Le sorcier avait sans-doute deviné à partir de ce moment-là, que tout comme lui, Reid n'était pas un humain ordinaire.
Reid se devait, au moins, d'essayer. Jusqu'à présent, ses pouvoirs s'étaient manifestés contre sa volonté. Il ne les contrôlait absolument pas. Toute sa vie, il avait fait parti de ces elysiens qui cachaient leurs dons, en faisant le nécessaire pour les contenir. Jusqu'au jour où ce semblant de contrôle s'était retourné contre lui, et avait failli le tuer.
Alors qu'il continuait, avec Kal, à chercher une faille dans les mouvements de leur adversaire, Reid libéra une vague d'énergie qu'il s'était toujours efforcé de garder enfermée en lui. Il lui suffisait de se laisser aller. Ce n'était pas aussi simple pour une personne qui passait sa vie à contrôler une partie de lui-même. Mais aujourd'hui, il n'avait pas vraiment le choix. Il para une attaque de Lirokin, avant de lui asséner un coup rapide. Puis recula de quelques pas. Kal devait maintenant se défendre seul face à leur redoutable ennemi. Reid rangea son épée dans le fourreau accroché dans son dos.
Campé sur ses deux pieds, il se concentra pour ne pas se laisser submerger par ce flot d'énergie. Elle était si intense qu'elle créa même un mouvement d'air tout autour de lui. Il ferma ses yeux pour pouvoir mieux centrer son attention sur cette énergie uniquement. Il devait trouver un moyen de l'utiliser pour créer une attaque contre Lirokin.
Kal, même en étant l'un des meilleurs combattants résistants, avait du mal à initier une attaque efficace vers le sorcier ; il était surtout sur la défensive. Lirokin était extrêmement rapide. Il n'utilisait peut-être plus ses pouvoirs, mais il gardait sa force et ses réflexes d'elysiens. Kal n'était qu'un homme ordinaire. Un guerrier bien entraîné, et un commandant, mais il n'était qu'humain, son endurance était peut-être celle d'un athlète, cependant elle n'égalait pas celle d'un elysiens qui s'était entraîné toute sa vie.
Lirokin pourrait encore se battre, sans relâche, durant plusieurs heures. Les forces de Kal, elles, diminuaient progressivement. Quoique Reid fasse, qu'il le fasse vite !
L'attaque que Kal para ensuite était si brutalement forte qu'il crut qu'elle détruirait son arme. Elle n'était que légèrement entaillée au final. Les armes des merildis étaient de meilleure facture, elles aussi. Les karianis, qui d'ordinaire, restaient pacifiques, ne se préoccupaient pas des outils de guerres. La majorité de leurs armes étaient importées, et souvent de qualité médiocre. Le coup suivant faillit le trancher en deux ; Kal recula à temps, mais il perdit l'équilibre, et se retrouva à terre.
Lirokin leva son épée pour porter le coup final. Il abattit son arme sur son ennemi. Mais la lame ne toucha jamais Kal. Une force arrêta le geste de Lirokin ; il fut comme paralysé durant quelques secondes, épée toujours levée au-dessus du jeune résistant à terre. L'arme s'échappa brusquement de la prise du sorcier ; celle-ci fut projetée quelques mètres plus loin.
Derrière les deux duellistes, se trouvait Reid, une main tendue en avant. C'était, en apparence, un simple effort, mais il lui coûtait énormément ; il avait le souffle court, sa respiration était rapide, ses habits étaient collés à sa peau par la sueur mélangée à de la terre et au sang de ses précédents adversaires. Quelques mèches de cheveux noirs étaient accrochées à son visage baigné de transpiration. Son autre bras pendait mollement le long de son corps ; il semblait à peine tenir debout. Il tremblait.
Pourtant, il était clair qu'il regorgeait encore de puissance. Un tourbillon d'air créé grâce à de l'énergie elysienne l'entourait, et agissait sûrement comme une sorte de bouclier.
Lirokin récupéra son arme par télékinésie ; il ne se préoccupait plus de l'énergie qu'il gaspillait. En voyant à quel point Reid avait du mal à manifester ses pouvoirs, il devait se dire qu'il ne lui en faudrait plus beaucoup avant d'en venir à bout. Seulement, alors qu'il essayait de s'attaquer à Reid, son arme fut momentanément emprisonnée dans le tourbillon, il dut la lâcher, au risque de se voir s'arracher une main. Quelques secondes plus tard, l'épée fut éjectée de la petite tornade, et atterrit beaucoup plus loin que la fois précédente.
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Elysians : L'Héritage des Étoiles
FantasiLes elysiens sont craints et rejetés. Leur différence pousse à la méfiance, voire à la haine. D'ailleurs, ne ressemblent-ils pas à ces envahisseurs venus d'autres mondes ? Reid, lui, est devenu ce qu'il redoutait par-dessus tout ; un guerrier, un as...