Chapitre 1

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     Rome. Ce voyage avait été le sujet de nombreuses discussions entre mon père et ma mère mais surtout de longues disputes. Des conflits nocturnes que je n'étais pas sensée entendre mais dont les cris traversaient les murs de ma chambre pour atteindre mes oreilles. J'avais donc pu comprendre que mon père souhaitait que je reste à la maison car il jugeait la capitale italienne trop dangereuse pour moi ce que je trouvais légèrement exagéré et même un peu vexant. J'avais bientôt dix-sept ans et je me pensais à même de survivre dans une ville telle que Rome, même sans adultes. Ma mère au contraire pensait qu'il était important que je découvre ma ville d'origine. Mais leurs discussions étaient étranges. Elles semblaient parfois être dépourvues de tout sens. La première dispute que j'avais entendue donnait à peu près :

« Mélanie ! Tu ne peux pas l'envoyer là bas ! C'est beaucoup trop dangereux pour elle ! Imagine s'ils le découvrent !

- Et ne crois-tu pas qu'il serait temps de dévoiler la vérité ? Certaines Ombres sont prêtent à nous rejoindre, j'en suis sûre !

- Mais Luna est encore trop jeune ! Imagine le choc qu'elle va avoir quand elle va découvrir tout ça ! Et s'ils découvrent qui elle est vraiment, ce sera encore pire. Elle se retrouvera coincée, abandonnée.

- Arrête de dire n'importe quoi ! Tu sais très bien que ça va bien se passer ! Ton frère est adorable. Il va l'accueillir et il la garderas au près de lui même quand il apprendra ! »

Mon père avait donc un frère ? Dont je n'avais jamais entendu parler, évidemment. Et ce n'est pas le détail le plus choquant de cette conversation : un secret ? Des Ombres ? Ces différents éléments faisaient que j'étais un peu anxieuse à l'idée de ce voyage. Mais à ce moment là, mes parents ne m'en avaient pas encore parlé. Ce n'est que le mois suivant qu'ils me firent la proposition et sous les regards supérieurs de ma mère, j'acceptais. Ils me dévoilèrent enfin l'existence de de cet oncle nommé Fanilo ce qui me parut être un prénom plutôt étrange. Je devais passer deux semaine en sa compagnie et découvrir la ville. J'étais de plus en plus préoccupée par ces vacances : j'allais chez un membre de ma famille que je ne connaissais pas et dont mon père ne m'avais jamais parlé. C'était très étrange. Je ne savais pas quoi imaginer. Mais je n'aurais sûrement pas imaginé la réalité.

Un mois plus tard, j'arrivais à Rome. Toujours inquiète. Plus stressée que jamais. Je faisais rouler ma petite valise jaune mimosa derrière moi, les jambes tremblantes et les mains moites. J'essayais de me raisonner : « tout va bien se passer, Luna. Tu vas juste rencontrer ton oncle et il sera sûrement très gentil. Et s'il ne l'est pas, tu ne reste de toutes façons que pour deux semaines. La ville de Rome est magnifique, tu vas découvrir pleins de nouvelles choses, le Colisée, les thermes, une nouvelle culture... N'aie pas peur. »

Fanilo était sensé m'attendre à la sortie de l'aéroport, devant le P7. Je suivais donc la direction de la sortie jusqu'à arriver à la grande porte coulissante en verre. Elle s'ouvrit lorsque je m'en approchais et un courant d'air frais de fin de soirée m'arriva en pleine figure. Je zigzagais entre les voitures en regardant le ciel noir parsemé d'étoiles. Je m'amusais alors à reconnaitre différentes constellations : la Grande Ourse, la petite Ourse, Cassiopée, le Grand Chien et enfin, ma favorite, celle d'où vient mon propre nom : Andromède. J'étais si passionnée par ce ciel si clair que j'oubliais mon point de rendez-vous et me dirigeais à l'opposé du P7. Quelques minutes plus tard, je m'en rendis compte et fis demi-tour. Mais je n'eu pas le temps de repartir sur mon chemin. Un homme apparu devant moi. Enfin, je crois qu'il s'agissait d'un homme mais je ne pouvais pas le certifier car il disparut une seconde plus tard. Pourtant, je sentais encore sa présence : il était là. Et il n'était pas seul. Quelqu'un m'attrapa par derrière. J'essayais de crier mais aucun son ne sortit de ma bouche. Une autre personne (une femme ?) me lia les mains entres elles. Je tentais de me débattre mais ils étaient pratiquement invincibles. On ne les discernaient presque pas dans le noir. Leurs corps étaient invisibles à mes yeux. Ils étaient aussi extrêmement agiles. Enfin, je supposais qu'ils l'étaient car je ne voyais rien. Je voyais que des ombres bouger, m'enlacer, m'emprisonner. Des ombres. Ombres. Ombres. Serait-ce les mêmes ombres dont parlait ma mère ?

L'île aux GemmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant