Chapitre 10

4 0 0
                                    

           « Hey ! Surprise !, cria Lana en entrant dans ma chambre le dimanche matin. Today, journée Rome entre filles ! Maman a accepté de nous y emmener ! Enfin ! J'attends ça depuis le début des vacances. Et en plus, l'anniversaire de Shirley est la semaine prochaine : c'est la parfaite occasion pour faire quelques achats ! Ça va être génial. »

Quand Lana était excitée comme ça, cela ne servait à rien d'essayer de la couper dans son élan. En moins d'une demi-heure, nous fûmes déjà arrivées au port où Moana nous attendait, ses cheveux roux coiffés en une jolie demi-queue. Nous embarquâmes dans un bateau-navette, débordant de monde. C'était la première fois que je sortais de l'île depuis mon arrivée. Cela faisait un effet étrange de partir, même si ce n'était que pour une journée. Je reconnus pas mal de monde à bord, des élèves de ma classe ainsi que plusieurs membres des Invisibles. Je remarquais notamment les deux frères Brann, Aidan et Inaki et en profitais pour lui chuchoter de bien penser à acheter deux combinaisons de natation supplémentaire pour notre petite escapade de mercredi. Lucien et Maeldan nous avaient en effet fait cette requête et même si nous ne comprenions absolument pas leur plan, nous nous contentions d'acheter ce dont ils avaient besoin. Nous croisâmes aussi les deux Liwanag accompagnées de Shan et sa petite copine dont je ne retenais pas le nom ainsi que Shirley qui voulait finaliser ses achats pour sa fête. Le dimanche était le jour de sortie de tout les gemmois (c'était ainsi que j'avais renommé les habitants de l'île puisque Lana m'avait appris qu'il n'existait aucun nom pour les désigner et maintenant, tout le monde utilisait mon nouveau terme : une grande fierté !). Le voyage fut donc très animé. Mais, une fois arrivés au milieu de nulle part, une immense houle barra la mer, certaines vagues se fracassèrent sur des rochers et le ciel devînt subitement sombre et couvert. Cette situation était des plus étranges.

« On est arrivés à la Frontière, m'expliqua Moana. Certains Saphirs et Topazes s'occupent de l'entretenir tous les jours. C'est un métier extrêmement compliqué puisqu'il s'exerce à une très grande distance. Le but est que personne d'autre ne puisse entrer ou même soupçonner qu'il y ait une île dans ce périmètre. C'est grâce à cette Frontière que l'île n'a jamais été découverte. On ne prend le risque de la supprimer que lorsque nous devons passer. Tu vas voir : les quatre Saphirs sur le pont du bateau, il vont créer un passage dans 3, 2, 1... »

Ils se mirent en effet tous les quatre à se concentrer et les vagues s'apaisèrent peu à peu. Dix minutes plus tard, nous avions franchis cette montagne et la mer s'apaisa de nouveau laissant derrière nous des fracas effrayants. Pour une grande malade en mer comme moi, la traversée vers l'île au Gemmes n'était pas vraiment un voyage agréable, malgré le talent et le contrôle des Saphirs. Heureusement le reste du chemin fut calme et rapide. Nous arrivâmes bientôt au port de Fiumicino et débarquâmes pour prendre un car se rendant à Rome. La matinée passa extrêmement vite. Moana, Lana et Hélène me firent visiter le Colisée, le Forum, la fontaine de Trevi ainsi que la Piazza Navona en seulement trois heures trente. A la fin de ces visites, nous étions toutes exténuées. Nous nous posâmes donc dans un petite pizzeria perdue dans les petites rue de la capitale pour déjeuner. A la fin du repas, Hélène accepta de nous laisser seules pour l'après-midi et alla retrouver des amis. Elle nous défendit cependant de nous rendre à Furio Camillo que j'imaginais être un quartier mal fréquenté. Mes deux amies, ravies, me traînèrent donc dans toute la ville à la recherche de la tenue parfaite pour la soirée de la semaine prochaine mais malgré les centaines d'essayages dans toutes les boutiques de Rome, ma cousine n'était jamais satisfaite.

« Celle-ci n'a aucun style !, s'exclama-t-elle en enlevant une énième robe dans une cabine de chez Zara. La forme est mal définie et les finissions sont mal faites ! On ne va jamais trouver quelque chose de correct ici ! »

Je ne trouvais pourtant pas cette robe si horrible : elle était longue, noire, avec un dos dénudé bordé de dentelle. Je ne voyais pas en quoi elle pouvait lui déplaire. Je préférais cependant ne rien dire craignant sa rage si je la contredisais ».

L'île aux GemmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant