III: La bête

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Elle était là, sur moi. Une bête de plusieurs centaines de kilos. Elle avait de longs poils gris, de grosses et puissantes pattes, je sentais ses griffes rentrer dans ma peau. De grandes oreilles pointues surmontaient son énorme tête, des yeux bleus électriques et de grands crocs blancs se distinguaient dans le noir . Son pelage était tacheté de couleur noire. Son haleine fétide contre ma peau, elle approcha son immense tête et encra un peu plus ses griffes dans mes épaules.

- Je t'ai trouvée. fit la bête d'une voix caverneuse et fière d'elle, comme si elle avait menée sa chasse depuis des années.

Dans un coin de la pièce, Lia était comme immobile, pétrifiée par la peur. Je voyais tout un tas d'émotions différentes passer sur son visage. La fenêtre était grande ouverte, dehors le tonnerre grondait, le vent soufflait violement et la pluie était battante. La créature me maintenait sur le lit, les pattes dans les épaules, je ne pouvais pas bouger.

- Que penses-tu de cette fin, jeune Argitalina ? Après avoir massacrée tout un château, je vais enfin pouvoir nous débarrasser de toi. gronda la bête

- Je... je ne sais...pas de ... quoi tu parles... dis-je en haletant, je sentais le sang commencer à couler le long de mon épaule droite.

- C'est ça et moi je suis le Père Noël! ricana la créature.

Elle riait si fort que les murs tremblaient.

- Et moi je suis la gardienne de cette maison! s'exclama ma mère en branquant une arbalète sur le cou de la bête.

Cette dernière enfonça encore plus profondément ses griffes en moi, je commençais à voir flou. Ma mère tira, dès que la flèche toucha la créature, elle s'évapora.

- Gwen! fit ma mère en se précipitant.

Puis plus rien, le noir complet. Allongée dans le vide, je ressentais tous les spasmes qui parcourraient mon corps, comme des petites décharges électriques. Les mots de la créature tournaient dans ma tête, en particulier un nom: Argitalina , je ne savais pas ce que ça signifier.

Si, tu sais.

Peut-être qu'il m'avait confondue?

Non, tu sais que ce n'est pas ça.

Et puis, qu'était ce...cette...

ce monstre?

Des picotements se firent ressentirent dans tout mon corps, les tissus de ma peau brulaient aux niveaux de mes épaules, au loin je pouvais entendre ma mère.

- Ça marche, ce n'est qu'une histoire d'heure avant qu'elle ne se réveille.

- Que va-t-il se passer après? demanda la voix de mon beau-père

- On lui expliquera, elle comprendra. répondit sagement ma mère

- Et après? continua Wendy

- Après ce sera son choix. fit-elle

- Et pour Olivia? s'inquiéta Wendy

- Elle saura garder le secret ou on lui effacera la mémoire. conclu ma mère

Puis plus rien. De retour dans le royaume du silence. Au milieu des ténèbres, je pouvais apercevoir, loin, très loin de moi, un faible rayon argenté. Un halo familier. Une voix que je reconnaissais sans savoir à qui elle appartenait.

- Ton réveil approche à grands pas, il est très prochain. Je le sens. Viens me retrouver.

- Mais qui êtes vous? demandais-je en articulant chacun de mes mots, j'avais du mal à les prononcer.

- Je suis ton passé, ton présent et ton avenir d'une certaine manière. Gwendolyn, nous possédons les mêmes souvenirs, les mêmes capacités, toi et moi sommes les deux faces d'une seule et même pièce. me répondit la voix caverneuse.

- Comment connaissez-vous mon nom? demandais-je en regardant la noirceur autour de ce faible rayon lumineux.

- Je sais un tas de chose sur toi, tu le découvriras très bien tôt, jeune Argitalina. fit la voix

- Mais qui est l'Argentaina à la fin? demandais-je énervée tandis que peu à peu la lumière s'estompait.

- Argitalina. me corrigea la voix : demande à savoir la vérité... fit la voix dans un simple murmure avant de disparaître.

Je me retrouvais face à une surface lumineuse et grise, je plissais les yeux avant de reconnaître le plafond de ma chambre. Les muscles endoloris, j'essayais de me relever. Ma tête tourna pendant une dizaine de minutes, le lit dans lequel j'étais me sembla glacé. Il n'y avait personne autour de moi. Animée par une force inconnue, je me levais de mon lit. Mes pas étaient lents et douloureux, mais j'avais besoin de réponses. Pourquoi cette bête m'avait attaquée? Qui était cette voix? Qu'étais-je? Quelle était cette vérité que je devais retrouver? Le couloir qui menait aux escaliers ne m'avait jamais paru aussi long. Appuyée contre le mur, je descendis marche par marche, pas après pas. Le souffle court, je continuai d'avancer.

- Gwendolyn! Que fais-tu en bas? me lança ma mère inquiète en me voyant

- Je...je...

Impossible de prononcer une phrase, les mots étaient coincés dans ma gorge, comme une pierre lourde qui bloquait le flux de mes mots . Ma mère me fixait, elle attendait que je trouve les bons mots. Plusieurs inspirations passèrent, je regardais autour de moi et détaillais la scène. Mon beau-père était assis autour au comptoir, face à lui se tenait Olivia, un vers de jus à la main. Ils me fixaient tous les deux. Pas de Mathilde ni de Matthew à l'horizon. Juste nous quatre.

- Je veux savoir. dis-je dans un souffle, un simple murmure qui ne passa pas inaperçu dans le silence qui nous entourait.

- Assis-toi. me dit ma mère en tendant un siège.

Le dragon d'argentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant