Chapitre 14 : une équipée sauvage

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Entrepôt Kaidi, quartier des affaires,

Mardi 3juillet, 11h28,

Saeko leva les yeux au ciel lorsque la camionnette toute pourrie de Mick entra piteusement dans son champs de vision. La mine perplexe, elle se demanda comment cet énergumène avait réussi à arriver jusqu'ici avec un telle épave et, la main posée sur son front, pria silencieusement pour qu'il arrive à ramener Ryô et Kaori sans trop d'encombre.

Dans un toussotement poussif, le fourgon s'arrêta péniblement derrière le camion de livraison le plus proche de la porte en acier qui donnait sur l'aile Ouest de l'entrepôt. Toujours affublé de son uniforme, Mick sortit promptement du véhicule,ouvrit brutalement les portes arrières et récupéra un grand sac de sport avant de se rejoindre Saeko. L'inspectrice fit quelques remarques cinglantes sur son moyen de transport avant de lui indiquer où trouver ses acolytes. D'humeur malicieuse, l'Américain lui fit une dernière révérence et pénétra sans attendre dans le grande bâtisse en pierre.

- Inspecteur Saeko Nogami ?

Sur le point de se rendre dans l'aile Est pour rendre une petite visite à Kuto Kaidi et sa fille, Saeko s'arrêta net dans sa course et se retourna pour découvrir la personne qui l'interpellait. Méfiante, elle vit une jeune femme brune, habillée en tailleur, s'avancer vers elle, un sourire arrogant sur les lèvres.Une seule question traversa son esprit. Qui était donc cette femme ?

- Inspecteur Saeko Nogami ? - Saeko leva un sourcil perplexe - Je me présente. Akané Tendô de la chaîne nationale "Tokyo News". Pourriez-vous m'accorder un instant ? J'aurais quelques questions à vous poser sur l'affaire Kaidi.

Saeko grogna en silence, Cette jeune femme était journaliste. Il manquait plus que ça. Comme si les choses n'étaient pas assez compliquées comme ça pour qu'un reporter à la gomme lui tombe droit dans les pattes. Le visage contrarié, Saeko ne se gêna pas pour détailler avec dédain cette jeune femme qui symbolisait à elle-seule une profession qu'elle détestait par dessus tout. Deux adjectifs lui venaient automatiquement à l'esprit lorsqu'elle rencontrait des journalistes. Hypocrite et sournois. Rien de plus. Rien de moins. Saeko se sentit mal à l'aise. Elle n'aimait pas ce qu'elle ressentait. Mais bien qu'elle soit consciente que cette rancœur était surtout due à une mauvaise expérience de jeunesse et qu'elle était, dans ce cas, loin d'être légitime, elle n'arrivait plus à faire confiance à ces individus. C'était au-dessus de ses forces et de ses principes. D'ailleurs quelle personne digne de ce nom, redonnerait sa confiance à une profession qui n'a pas hésité à manipuler et à rouler dans la boue une jeune diplômée de l'École de Police pour obtenir des renseignements confidentiels sur un trafic de drogue ? Le visage d'un homme s'imposa brutalement à son esprit, lui arrachant un sourire plein de rancune. On l'avait eu une fois. Soit. Mais c'était fini maintenant. Saeko était une femme mûre et réfléchie, confiante et combative, et elle était bien décidée à ne pas se laisser avoir par ce reporter malvenu.

- Désolée, Miss Tendô. Je n'ai aucun commentaire à faire sur cette affaire. Alors si vous voulez-bien m'excuser, j'ai beaucoup de travail qui m'attend.

Le ton était ferme et n'admettait aucune réplique.Mais c'était sans compter sur l'impertinence de cette Akané Tendô. Loin de se laisser intimider, la journaliste sortit un magnétophone de la poche de sa veste et le mit en route sous le regard exaspéré de l'inspectrice. Sûre d'elle même, elle enchaîna :

- Inspecteur Nogami, il paraîtrait que Mademoiselle Kira soit personnellement impliquée dans la déchéance de son père. Confirmez-vous cette information ?

Les yeux plissés, Saeko serra les poings et inspira une grande bouffé d'oxygène pour ne pas laisser éclater se colère face à cette sans-gène. Le temps filait rapidement et si elle voulait converser avec Kaidi avant l'arrivée de son avocat, il fallait qu'elle se dépêche un peu et qu'elle se débarrasse de cette punaise.

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