Mise au point

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Après sa semaine de mise à pied (ce n'était ni plus ni moins que ça, il s'en était rendu compte), Naruto faisait moins de vague.

Il offrait aux autres une attitude qu'ils attendaient tous, même si cela ne sonnait pas de la même façon que lorsqu'il était heureux. Il mettait moins de plaisir à faire son travail, se contentait de bosser en mode automatique.

Le processus de guérison prenait beaucoup plus de temps que prévu. Cela en disait long sur les espoirs qu'il avait nourri sur cette histoire avec cette traîtresse. Il n'avait plus entendu parler d'elle depuis l'intervention de Shikamaru, mais cela ne l'empêchait pas de se représenter ses traits, que le temps rendait de plus en plus flous. Seuls ses yeux couleur de lune le hantaient.

Ainsi que la douceur de sa peau sous ses doigts, sous ses lèvres... mouais. Il n'avait rien oublié quoi.

Alors il se noyait dans le boulot. Au bout de deux mois, le blond avait espéré aller mieux. Il en était pour ses frais, avec cette impression tenace de vide permanent en lui. La solitude n'avait jamais été aussi violente.

D'ailleurs, son mode automatique était activé le jour de la visite d'une blonde.

Les yeux rivés sur son écran, Naruto ne prit pas garde à une femme qui entra dans son bureau. Il se contenta de faire un bond sur sa chaise quand la porte claqua avec force.

- Non mais ça va pas !

Temari le fusillait du regard, indubitablement furieuse.

- Salut, Uzumaki. J'espère que tu as quelques minutes à me consacrer, et même sans ça, tu écouteras ce que j'ai à te dire.

- J'ai pas le temps. Envoie-moi un mail.

Il ne la vit pas s'approcher, se sentit saisi par le col de son t-shirt et poussé de sa chaise vers le sol. L'aura brûlante de colère de la blonde était impressionnante.

- Tu vas te tenir tranquille et écouter avec attention.

Le ton était sans appel. Pendant une seconde, Naruto eut pitié de son ami. Shikamaru s'était mis dans une drôle de situation en acceptant de sortir avec cette furie.

- Ok. J'écoute.

- Tu te doutes que je ne suis pas venue pour parler du temps qu'il fait, alors je vais être directe : tu vas t'excuser auprès d'Hinata.

- Je... quoi ?

Éberlué, le blond écarquilla les yeux. Mais elle avait fumé quoi cette bonne femme ?! Ce n'était pas lui le responsable de ce désastre ! Hinata avait choisi délibérément de lui mentir, et sa révélation était venue bien trop tard dans leur relation. C'était elle qui avait tout détruit, pas lui !

- Certainement pas !

- Tu crois vraiment qu'Hinata t'aurait caché volontairement une info aussi importante dans le but de te nuire ?

Au moment de répliquer, le jeune homme eut un bug.

La réponse à la question de Temari lui apparaissait aussi claire que de l'eau de roche : non. Hinata n'était pas le genre de femme à manipuler quelqu'un ainsi. Elle était douce, gentille, ne supportait pas les conflits, avait toujours fait son possible pour arranger tout le monde...

Mais le fait qu'elle ait menti sur une donnée aussi cruciale ne prouvait pas qu'elle cachait sa véritable personnalité ? Cette question était aussi dépourvue de sens que la précédente. Ses propres griefs lui sautèrent au visage.

Jamais sa belle brune n'avait émis un jugement de valeur négatif sur qui que ce soit. Elle avait toujours été belle parce que sa personnalité était rayonnante. Elle ne lui avait jamais paru mauvaise ou grinçante, elle était armée de son éternel sourire et de sa bienveillance...

Merde...

L'importance de son erreur explosa dans sa tête.

- Je vois que tu commences à comprendre.

La blonde le surplombait, les bras croisés, l'air moins sévère.

- Qu'est-ce que j'ai fait... ?

Il était choqué. Sa propre bêtise lui mangeait le cerveau, sa terreur de vivre une véritable histoire l'avait puni au-delà du supportable. Il s'était privé inconsciemment de la présence de cette femme lumineuse parce qu'il n'osait pas avouer qu'il était terrorisé. Et il avait eu le culot monstrueux de lui rejeter la faute ! Mais quel abruti !

- Maintenant, tu souffres autant qu'elle.

Temari continuait à l'observer, un sourire suffisant aux lèvres. Naruto sentait son coeur se tordre d'une douleur encore plus insupportable que pendant ces deux derniers mois. Savoir que son bel amour avait vécu un tel enfer pendant tout ce temps... Mais jamais plus il n'oserait croiser son regard ! Il lui avait dit un jour ne pas la mériter, rien n'était plus vrai maintenant.

Sa situation lui semblait inextricable.

- Je... Je ne peux plus la voir. Je ne pourrais plus jamais la regarder en face...

- Imbécile !

Naruto sursauta. Temari le regardait maintenant, son air revêche ayant laissé la place à une expression plus douce.

- Maintenant que tu as pigé ce que je voulais te faire comprendre, j'ai plus qu'à te donner ça.

Elle lui tendit un ticket. La curiosité prit le dessus chez le blond.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Ton invitation à la convention de Mégasoft. Pas besoin de costard, mais sois à l'heure.

Il prit le ticket, son nom imprimé dessus en gros caractère.

- Euh... Pourquoi ?

- Tu verras. Je compte sur toi.

Puis la blonde se détourna et sortit avec beaucoup plus de calme qu'elle était entrée. Naruto se sentait misérable à présent.

Comment avait-il pu se persuader d'une chose aussi insensée ? Hinata n'était pas le genre de personne à faire du mal sciemment à quelqu'un, au contraire ! Elle le fascinait justement parce qu'elle ne voyait que le positif dans la vie. Il lui avait dit plus d'une fois qu'elle était une incurable optimiste.

Sa propre réaction outrée lui faisait entrevoir les possibles dégâts qu'elle avait engendrée. Le fait de ne pas avoir pris le temps de l'écouter, il mesurait sa stupidité à l'échelle planétaire. Comment rattraper le coup maintenant ?

La convention avait lieu dans deux semaines. Il allait prendre ce temps pour réfléchir plus posément et prendre du recul. Et aussi pour trouver un moyen de la reconquérir dans les règles de l'art...

Rien qu'à l'idée, un soulagement sans nom le fit s'allonger au sol. Il allait la revoir, et si elle souhaitait bien lui pardonner sa débilité profonde, ils pourraient à nouveau être ensemble.

Et toutes ces longues journées à survivre lui firent réellement prendre conscience qu'il n'avait jamais cessé de l'aimer au final. Il avait été juste trop orgueilleux et trop stupide pour l'admettre...

Le Jeu du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant