... et conviction

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En effet, la jeune femme ne détachait pas ses yeux de l'écran de son portable, rouge jusqu'à la racine des cheveux. La réponse de Naruto était claire et concise.

"Je n'aurais pas pu m'arrêter."

Elle n'avait pas mis le chauffage pourtant... En elle se confrontaient sagesse et excitation : la première lui recommandait fortement de ne pas répondre ou de dévier la conversation pour ne pas se jeter dans la gueule du loup. La seconde...

Il fallait qu'elle se reprenne et vite ! Son compagnon faisait des efforts énormes pour ne pas la mettre en difficulté, la moindre des choses était de respecter cela.

Sauf qu'une femme moins excitée qu'elle se serait probablement laissée aller. Cette journée avait été parfaite, ils en savaient plus l'un sur l'autre, avaient passé du temps ensemble... mais l'apothéose que la brune attendait n'était pas venue. La frustration augmentait.

Hinata secoua la tête et fit abstraction de cette dernière. Un bon bain lui ferait le plus grand bien pour se détendre. Elle prépara tout en mode automatique, l'esprit accaparé par Naruto tout entier. Une fois la baignoire remplie et pleine de mousse, elle alluma quelques bougies et mit de la musique douce sur fond de nature.

Elle se déshabilla et entra dans son bain avec un profond soupir de bien-être. Son téléphone à portée, la jeune femme s'en empara pour prendre le temps de répondre un simple mot.

"Dommage..."

Avec un petit rire malicieux, elle sentit son propre corps prendre vie sous ses fantasmes. Une réponse finit par la distraire.

"Ha oui ? Tu veux dire que tu ne m'aurais pas repoussé ?"

Un long frisson la parcourut. 

"Je n'aurais pas pu..."

La jeune femme lui envoya un smiley angélique. La chaleur de son visage s'était transmise à tout son corps maintenant. Son souffle accéléra de sa propre initiative.

"Donc, si je t'avais embrassée, tu aurais répondu à mon baiser... Ok. Mais aurais-tu accepté la caresse de mes mains sur ton corps sublime ?"

Tiens... Naruto semblait en proie à la même fièvre qui la secouait depuis un moment. Rien que l'idée de ses grandes mains sur elle, la brune en gémit de désir anticipé.

"Oui."

Simple et efficace. Vrai surtout. Hinata n'aurait jamais pu lui résister. Ils étaient sur la même longueur concernant bien des points. L'attirance physique impressionnante entre eux en faisait partie.

"Tu aurais accepté que je les pose sur tes fesses divines pour te soulever et te coller contre mon corps brûlant ?"

Oh bordel oui ! La vision de cette action embrasa son être tout entier. Elle ferma les yeux quelques secondes, comme pour bien se faire à cette image douloureuse tant elle la souhaitait réelle.

"J'aurais même été jusqu'à t'enfermer entre mes jambes..."

Quelques longues minutes s'écoulèrent, qui lui laissèrent le temps d'imaginer ce qui aurait pu se passer ensuite. Sa propre main se posa sur sa poitrine, comme pour absorber les battements anarchiques de son cœur.

"Que fais-tu tout de suite ?"

Hinata sourit un peu plus, prête à lui donner le coup de grâce.

"J'essaie de me détendre dans mon bain."

Encore quelques minutes de silence. La jeune femme n'en revenait pas de son audace. D'ordinaire, elle n'était pas vraiment intéressée par le sexe, déçue de ses relations précédentes où elle n'avait éprouvé aucun plaisir. Elle en avait conclu qu'elle n'était pas concernée, que les relations intimes n'étaient pas faites pour elle. Elle l'avait accepté et s'était contentée de vivre.

Jusqu'à l'arrivée fracassante d'un certain beau blond dans ses pensées...

La brune aurait pu en concevoir une frayeur légitime, car après tout, c'était bien la première fois qu'elle rêvait d'un homme, qu'il stimulait ses sens comme aucun autre avant lui. Au lieu de ça, quand lui la préservait de son désir envahissant, elle faisait en sorte de l'inciter à céder.

"Cela veut dire que tu es nue... Bien. Mais je veux une preuve."

La chaleur gagna en intensité. Hinata se mordit la lèvre inférieure... allait-elle oser ? Après tout, elle ne savait pas de quoi elle pouvait bien être capable, c'était peut-être le moment de tester ses propres limites...

Les bulles étaient encore bien présentes sur la surface de l'eau. Elles pouvaient aisément la couvrir comme des vêtements. Sans plus se poser de question de peur de changer d'avis, la belle se prit en selfie, les genoux remontés sur sa poitrine opulente dissimulée par la mousse, avec juste les épaules dénudées. Elle ne regarda pas l'appareil, se contenta du petit clic caractéristique de la prise du cliché.

En l'envoyant, la jeune femme s'aperçut que ses joues étaient vraiment écarlates. La gêne se mêlait à la satisfaction. Cette photo n'avait vraiment pas de quoi fouetter un chat, mais elle espérait vivement obtenir l'effet escompté.

La réponse fut encore plus longue à venir... En attendant, Hinata inspira vivement et essaya de se décontracter comme elle tentait de le faire depuis le début. La pression était un peu descendue et maintenant, elle ne se sentait plus aussi sûre d'elle.

Un appel se manifesta sur son portable. La vue du prénom de l'homme fit monter un petit stress, mais elle répondit, laissant la curiosité prendre le dessus.

- Bon sang... tu vas vraiment me tuer...

La voix de Naruto, basse et enrouée, fut comme un électrochoc. Hinata ferma les yeux, en proie à cette caresse virtuelle.

- Ce serait triste de mourir tout de suite, tu ne crois pas ?

Elle ne reconnut même pas son propre murmure. À l'autre bout de la ligne, un long soupir troublé accueillit ses paroles.

- Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi ?

La réponse franchit ses lèvres sans même réfléchir...

- J'ai quelques idées...

Il rit... mais pas d'un rire joyeux ou amusé. C'était un rire caverneux, profond et doux à la fois, le genre à faire naître le désir... enfin, quand il ne brûlait pas déjà tout sur son passage.

- Tu es une femme fascinante, ma belle. Je regrette d'être parti aussi vite.

Hinata sourit, prête à le faire tourner en bourrique. Au demeurant, le fait d'être "protégée" par la notion du virtuel lui donnait des ailes. Si Naruto avait été présent en chair et en os, nul doute que son propre comportement aurait été très différent.

- Est-ce que je peux te rappeler d'ici cinq minutes ? L'eau est froide ici.

La jeune femme se mordit la lèvre inférieure pour ne pas rire en l'entendant déglutir.

- Pas de problème.

- À tout à l'heure.

Puis elle raccrocha et sortit de la baignoire en vitesse. Elle éteignit les bougies et la musique, se sécha à la vitesse de la lumière pour enfiler une de ses nuisettes en coton. C'était la seule matière qu'elle pouvait porter pour être à l'aise.

Puis la jeune femme se rendit dans sa chambre avec son téléphone et s'installa dans son lit. Elle appuya sur le symbole "appeler" et laissa le hasard prendre les choses en main...

Le Jeu du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant