Chapitre 14

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            C'était la quatrième réunion des Invisibles en une semaine. J'avais l'impression de passer mes journées à m'entraîner. Et c'était le cas. Mais pour la première fois, il y allait avoir un peu de changement : aujourd'hui j'allais manier les armes. Les autres membres l'avaient déjà fait les fois précédentes mais les deux Liwanag avaient estimé qu'il était favorable que j'ai d'abord plus de compétences dans mon pouvoir. « L'arme, elle pourra toujours te lâcher, ton pouvoir, il t'appartient, on ne pourra jamais te l'arracher. » m'avait dit Sirius. C'est là que tu fais erreur..., avais-je envie de lui répondre maintenant que je connaissais les objectifs de la Raiona des Tourmalines. Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, je rejoignais le reste du groupe. Fini les entraînements individuels avec Estelle. Ici, chacun semblait avoir une arme de prédilection. Moana était de loin la meilleure au tir à l'arc, Aidan était un dieu des couteaux, qu'ils soient lancés ou au corps à corps et Mélodie maitrisait vraiment bien l'épée pour un poids si léger. Il y avait aussi pas mal de nouveaux, cinq au total. Le début de cette « guerre », comme l'avait dit mon père, avait dû mettre un beau coup de pression sur les trois Raions. Maeldan faisait malheureusement partie des cinq nouveaux, tout comme un jeune Topaze dont je n'arrivais pas à retenir le nom. Mon père s'était tout naturellement joint à l'équipe mais pour lui, on eut l'impression qu'il avait toujours fait partie de l'équipe. S'entraîner avec lui était assez gênant, je dois bien l'admettre mais il avait toutefois un véritable talent. Même Fanilo ne maîtrisait pas aussi bien les illusions. Il avait réussit à faire apparaître un tache de sang si réelle au sol qu'Estelle était allée chercher une trousse à pharmacie d'urgence. Il n'avait pas besoin d'arme de prédilection, son pouvoir l'était déjà. Moi en revanche, il allait vite falloir que j'en trouve une si je ne voulais pas terminer raide morte au bout de deux jours. Je passais donc de stand à stand et d'entraîneur à entraîneur en testant tour à tour arc, épée, lances, et des dizaines d'autres armes de différentes origines. Mais la salle d'entraînement se démarquait tout de même par son absence totale d'armes à feu. Rien. Nada. Même pas le moindre fusil de chasse. Un revolver ne serait-il pas beaucoup plus efficace qu'un couteau ? Ne serions nous pas en sérieux désavantage si nous n'utilisions que des armes traditionnelles ?

« Pourquoi nous ne nous entraînons pas avec des armes à feu ?, demandais-je à Moana tandis qu'elle bandait son arc.

- Il s'agit de l'une des plus anciennes lois de l'île, me répondit mon amie, nous n'avons pas le droit d'utiliser des armes à feu contre les gemmaux. Nous sommes trop peu nombreux pour nous permettre de nous entretuer aussi vite. Tu remarqueras d'ailleurs que même cette loi n'a pas suffie à sauver les Émeraudes, Améthystes et Diamants donc... Heureusement qu'elle est là.

- Mais crois-tu vraiment que Kémie en a quelque chose à faire ? Qu'elle va la respecter ?

- Oh ! Kémie ! Peut-être pas ! Mais si étonnant que ça puisse paraître, son peuple, lui, respecte toujours les traditions. En tout cas, la majorité d'entre eux. Les Tourmalines ont toujours été comme les Améthystes, ils attachent énormément d'importance aux traditions, aux croyances, à leur religion et tout ça. Alors, quoi que leur dise leur Raiona, et quelque soit le respect qu'ils ont pour elle, jamais tu ne les verras tirer une balle ».

J'espérais qu'elle avait raison parce que sinon, nous avions perdu d'avance. Je me concentrais sur ma cible. J'étais vraiment mauvaise au tir à l'arc. C'était tout juste si j'arrivais à atteindre une cible à vingt mètres. Je changeais de stand pour la cinquième fois. J'hésitais à me diriger vers le stand d'épée mais je n'avais aucune envie de me confronter à Maeldan. Ce dernier était d'ailleurs plutôt bon, même très bon. J'imaginais que les entraînements d'escrime tous les dimanches devaient payer... Je rejoignis finalement Shan, en essayant d'ignorer le fait qu'il soit mon suspect numéro 1, sur un petit stand ou luisaient une dizaine de dagues. En me voyant arriver il m'accueillit d'un immense sourire. J'imagine qu'un peu de compagnie ne lui ferais pas de mal : il était seul depuis bien une demie-heure sur ce stand.

L'île aux GemmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant