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"L'amitié est la plus belle des histoires que l'on peut avoir dans la vie."

-Jade Der-Bedrossian




-Fais attention où tu vas, le nouveau!

Je ramasse les choses qui sont tombées de mes mains en fonçant dans le garçon qui est devant moi. Je ne regarde pas la personne qui ne fait que rire de moi en me voyant à quatre pattes par terre. Au moment où je me relève, toujours en regardant le sol, je me sens poussé par terre et j'échappe tout à nouveau. Voilà ce qu'est mon quotidien depuis deux semaines. Ce n'est pas facile d'arriver dans une classe en plein milieu de l'année scolaire, parmi tous les groupes déjà formés, et ce depuis septembre et même avant. Personne n'accepte les retardataires dans les groupes d'amis, et encore moins un gars comme moi, timide et fils d'alcoolique. Mes parents ont décidé d'emménager à Los Angeles. Ma mère pensait que ça allait permettre à mon père de se remettre sur pied et de nous donner une seconde chance d'être une famille normale. Je ne me plains pas, je n'aimais pas le Canada.

Je laisse faire le garçon qui me pousse une seconde fois, autant le laisser faire que me battre et m'attirer des ennuis. Il rigole avec sa bande et continue son chemin. Je ramasse mes choses, une fois encore, je me remets sur pieds et me dirige vers la classe où je dois aller. La porte est encore fermée, donc je m'appuie contre le mur et je patiente. Je regrette de ne pas avoir pris mon walkman, j'entends un couple se rouler des pelles près de moi, c'est dégueulasse. Un homme d'une cinquantaine d'année arrive près de moi, avertit les adolescents en chaleur et ouvre la porte de la classe. Je rentre et je vais m'assoir à la place que le professeur m'a assignée la semaine d'avant, c'est à dire devant son bureau. Ça ne me dérange pas plus que ça. Je sors le devoir qu'on doit remettre en début de période et le donne au professeur. Il me sourit et survole la feuille.

-Jacob, tu te rends compte que tu n'as fait aucune erreur ? C'est bien rare, c'était le premier cours de cette matière et mon enseignant me félicite.

Je hausse les épaules en guise de réponse. Ce n'est pas si compliqué les mathématiques. La cloche résonne et plusieurs élèves entrent dans la classe. Le professeur, dont je n'arrive pas à me rappeler le nom de famille, accueille les élèves avec un sourire au visage. Je ne comprends pas sa joie de vive. C'est ennuyant l'école et lui, il a décidé de passer sa vie dans ce genre de bâtiment. Il commence son cours après la deuxième cloche et moi je commence à gribouiller des mots dans mon cahier d'exercices. Sans m'en rendre compte, j'ai écrit un paragraphe avec des rimes et des vers. Un poème ? Je hausse les épaules discrètement et je continue à écrire.

La cloche annonçant la fin du cours résonne, ce qui me fait sursauter et, sans le vouloir, je lâche un petit cri. Les élèves près de moi se mettent à rire et le brouhaha des chaises et des voix me font oublier ce moment désagréable. Je ramasse mes choses et j'observe mon cahier. C'est une chanson que j'ai écrite en fait, pas un poème. Je souris et je quitte la classe. Je me dirige vers le deuxième cours de la journée, soit la géographie. Je croise le groupe d'élèves qui m'ont fait tomber un peu plus tôt et je fais attention pour les éviter.

La porte est ouverte, donc je rentre et je m'assois devant le professeur, là où est aussi ma place dans cette classe-ci. L'enseignante ne prend même pas la peine de relever la tête de sa revue de mannequins. Aussi, j'ouvre mon cahier, prêt à écouter, mais sans avoir l'intention d'écouter réellement. La cloche sonne et les élèves entrent. L'enseignante délaisse sa revue et salue tout le monde avant de fermer la porte. Elle commence son cours ennuyant.

-Jacob!

Je secoue la tête et regarde l'enseignante.

-Ça fait trois fois que je mentionne ton prénom... dans le bureau du directeur.

Souvenirs retirés |TERMINÉ|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant