Chapitre 9

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                 Lana arriva quarante-cinq minutes plus tard et je n'avais toujours pas décidé si je devais lui parler de la lettre. Comment réagirait-elle ? Y verrait-elle les mêmes choses que moi ? Je n'eus pas le temps de me questionner plus longtemps. Ni même de choisir si je devais lui en parler ou pas. Elle entra sans prévenir dans la chambre et vit la lettre dans mes mains. Je n'avais pas vraiment d'explication. Plus de choix. Ma cousine parut ravie de voir mon courrier et montra son enthousiasme habituel.

« Oh !, s'exclama-t-elle. Tu as reçu du courrier ! Une réponse de ton père ! Alors quelque chose d'intéressant ?, rajouta-t-elle avec un air malicieux comme si elle allait pouvoir découvrir une nouvelle conspiration. De ce coté là, elle allait être servie.

- Lis-la, lui répondis-je simplement en lui tendant la lettre. Et dit moi si tu en penses là même chose que moi. »

Lana me prit la lettre des main et commença à lire. Je vis son visage se décomposer quelques minutes plus tard et je compris alors qu'elle avait comprit. Elle resta un long moment en silence comme si elle n'arrivait pas à formuler un mot. Elle lâcha finalement quelques secondes plus tard : « Tu penses que tu... tu... tu... tu es une Ombre ? ». Formulée à haute voix, cette idée prenait une forme tout à fait différente, effrayante même. Mais si j'étais une Ombre, ça veut dire que ma mère en était une. Je répondis à mon amie seulement par un regard lui montrant que j'avais compris la même chose qu'elle. Je lui tendis finalement le collier et lui expliquais rapidement le rapprochement que j'avais fait, même si elle était sûrement capable de la faire par elle même : l'or et le Soleil symbolisaient la Topaze et le noir des perles et du Soleil, la Tourmaline noire. Tout faisait sens. Après mon explication, Lana me regarda en souriant et dit :

« Attends ! Tu peux quand même tirer trois éléments super positifs de tout ça. De un, tu as un collier super classe que tu vas tout de suite te mettre autour du cou. De deux, tu viens de découvrir que ton prénom à une véritable signification mystérieuse qui peut révéler plein de choses sur tes origines et ton identité. Et de trois, tu as un double pouvoir, bon sang ! Quoi de plus stylé sans blague ! Tu vas pouvoir t'en vanter tout le temps ! Au fait, maintenant que j'y pense, ça pourrait même expliquer le fait que tu sois plus à l'aise que les autres avec la créations d'ombre de lumière comme tu l'as fait l'autre jour dans l'arène...

- Lana, tu réalises bien que je ne vais pas pouvoir sortir dans la rue comme ça et crier sous les toits que je suis une Ombre ! Je sors tout juste de prison parce qu'on pensais que j'étais une espionne alors une Ombre ! Tu n'imagines même pas !

- Bien évidemment mais au moins au près de nous je veux dire...

- De nous ?, demandais-je perdue

- Lucien, Mo, Maeldan et moi quoi.

- Non attends ! Tu es folle ! Jamais je vais aller dire un truc pareil à Maeldan ! Il commence tout juste à ne pas me haïr. Et par conséquent, je ne peux pas le dire à Moana non plus, elle ne pourra pas cacher ça à son frère.

- Bon alors j'ai une autre idée. On dit à mes parents qu'on sort dîner en ville avec Lucien, on lui explique tout et au passage il nous trouvera un endroit assez isolé pour qu'on puisse vérifier que tu aies bien le pouvoir. On pourrait tout aussi bien avoir mal interprété la lettre... Ta mère est peut-être une poète.

- Mouais... Mais bon, je suis OK pour le plan de ce soir. »

Après cette discussion, je fus incroyablement rassurée que ma cousine ait été aussi compréhensive dès le début. J'espérais que Lucien aurait la même réaction même si cette idée me paraissait totalement irréaliste : Lana était la seule personne sur Terre à être aussi compréhensible. C'était agréable et soulageant de savoir que l'on pouvait avoir du soutient dans n'importe quelle circonstance. Nous allâmes donc rapidement chez Lucien pour le prévenir que nous sortirions ce soir puis quand Fanilo et Hélène rentrèrent, Lana les prévint à leur tour. Je pris ensuite une douche rapide et m'habillais d'un jean confortable, histoire qu'il ne me dérange pas dans mon test de souplesse et d'habileté et d'un t-shirt gris, tout simple. Il était déjà dix-neuf heures. Je rejoignis donc Lana au rez-de-chaussée qui était déjà prête depuis une demie-heure, comme à son habitude. Nous dîmes rapidement au revoir à mon oncle et ma tante puis nous allâmes chercher Lucien. Il sortait apparemment de la douche car ses cheveux étaient encore trempés et commençaient tout juste à reboucler. Il avait opté pour un jean gris et un t-shirt noir qui dessinait parfaitement son torse musclé. Je ne pus m'empêcher d'y faire un peu plus attention que ce que je le voudrais. Cependant, je détournais vite le regard. Lucien nous salua rapidement et nous demanda en quel honneur nous sortions ce soir. Je lui promis de lui répondre plus tard. Je ne voulais pas prendre le risque d'être entendue. Lana nous emmena donc dans un petit restaurant asiatique très typique sur le port, pas trop éloigné du village. Nous dinâmes comme si de rien était en plaisantant en toute bonne humeur devant nos nems et nos nouilles. Personne n'aurait pu suspecter que nous cachions un aussi lourd secret. Même pas Lucien à mon avis. À la sortie du restaurant, je demandais à Lucien de nous trouver l'endroit le plus isolé possible où personne ne risquerait de passer.

L'île aux GemmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant