Chapitre 17 : Forever City Hunter

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10ème jour de vacances,

Plage privée de Mr Tendo,

Mardi 10 juillet, 13h11

La brise soufflait légèrement, apportant cette fraîcheur tant recherchée par les touristes malmenés par la chaleur des pays ensoleillés. Une douce mélodie, émanant d'un vieux poste planté avec habileté dans le sable blanc, s'harmonisait merveilleusement avec le bruit des vagues qui s'échouaient tendrement sur la plage. Le cadre était idyllique et le panorama enchanteur pour tout être humain à la recherche de tranquillité et de calme. Mais pour un homme comme Ryô Saeba, une plage sans paillote et sans Bunny Girl manquait cruellement d'intérêt. Alors assis sur cette serviette de plage à l'effigie de la plantureuse Betty Boop que Mick lui avait offert, l'étalon de Shinjuku scrutait intensément l'horizon, se demandant comment il pourrait égayer ce début d'après-midi un peu trop amollissant à son goût.

- Kaoriiii ... Je m'ennuiiiiiie!

La voix de l'homme, qui prit les intonations d'un petit garçon capricieux en manque de bêtises, s'éleva avec énergie dans les airs, bien décidée à réveiller cette nature que trop somnolente et sa douce Kaori qui se prélassait nonchalamment au soleil. Une grimace en guise de sourire, le japonais éprouva une soudaine envie de râler et de briser ce silence qui commençait bizarrement à l'oppresser.

- Kaoriiiii !... J'en ai marre de cette plage déserte !... Pense à toutes ces jeunes hawaïennes qui attendent l'Étalon de Shinjuku pour connaître enfin le grand amour et le pur plaisir physique !

Étendue sur sa serviette, Kaori n'émit pour toute réponse qu'un petit grognement rauque, trop habituée à ce genre de lamentations ryonesques. Mais le manque de répondant de la jeune femme intrigua sérieusement notre Ryô qui, la tête rentrée dans les épaules et les bras protégeant son visage, s'était préparé tout aussi psychologiquement que physiquement à faire corps avec une massue bien imposante. Mais rien. Pas même une ridicule mini massue. Kaori ne bronchait pas. Étonné par ce comportement, le plus bougon des nettoyeurs s'imagina innocemment que sa partenaire n'avait pas bien saisi le sens de sa phrase et décida donc de repasser à l'attaque.

- Haaaa et toutes ces belles naïades sortant de l'eau froide, le corps ruisselant et offert, ne quémandant que mes bras pour les réchauffer !

Ryô avait mis les formes cette fois-ci. Bave aux lèvres, sourire malsain et mains mimant la troublante chute de reins de ces nymphes des mers, il s'excitait tout seul sur sa serviette dans le seul but de faire sortir Kaori de sa léthargie chaleureuse. Mais toujours rien. Pas même un léger mouvement. Juste un infime soupir et un petit rire étouffé qui le vexa ouvertement. La moue dubitative, le beau téméraire s'installa à genoux près d'elle et croisa les bras sur sa poitrine, lui donnant mentalement quelques secondes pour réagir. Qui sait si le soleil écrasant d'Hawaï n'avait pas eu raison de ses réflexes légendaires ? Satisfait de sa propre réflexion, Ryô opina gaiement d'un geste de la tête, ne se lassant pas d'admirer une nouvelle fois les courbes de ce corps qu'il connaissait maintenant par cœur.

- tsss Ryô, je te signale que la température de lamer avoisine les 30 degrés ici alors, à moins que tu ne fasses importer un iceberg géant dans cet immense océan, je crois que ton plan de radiateur humain tombera irrémédiablement à l'eau !

Kaori avait répondu d'un timbre doux et régulier, sans même prendre la peine de le regarder. Elle avait juste relever la tête quelques secondes pour parler. Ryô fixa sa nuque, les yeux grands ouverts. Que se passait-il donc ? Pourquoi ne réagissait-elle pas comme d'habitude ? Est-ce que, du fait que leur relation soit maintenant véritablement définie, la jeune femme le laisserait dire autant de débilités qu'il voudrait et courir après les filles sans prendre la peine de le remettre à sa place ?... Non ! Impossible !Ryô ne pouvait pas envisager l'avenir sans les crises de jalousie et les coups de massue à tout va de sa partenaire. Il était assez déjà troublé par leur nouveau rapport sans avoir à gérer et à apprivoiser une Kaori calme et docile. Cette constatation, d'ailleurs, lui fit un peu peur.

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