Le dragon d'argent

I: un simple rêve

Perdue dans cette sombre forêt noire, rien ne me paraissait anormal. Je courais sur le sentier boueux entre les hauts sapins. Mon chemin faiblement éclairé par quelques rayons de lune. Je ne savais pas où j'étais mais je savais où j'allais. Les membres endoloris par le voyage et le souffle court j'arrivais enfin devant l'entrée de la grotte. L'antre était faite de roches grises aux reflets blancs, sans doute du quartz dirait mon prof de sciences Mr Hillow. Je me laissais guider et descendis prudemment les marches creusées dans la pierre. Je savais qu'il était là, il était toujours là, d'aussi loin que je m'en souvenais. Il faisait de plus en plus sombre dans la galerie, cela faisait bien longtemps que je n'avais plus peur de m'y retrouver. Il était là, devant moi. Je ne savais pas vraiment ce que c'était. Il était plutôt volumineux comme une grosse pierre aux reflets argents sous la lune mais je ne le voyais pas bien. Plus j'essayais de me concentrer dessus pour distinguer ses traits et sa forme, plus la pièce devenait floue.

Des sueurs froides perlaient sur mon front comme à chacun de mes réveils après ce rêve. Impossible de me rendormir après celui-ci, après un rapide coup d'œil sur mon téléphone, je décidais de me lever et d'aller faire un footing pour m'aérer l'esprit. Je sortis de ma chambre sur la pointe des pieds pour ne réveiller personne. Après avoir traversé le salon, je rejoignis la cuisine et écrit sur le tableau blanc au marqueur effaçable, accroché au frigo, que je sortais. Un sweet-shirt noir avec la petite sirène dessus enfilé, une paire de baskets noire et des écouteurs. Après un départ en petites foulées je suivais mon parcours habituel; le long de la rue puis le centre ville. jusqu'au parc où j'enchaînais les tours.

"J'te balance comme un boomerang

Mais quand vient le Big Bang

Ma vie est toute chamboulée

et tu reviens me consoler

J'ai beau remuer

le couteau dans la plaie

Tu viens me sortir

de tout cet empire

de noirceur

Et réparer mon cœur "

Le rythme de la musique entrainait chacun de mes pas et l'air emplissant mes poumons me donnait une sensation de liberté.

" Je veux renaître

de tout mon être"

Soudain, un murmure me fit tendre l'oreille, au début je décidais de l'ignorer.

C'est surement le fruit de mon imagination. me disais-je

"Changer de passer

Pouvoir tout recommencer

Appuyer sur le bouton Reset"

Le murmure se faisait de plus en plus fort, au bout d'un moment je décidais de m'arrêtais et de retirer un écouteur.

- Entends mon appelle.

Les yeux froncés, je regardais où je étais pour voir si ce n'était pas une mauvaise blague. Je m'étais enfoncée un peu plus loin que d'habitude dans la forêt du parc, une sorte de lisière entre la forêt et le lac de la ville. Intriguée, je m'approchais un peu de la direction de la voix.

- Entends mon appel, sors de ton sommeil, viens me retrouver, dans la terre caché, à la croisée des mondes, là où ricochent les ondes.

- Qui est là? demandais-je un peu inquiète

- Entends mon appel, sors de ton sommeil, viens me retrouver, dans la terre caché, à la croisée des mondes, là où ricochent les ondes.

- Est-ce que c'est une blague ?

Je détaillais la scène du regard, mais rien ne bougeait parmi les feuilles, pas une onde venait troubler l'eau paisible du lac. Rien, juste la voix et moi.

- Entends mon appel, sors de ton sommeil, viens me retrouver, dans la terre caché, à la croisée des mondes, là où ricochent les ondes.

- Je ne rigole pas, sortez de votre cachette, ce n'est plus drôle.

Au delà de la curiosité et de l'inquiétude, une certaine peur m'envahissait.

-Viens, je t'attends patiemment depuis longtemps. fit la voix avant que les branches ne bougent violement.

Prise de panique je partis sans me retourner. J'entendais derrière les bruits d'une bête, comme si j'étais traquée, était-ce mon imagination ou la réalité? Je courais comme si ma vie en dépendait, pas un regard en arrière, pas une once de doute ou de curiosité, sans doute l'instinct qui me disait de fuir, fuir aussi loin que je le pouvais. Perdue dans mes pensées, je ne vis pas la personne que je venais de percuter.

- Qu'est ce qui te fais courir comme ça Gwen? m'interpella la fille que je venais de renverser. Elle était brune, avait des yeux noisette et une peau bronzé, signe qu'elle venait de rentrer de ses vacances chez sa tante dans le sud du pays.

- J'ai... une... voix....arbre...bête... dis-je en regardant autour de moi, j'étais de retour dans le parc, au milieu des promeneurs matinaux et sous le soleil éclatant.

- Toi tu as trop couru et pas assez dormi. me fit mon amie en riant

Après avoir remis un peu d'ordre dans mon esprit, je lui formulais une réponse à peu près correcte ou en tout cas sensée.

- Sans doute, bref, et toi tu fais quoi ici Lia? lui demandais-je pour détourner la conversation.

- Je suis passée chez toi pour te retrouver et Wendy m'a informée que tu étais sortie courir, alors je suis là. fit-elle en montrant un sachet en papier et en souriant

- Beignets à la pomme et beignets au chocolat ? fut ma seule question tandis que mon ventre gargouilla.

Elle me tendit l'une des pâtisseries du sachet. Je croquais dans mon beignet tandis qu'elle me racontait ses vacances à Marseille. Apparemment, Lia avait rencontré un garçon gentil et attentionné et ils s'étaient beaucoup amusés ensembles.

-... tu aurais du le voir avec ses deux moustaches formées par son latte, il était à la fois mignon et super drôle. me raconta-t-elle

- Ah bon? Tu as des photos? demandais-je en reprenant un bout de beignet

- Non , mais c'est pas grave, au moins j'ai de beaux souvenirs. Et toi? Qu'as-tu fais pendant mon absence? me demanda-t-elle curieusement tandis que nous nous dirigions vers chez moi.

- Pas grand chose, j'ai fini d'envoyer mes candidatures dans les différentes universités et c'est tout. fis-je en terminant mon beignet

- Gwen, ne me dis pas que tu vas faire que ça de ton été, remplir des dossiers et attendre les réponses, on a dix-huit ans, il est temps de vivre et de profiter. fit-elle en m'entraînant dès que j'ouvris la porte de chez moi.