Épilogue

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             Une foule d'étudiants envahissait la place devant la COPPEAD, école de commerce reconnue de Rio de Janeiro. Vendredi, dix-huit heures, tout le monde était heureux d'enfin quitter la pression et le stress d'une semaine chargée en examens. Certains se dirigeaient déjà vers la plage, les bras chargés de bière et de vodka. D'autres discutaient encore devant l'université, assis dans l'herbe prenant le temps de se détendre un peu, faisant le bilan de la semaine entre amis. Le flux de personne paraissait infini. Les portes ne cessaient de s'ouvrir et de se refermer laissant s'échapper à chaque fois un petit groupe d'étudiants bruyants. Le visage de Clément finit par apparaître dans l'ouverture. Sa peau était bronzée et ses cheveux déjà clairs davantage blondis par le Soleil. Il portait un simple jean et un polo vert, son sac à dos reposait seulement sur son épaule gauche et il tenait entre ses mains un gros classeur désorganisé dont certaines feuilles s'échappaient. Mais il ne semblait pas s'en inquiéter. Il discutait nonchalamment avec une jeune fille, Clara. Typiquement brésilienne, on lui retrouvait cette peau chaude et colorée, des cheveux noirs et brillants coupés au carré venant relever son visage, mais surtout des yeux d'un vert étincellent. Les deux jeunes gens paraissaient heureux, rassurés et leurs grands sourires ne trompaient personne. Mais contrairement aux autres, ils ne se dirigèrent pas vers la plage. Ils s'éloignèrent dans la direction opposée, navigant entre les rues désertes du campus universitaire, puis dans les rues perdues de Rio. Il marchèrent jusqu'à arriver dans une minuscule petite ruelle au pied d'un escalier miteux couvert d'une fine mousse verte qui semblait plus long et interminable que ceux de la Tour Eiffel. C'était là qu'habitait Clara, tout en haut malheureusement.

« Je leur avais dit de ne pas monter, râla cette dernière. Bon, tu es prêt pour faire ton sport de la semaine ?

- J'espère que tes cousins en valent le coup, plaisanta Clément en commençant à escalader les marches. Je ne monte pas les escaliers de Satan pour n'importe qui !

- Oooh, je suis touchée que tu le fasses pour moi tous les vendredis soirs, le taquina-t-elle en retour. »

Les deux étudiants grimpèrent les marches en vitesse, le plus vite possible du moins, étant donné l'énergie qui leur restait. Clément fut le premier à arriver en haut. Une minuscule placette donnait sur la porte de chez Clara encadrée par deux jolies petites jardinières. Une fille probablement un peu plus âgée que lui attendait assise devant le palier. À coté, une fille et un garçon qui devaient avoir l'âge de sa soeur traficotaient des fleurs. La situation aurait pu paraître anodine et Clément n'aurait sûrement rien remarqué si ses yeux ne s'étaient pas posés sur les mains du garçon à cet instant là. En une seconde, il vit la fleur fraîchement cueillie faner jusqu'à en perdre ses pétales. Clément eu une exclamation de surprise mais lorsqu'il reposa les yeux sur la fleur, elle était de nouveau intact. Il aurait cru avoir rêvé. Mais ce n'était pas le cas, il en était certain. Entre temps, Clara était aussi arrivée en haut mais il n'aurait su dire si elle avait vu la scène.

« Qu'est-ce-qu'il y a ?, demanda finalement son amie ».

Clément hésita un instant de peur de s'être trompé et de passer pour un fou mais le regard affolé du garçon le convainquit que ce n'était pas le cas.

« Quel est ton nom de famille ?, demanda-t-il finalement à Clara.

- Comment ?

- Ton nom de famille, je l'ai oublié, répéta-t-il d'une voix un peu dure.

- Mélèze. Clara Mélèze, répondit-elle perdue.

- Mélèze, comme l'arbre. Et tu parles parfaitement italien alors que tu es brésilienne. Tu sais parfaitement qui je suis aussi, je me trompe ?

- Non, répondit Clara qui parut enfin comprendre. Clément Andromeda, fils de Fanilo, Raionelo des Topazes.

- C'est pas vrai ! Vous êtes en vie ! Ça fait cinq-cent ans que vous vous cachez ici ?

- À peu près oui. Un peu moins. S'il-te-plait ne m'en veux pas de ne pas t'en avoir parlé, je ne pouvais pas te dire ça comme ça. Et puis de toute façon, ce n'était pas à moi que revenait la décision.

- Pourquoi sympathiser avec moi alors ?

- Quand j'ai vu ton nom sur les listes, je t'avouerais, j'ai été intriguée. L'occasion de rencontrer un Topaze ne se présente pas tous les jours lorsqu'on vit reculé au fin fond de la forêt amazonienne. Alors c'était un peu comme un rêve qui se réalisait. Tu me pardonnes ?

- Ça va, je comprends, avoua finalement Clément, j'aurais probablement fait la même chose. On repart à zéro ? Clément Andromeda, Topaze, ajouta-t-il en tendant la main.

- Clara Mélèze, Émeraude, dit-elle en serrant la main de son ami. Et voici Pom, Hortense et Sylvain, Émeraudes aussi. »

Clément resta silencieux un long moment, réalisant peu à peu l'importance de cette information. Pendant presque cinq-cent ans, ils avaient cru les Émeraudes disparus, or s'ils étaient toujours là c'était probablement aussi le cas des Diamants et des Améthystes. Trois nouvelles tribus, trois nouveaux peuples qui allaient devoir prendre partie dans les tensions actuelles. Il restait à savoir quel camp ils choisiraient. Il espérait le leur...

L'île aux GemmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant