Le dragon d'argent

XV: Ruissellement

( /!\ ce chapitre continent une description qui peut être éprouvante pour un publique non averti, veuillez le passer si vous ne vous sentez pas apte à le lire, les descriptions peuvent jouer sur la psychologie de celui qui lit, je mettrai des /!\ pour encadrer la scène)

En sortant du cours de Constellations, j'étais de bonne humeur, j'avais réussi à retenir les noms des étoiles et à les replacer correctement, une à deux exceptions près. Je me dirigeais d'un pas mal assuré vers le lac, mon maillot de bain une pièce collait à ma peau, la serviette dans mon sac de cours ne demandait qu'à m'enrouler. Mr Glacies nous montra les cabines qui se situaient à côté du lac sombre.

- Vous avez cinq minutes pour vous changez. nous dit-il

Mon maillot de bain étant enfilé, j'entrais dans la cabine et enlevais mes chaussures, mes chaussettes, le sol était froid sous mes pieds. Un bras puis l'autre sortis de ma veste, puis je déboutonnais ma chemise, l'enlever me donna encore plus froid. Après avoir retirée ma jupe, je rangeais tout dans mon sac de sport et en profitais pour sortir ma serviette de piscine décorée de poissons blancs à pois bleus azurs. Je sortis, la serviette sur les épaules, un vent vrai se leva. Je vis d'autres élèves en maillot eux aussi.

- Avant de commencer, à tous ceux qui sont sous forme humaine, veuillez l'enlever, cela est une perte de magie pour rien, personne ne doit avoir honte de ce qu'il est. fit le professeur tandis que tout le monde s'approchait du lac.

- Revelare. murmurais-je en passant ma main de mon visage à mes pieds, une douce lumière m'enveloppa et mes oreilles pointues furent à la vue de tous.

Autour de moi, il y avait autant de loup-garou que de gnomes, de fées, de nymphes, des elfes et je fus surpris de voir que les sirènes ne possédaient pas de nageoires à écailles comme nous le montraient les films mais deux jambes écailleuses avec des pieds palmés comme ceux des canards, ils avaient des branchies sur leurs cous et leurs mains étaient palmées aussi.

- Tous à l'eau. nous fit Mr Glacies en asseyant son postérieur de cheval devant le lac. Sa robe blanche avait l'air aussi glaciale que l'eau du lac.

Les sirènes se lancèrent dans l'eau les premiers, ils avaient l'air ravit dans leur élément. Un elfe aux longs cheveux bruns m'observait. Son regard passa de l'eau à moi, comme si il cherchait un soutien. Personne ne s'avança vraiment.

Tu peux le faire.

De longues inspirations, un pas après l'autre je me dirigeais vers le lac.

C'est glacé!

Mes orteils n'appréciaient pas la sensation d'eau gelée. J'avais envie de rebrousser chemin, mais le professeur m'observait, sans doute surpris. L'eau m'arrivait maintenant aux genoux, un pas après l'autre, mon bassin était à présent dans l'eau. Si maintenant j'avais l'impression d'entrer dans l'océan arctique je ne voulais même pas savoir ce que ça serait cet hiver.

Va.

Une grande inspiration me fit faire les derniers pas, l'eau m'arrivait maintenant aux épaules. Je touchais encore la vase sur la pointe des pieds. Le centaure m'observa avant de déclarer.

- Tous ceux qui ne sont pas dans l'eau dans deux minutes, ce n'est pas la peine de revenir à ce cour. déclara-t-il

Sur la berge, certains prirent leur courage à deux mains et avancèrent, d'autres essayèrent et abandonnèrent aux orteils.

- Tous ceux sur la berge, vous pouvez partir, je n'ai rien à enseigner à des pleutres. déclara Mr Glacies après quelques minutes.

Les élèves s'éloignèrent.

- Bien, commençons. Je veux que vous vous concentrez sur l'eau autour de vous. nous indiqua le professeur: Fermez les yeux et écoutez, ressentez, vibrez.

La première chose que je sentis lorsque mes yeux se sont fermés fut le froid. Comme si j'étais baignée dans de la glace. Un froid angoissant. Une glace liquide. Je sentais les mouvements des autres, certains étaient rapides comme paniqués, d'autres plus lents et habituels. J'entendais les murmures de certains, le malaise environnant pour ceux qui n'étaient pas habitués à être lâchés dans l'eau. L'angoisse qu'ils pouvaient ressentir. J'explorais avec curiosité l'environnement entourant mon corps. Mes orteils quittèrent le sol, je flottais légèrement, mes membres étaient froids et durs, je ne les contrôlais plus vraiment. Je me fondais dans l'eau. Je n'avais plus de corps à par entière mais un corps d'eau à la dérive.

- Maintenant mettez votre tête dans l'eau et écoutez ce qui se passe à l'intérieur de votre corps. nous dit le centaure sur la berge.

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Les yeux toujours fermés, j'engloutissais ma tête dans l'eau. L'air s'échappa à grande vitesse de mes poumons, la sensation de me noyer réveilla des réflexes dans mon corps, je voulais remonter.

-Restes. me dit une voix que je ne connaissais que trop bien, celle de mes rêves.

Prise par surprise, j'abandonnais l'idée de remonter pour l'écouter.

- Laisses toi couler, comme pierre, sois un roc et écoutes ce qui se passe dans ton corps. fit-elle

La voix me laissa dans un état amorphe, lentement mes muscles se contractèrent et me firent couler. Je vis les dernières bulles que je ne pouvais pas retenir s'échapper de ma bouche.

- C'est bien. m'encouragea la voix: Maintenant, que ce passe-t-il dans ton corps? Que ressens-tu?

Assise en tailleur au fond de l'eau, les yeux toujours fermées, je combattais mes pensées pour qu'elles restent concentrées sur mon corps et non sur l'oxygène qui commençait à manquer.

Je ressens du vide. Une partie manquait à mon corps.

Pourtant je n'étais pas vide, j'entendais mes os craquer à l'intérieur de ma carapace. Les flux du lac résonnaient dans mon corps. Des torrents s'écoulaient lentement, ils parcouraient de long chemin.

Pas des torrents, juste du sang.

Le sang qui coulait dans mon corps.

Comme il a coulé du corps de tes parents.

Mon corps se contracta à cette pensée, je sentais ma peau rentrer dans mes côtes.

- C'est bien pour aujourd'hui. me dit la voix

Mais je sentais que j'étais proche de quelque chose. J'expirais encore quelques bulles, mon corps s'alourdit un peu plus. L'eau ne rentrait pas encore dans mes poumons, mais c'était une émotion enivrante et effrayante.

L'avant noyade.

Je pouvais sentir chacun des flux qui m'entouraient.

- Remontes! m'ordonna la voix.

Des flux qui s'activaient dans tous les sens malgré le calme qui régnait.

- Remontes!

Un silence apaisant dans une noirceur sans fin.

- Remontes!

J'ouvris les yeux, dans cette eau trouble, je pouvais voir de fins filets de lumières éclairaient ces profondeurs. C'était un spectacle magique, j'aurai pu y rester encore des heures. La lumière dansait au gré des flux de l'eau. Elle dessinait des courbes sur la vase. C'était presque irréel.

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- Tu vas te noyer!

Cette phrase eut l'effet d'un coup de fouet sur mon corps. D'un coup, il devint plus tonique. Je m'accroupissais lentement sur la vase. Une impulsion plus tard, j'étais de retour à la surface.