses jambes croisées délicatement. Et elle parlait. Beaucoup.

Isania était une femme qui utilisait les mots avec précision et prenait un soin particulier à le choisir, à choisir quand les prononcer. Elle parlait généralement lentement et artixulait avec calme. Son ton faisait peur, Armel avait l'habitude de sentir la stratégie dans chacune de ses paroles.
Sauf quand elle parlait à Kemil ou parfois Armel.

Là elle parlait plus vite, elle réfléchissait moins à chaque mot et répondait rapidement à chaque phrase d'Aziraph.
Isania était à l'aise avec cet homme.

Aziraph aussi semblait apprécier Isania, son sourire était presque franc, sa voix aussi était bien différente de quand il s'adressait à Armel.
L'adolescent à ses côtés ne disait rien.

Depuis qu'il avait retirés ses doigts de la bouche d'Armel et les avait remplacés par la coupe d'argent, il ne s'était plus fait remarquer.
Il restait sagement assis près d'Aziraph, les jambes croisées et le visage pensif tourné vers la cheminée.

Le garçon s'ennuyait et Armel avait l'impression de se voir lui, il y a plusieurs mois de cela, aux côté d'Andreaz.

Il secoua la tête pour lui-même et s'agira le regard du vampire dont la phrase mouru dans la gorge.
Armel sentait son regard sur la joue tatouée mais il fit comme s'il n'en savait rien. Il continua d'observer l'adolescent avec intérêt, comme s'il fixait une œuvre d'art, se fichant royalement du silence qu'il avait causé sans le vouloir.

Il le trouvait joli. Il ressemblait à Kemil en beaucoup plus jeune et ses cheveux étaient plus longs, tressés d'une manière qu'Armel ne connaissait pas. Il avait aussi de la poudre dorée sur les paupières et une ligne noire du clan Zaroa était soulignée d'or sur sa joue et son front.
Il était le seule dans la pièce à ne pas le regarder, lui aussi indifférent à la précédente conversation et au silence qui l'avait suivit.

"Sifaa."

Les yeux de l'adolescent quittèrent le feu de cheminée et se tournèrent vers Aziraph, attentif à l'ordre qui allait suivre.

"Regarde en face de toi."

Il s'exécuta et son regard noir tomba dans celui d'Armel. Il le soutient sans un mot, immobile et patient, comme s'il laissait Armel s'imprégner de sa beauté.
Sifaa était un joli prénom mais Armel avait décidé qu'il n'appreciait pas le garçon alors il fit la moue puis détourna le regard comme s'il ne lui plaisait pas.

"Maintenant que nous avons ton attention..."

Armel fixa Aziraph en silence. Il ne l'aimait pas non plus. Il n'aimait pas son sourire manipulateur et sa voix trop agréable tintée de la même intelligence qu'Isania.

"J'ai cru comprendre que tu cherchais mon frère."

Les sourcils d'Armel se froncèrent et il dû se faire violence pour ne pas donner l'impression d'être réellement intrigué.
Aziraph ne ressemblait pas à Andreaz.
Armel ne voulait pas croire qu'ils étaient frères.

"J'ai cru comprendre qu'il était présent ce soir."

La réponse d'Isania était claire, articulée avec calme. Armel se força à donner une image calme et confiante de lui-même.
Il avait depuis longtemps décroisé ses jambes et essuyé sa bouche pour se tenir proprement sur le canapé du grand salon.
Il était un Natiano désormais, il devait se comporter comme tel.

Aziraph sourit et fit un signe à l'adolescent qui se releva doucement. Sa tunique était vraiment courte et chaque fois qu'il bougeait, Armel retenait son souffle. Sa peau semblait lisse et le harnais marron qui couvrait ses cuisses par dessous le tissus beige donnait l'impression qu'elles étaient musclées.
Il le suivit du regard jusqu'à ce que l'un des gardes ferme la porte sur son dos.

Isania posa une main sur sa cuisse et la pressa. Fort.
Armel baissa les yeux fixa les doigts fins et blanchis. Il savait qu'il n'aurait pas dû regarder Sifaa comme ça mais il ne pouvait pas s'empêcher de le faire.
Sa beauté était si différente de ce qu'il avait toujours vu, hormis Kemil, qu'il était inévitablement attiré par celle-ci.

Isania ne disait jamais rien aux femme qui touchaient Armel et le regardaient avec des yeux remplis de luxure. Pourquoi lui n'avait-il pas le droit de simplement regarder un garçon quelques instant ?

Il n'aimait pas certaines des meurs de ce pays. Avant il pouvait regarder les hommes et personne ne lui disait jamais rien. Ici il devait toujours baisser les yeux et s'il trouvait quelqu'un de beau il n'avait pas le droit d'en profiter. Il n'aimait pas ça.

"Laisse donc."

La voix d'Aziraph était amusée mais quelque chose derrière semblait calculateur et Armel se trouva attentif à ses mots tout en fixant les doigts d'Isania. Il sentait un piège dans l'intonation de l'homme.

"Quel mal y a-t-il à se trouver ébahi devant la beauté d'un homme ?"

Armel releva la tête vers Isania. Elle souriait froidement.

"Les hommes de mon clan n'ont pas besoin de tels distractions. Armel n'avait simplement jamais vu d'autre personnes noir que Kemil, il est intrigué."

Aziraph se mit à rire à gorge déployée comme si la réponse d'Isania était quelque chose de véritablement hilarant. Isania, elle, avait un air sévère sur le visage.
Quand il se calma finalement, le vampire fit un clin d'œil à Armel et ne répondit pas rien Isania.

Armel baissa de nouveau les yeux, mal à l'aise.
Il n'aimait vraiment pas Aziraph.
Deux coups secs retentirent dans le salon, brisant le lourd silence qui y pesait désormais et Armel retint à peine un sourire de satisfaction.

Aziraph autorisa les visiteurs à entrer et l'un des gardes ouvrit la porte d'un geste ferme.
Sifaa avait un sourire mutin sur les lèvres et il maintenait à la base de son cou un tissu sombre.
Il entra d'un pas qui se voulait gracieux mais son corps semblait ralentis, fatigué.

Derrière lui se trouvait la silhouette d'un homme à la chemise bleue sombre recouvert d'un fin plastron décoratif noir.
Armel reconnu les bottes noires avant de reconnaître le pas ferme et avant de relever les yeux vers le visage pâle et dénué d'émotion de l'homme.

Il ferma les yeux, tous les muscles de son corps se tendant contre son gré, et la main d'Isania sur sa cuisse se fit plus ferme aussi.
Elle ne lui faisait pas mal, elle pressait juste le tissus de son pantalon et sa jambe à la manière de Kemil quand il voulait soutenir Armel sans donner l'impression de le faire.

"Bonsoir mon frère."

La voix d'Andreaz était neutre, vide de toute émotion et Armel frissonna.

"Bonsoir Maîtresse Natiano."

Le ton était le même, rien n'avait en apparence changé dans le comportement d'Andreaz.
Mais Armel entendit son hésitation dans le silence qui suivit.

Il ressentit dans chaque fibre de son corps la douceur qu'il cachait dans sa voix quand il le salua.

"Bonsoir jeune Maître."

Armel & Andreaz : Le Nouveau MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant