Chapitre 2 Partie 2

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Nelmas, An 2883. Six mois après le début de la guerre civile d'Obériande.


Il s'agissait d'un coup dur pour l'armée merildie. Et l'une des victoires les plus importantes pour la Résistance karianie. Ce soir là, on festoyait autour de gigantesques feux de bois. On buvait du vin volé lors de précédentes campagnes. De toute façon, ce vin provenait des vignes de Karianis ; ils ne faisaient que reprendre leur propre produit.

Reid s'était réveillé dans la cabane de Kal, légèrement désorienté ; cela lui prit un certain moment pour qu'il comprenne que la bataille était terminée, et qu'il était dans l'enceinte du village. En quelques mois, Nelmas s'était transformé en véritable fort. Au départ de simples palissades protégeaient les villageois, au fur et à mesure que le temps passait, on améliorait ces structures ; les rendant plus résistantes. C'était, au final, de véritables remparts qui délimitaient le périmètre de Nelmas. Il ne s'agissait principalement que d'une muraille en bois, mais elle était épaisse et assez haute. Cela rendait la défense du village beaucoup plus simple en cas d'attaques. Et si jamais un canon de type DPN était utilisé ; un générateur de bouclier avait été installé sur la place centrale pour être activé en cas d'urgence ; ce dernier était d'une portée suffisante pour assurer la protection d'une grande partie de la Résistance postée ici.

Les sons de la fête, lui parvenant, le jeune homme se redressa lentement. Il se rendit compte qu'il avait un léger vertige. Quelques secondes plus tard, un incommodant bourdonnement attaqua ses oreilles, et une migraine s'installa progressivement, tandis que son cœur se mit à tambouriner dans sa poitrine. Reid s'allongea à nouveau, et décida d'attendre que ces symptômes s'estompent. Il n'était pas étonné de se retrouver dans cet état. Son corps n'était pas habitué à libérer autant d'énergie elysienne en si peu de temps.

Quelques minutes plus tard, la porte d'entrée en bois grinça en s'ouvrant, puis en se refermant. Le jeune homme ouvrit les yeux, et reconnut au son, la démarche familière qui traversait la première pièce de l'abri ; la cuisine, avant de passer l'embrasure de la porte de la chambre. Celle-ci était plongée dans une faible pénombre ; la seule source de lumière provenait des feux que l'on pouvait distinguer à travers une petite fenêtre à carreaux. Reid était sur le point de se redresser, mais une main le retint en se posant sur sa poitrine.

-Reste couché, lui dit doucement Kal, tu n'es pas encore tout à fait remis.

-Qu'est ce que tu en sais ? Je suis plus résistant que ça.

Le commandant lui sourit, et s'assit à ses cotés au bord du lit. Reid, posa instinctivement une de ses mains sur celle qui se trouvait encore sur sa poitrine. Machinalement, il se mit à la caresser du bout de ses doigts et de son pouce.

-Tes yeux étaient devenus dorés, le prévint Kal.

Reid fronça ses sourcils.

-Sérieusement ?

Il soupira.

-En même temps, ça ne devrait pas me surprendre. Avec toute l'énergie que j'ai libéré, je suis étonné d'être en un seul morceau.

Les doigts de Kal se crispèrent légèrement sur la tunique de Reid.

-Fais attention à toi. S'il te plaît.

Les yeux plongés les uns dans les autres, ils se turent un instant.

Reid prit une inspiration avant de reprendre.

-Tu sais, j'ai été très inquiet pour toi, moi aussi. Je le suis à chaque fois, rajouta-t-il dans un murmure.

Kal posa la paume de son autre main contre la joue de Reid qu'il se mit à doucement caresser de son pouce. Ils restèrent ainsi un instant, avant que Kal ne s'allonge aux cotés de Reid.

-C'est elle qui t'a aidé, non ?

Reid détourna le regard en soupirant d'agacement. Fallait-il réellement qu'ils en parlent, maintenant ?

-Oui, finit-il par avouer. Je n'aurais jamais été capable de faire une chose pareille seul de toute manière.

-D'un coté, dit Kal, je suis un peu content qu'elle t'ait aidé.

-Ouais, fit Reid d'un ton maussade, mais maintenant, je m'inquiète de ce qu'elle voudra en échange. Sa présence n'est jamais un bon signe. Et elle ne l'aurait pas fait si elle n'avait rien à me demander.

Kal se tourna vers son jeune amant, et l'entoura de son bras.

-On s'en occupera plus tard. Pour le moment, je veux profiter du temps que l'on a tous les deux.

Du ''peu'' de temps, aurait-il pu dire. Nelmas n'était jamais au repos depuis le début de la guerre. D'ici quelques heures, il allait devoir contrôler l'état de la défense du village, de l'armement, ainsi que de la patrouille en ronde. Il prendra la relève. Il avait également envoyé quelques résistants surveiller les alentours du village. Ce dernier était plus un camp militaire qu'un véritable village à présent, et était équipé d'un radar pour détecter tout individu s'en approchant. Sauf que même la technologie pouvait leur faire défaut, et pour plus de sécurité, il préférait ajouter l'attention de sens humains.

Reid sentit Kal s'endormir contre lui. Sa respiration était plus lente et plus profonde. Il sentait son souffle chaud contre son cou. Ses courts cheveux châtains chatouillaient son front, et certaines mèches se mêlaient à la chevelure noire de Reid.

Le lit de Kal n'était pas fait pour deux personnes, encore moins pour deux hommes de leurs carrures. C'était un lit trop étroit, pas très confortable ; un simple matelas de mauvaise qualité posé à même le sol. Toutefois, Reid était heureux d'y être. Le lit de sa chambre, à la ferme, était beaucoup plus confortable et grand, mais il était loin du camp installé par la garde karianie. Et Kal ne pouvait pas se permettre le luxe de quitter le camp et ses subordonnés, alors Reid venait ici.

Cette nuit, c'est par l'esprit qu'elle lui apparut. Il se retrouvait à nouveau dans cette pièce, sans ouvertures, circulaire et entièrement blanche. Encore une fois, il portait d'étranges vêtements bleus-gris qui venaient d'un autre monde, ou d'un autre temps, il ne saurait dire. Il n'arrivait même pas à déterminer à partir de quelle matière ils étaient conçus. C'est le haut qui était le plus étrange, une sorte de barrette édentée en métal souple parcourait à la verticale l'habit de la base de son cou à sa taille ; il devait s'agir d'un système d'ouverture et de fermeture. Le pantalon était, celui-ci, fait de toile, il semblait solide et épais. L'elysienne, elle, était dans un accoutrement noir, comme à son habitude. Son médaillon aux entrelacs argentés pendait toujours au bout d'une chaîne qu'elle portait autour de son cou.

-Bien, dit-il en haussant les épaules. Ce sera quoi, cette fois ?


Elysians : L'Héritage des ÉtoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant