L'île aux Gemmes

Chapitre 13

              Son sourire s'élargit et je me jetais dans ses bras. Malgré la vitesse à laquelle le temps été passé, il m'avait manqué. Je le voyais à présent d'un oeil tout à fait différent. La dernière fois que je l'avais vu, je n'avais jamais entendu parlé de pouvoirs ou d'île mystérieuse. J'avais l'impression de retrouver une personne tout à fait étrangère. Des milliers des questions me traversaient l'esprit et mon père pourrait bien être la seule personne à en savoir les réponses, notamment au sujet de ma mère. Mais pour l'instant, je voulais seulement retrouver mon père. Lana sortit à ce moment là de la cuisine, une théière à la main. Elle avait apparemment déjà fait connaissance. Une conversation à trois débuta entraînant une atmosphère gênante. Personne ne savait vraiment quoi faire ni de quoi parler. Nous ne savions toujours pas pourquoi mon père était là mais je préférais lui poser la question lorsque nous serions seuls. Un lourd silence finit pas s'imposait. Mon père posait parfois quelques questions à sa nièce au sujet de sa vie mais le son le plus présent dans le salon était le sifflotement de nos lèvres dans notre thé à la vanille. Heureusement, Fanilo ne tarda pas à arriver, brisant enfin ce silence pesant. Dès qu'il entra dans la pièce, un immense sourire illumina le visage de mon père tout comme celui de son frère. Les deux jumeaux se serrèrent dans les bras. Je réalisais alors pour la première fois leur complicité. Une complicité si profonde qu'on la remarquait en un coup d'oeil. À coté d'eux Moana et Maeldan auraient paru comme indifférent de l'un vis-à-vis de l'autre. Pourtant, cela devait faire bien longtemps que les deux frères ne s'étaient pas vus. Dix-sept ans, sûrement pas. Ils avaient du trouver un moyen de ce revoir depuis que mon père avait quitté l'île. Mais sûrement plus d'un ans ou deux tout de même. Et pourtant, on aurait eu l'impression qu'ils ne s'étaient jamais quittés. Qu'ils avaient toujours été là, l'un comme l'autre, pour se soutenir durant toutes ces années malgré le fait qu'ils vivent à des centaines de kilomètres. Maintenant que je les voyais réunis, je ne voyais pas comment j'avais pu ignorer qu'il manquait à mon père son jumeau, sa moitié. Les deux frères relâchèrent leur étreinte et reprirent vite un air grave après ces retrouvailles. Mon père n'était pas là pour rien, évidemment. Il était lié, d'une façon ou d'une autre à cette histoire d'espion ou de STARTED et Fanilo devait apparement lui parler le plus impérativement possible. Ils montèrent donc à l'étage, dans le bureau de mon oncle et dès qu'elle entendit la porte claquer, ma cousine se tourna brusquement vers moi.

« Alors ça !, m'exclamais-je avant qu'elle n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit. Je ne m'y attendais pas ! Que vient faire mon père ici ?

- C'est impressionnant ! Comment deux personnes peuvent se ressembler autant ! Luna, j'ai peur de ne pas réussir à reconnaître mon propre père ! Tu pourras m'aider si jamais j'ai un doute ? J'aurais déjà foiré tout à l'heure si ton père ne s'était pas présenté avant que je ne l'appelle papa ! Non mais sérieusement ! J'avais souvenir qu'ils se ressemblaient mais pas autant ! »

Lana avait totalement ma question mais ce n'était pas le problème. Elle avait des souvenirs de mon père ? L'avait-elle déjà rencontré ? Pourquoi ne m'en avait-elle jamais parlé ? Je réalisais à cet instant que je ne lui avais jamais posé la question. En fait, je n'avais même pas réalisé qu'elle pouvait l'avoir rencontré si bien que je n'avais jamais évoqué le sujet.

« Tu as déjà vu mon père ?, lui demandais-je finalement.

- Oui, une fois, me répondit-elle. Mais je pensais t'en avoir parlé. C'était il y a très longtemps, je devais avoir cinq ou six ans. Mais je m'en souviens très bien. Cela devait être la première fois que ton père revenait depuis qu'il avait quitté l'île et la soirée avait mélangé larmes, colère, rires et joie. Ça avait faillit bien se finir mais ma mère s'est énervée contre ton père et il n'est plus jamais revenu. J'étais petite et je ne comprenais pas grand chose mais je crois que maman lui en voulait pour quelque chose... Enfin bref ! Je préfère ces retrouvailles là ! Elles sont bien plus joyeuses ! »