Le Dragon du Vivant

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{ FLASHBACK : BEFORE THIS HYSTORY : The Cynthia's Past }

- M'man ! P'pa ! Je  suis de retour !

Je posais sur le sol délicatement mon vieux cartable au sol en bondissant un peu partout, puis poussais la porte d'entrée vivement. La première chose que je sentis fut la délicate odeur de curry qui m'attendait dans la cuisine familiale. Sans plus attendre, je me dirigeai vers celle-ci en trottinant sans plus de festivités, mon estomac appelait à être comblé après tout. Je m'installai sans aucune grâce sur ma chaise au dossier de bois, puis Maman apparut, sourire aux lèvres comme à son habitude.
Maman : Cynthia ! Quelle gloutonne, à peine arrivée, déjà à table ?
- Bien sûr, quelle question ! Ça sent tellement bon !
Maman : Merci.

Elle s'avança vers moi et me déposa un chaste baiser sur la joue. Elle repartit ensuite et s'installa. Tout ce que nous attendions pour nous jeter sur la nourriture n'était autre que mon père.
Père qui par ailleurs, avait un retard fou.
Inquiète, Maman commençait à se ronger les ondes et chantonnait, sûrement pour diminuer le stress intense qui la prenait à petit feu. Moi, insouciante, je grommelais à voix basse pour que seule moi puisse m'entendre.
Au bout de longues heures, un cri déchirant se fit entendre au-dehors. Je sursautai brusquement de ma chaise en reconnaissant la voix.
Que lui était-il arrivé ? Pourquoi ce cri ? Allait-il bien ? Et... quel était ce hurlement étrange ?
Pendant que mon estomac se retournait de peur et que ma mère tremblait de toute part, un hurlement similaire se fit de nouveau entendre. Un hurlement grave, comme celui d'une créature mythique en plein combat.
Maman : Cynthia... cache-toi !

Elle se leva presque en bondissant de sa chaise et sortit dehors. Mais à peine la porte franchie, que ses tremblements la prenaient de nouveau en dix fois plus puissants qu'avant.
Maman : Cynthia... ô, Cynthia... cours... fuis...

Elle était comme pétrifiée. Avide de comprendre, je m'avançais avec la lenteur du monde vers elle pour lui agripper sa robe de soie.
- Maman... qu'est-ce qu'il se passe...?

Des larmes commencèrent à se former au coin de nos yeux verts émeraudes. Ses cheveux roux se reflétaient d'une douce lumière au soleil, quand elle commença à chanter notre berceuse.
Maman : Cynthia... si un jour tu as peur, chante cette berceuse. Écris la suite quand tu auras un enfant. D'accord ma grande...? Je te protégerai, ne t'en fais pas. Tu vivras heureuse. Je t'aime, Cynthia.

Elle parvint enfin à bouger ses jambes, et s'avançait vers notre fléau. J'avançais à mon tour malgré les avertissements de ma mère, et mon monde s'écroulait à mes pieds. En ses mots, j'avais compris « je vais partir, loin. Toi, tu vas rester et vivre. ». Et j'avais peur de cela.
Face à nous, se trouvait un monstre. Un énorme dragon était là avec ses ailes entrouvertes aux écailles blanches et vertes, aux cornes enroulées sur elles mêmes. Ses yeux étaient tous comme les miens, d'un vert profond, mais on pouvait y déceler une haine immense. Sa queue pouvait être comparable à une gigantesque plante dont le bout, enroulé, ressemblait à une plante que j'avais vu dans les livres : une plante vampire.
Cette queue était profondément plantée dans quelque chose.
Et lorsque l'on s'approchait de plus près, on pouvait y voir un homme allongé au sol, raide mort. Ses cheveux bruns étaient éparpillés sur le sol ensanglanté, et la plante, profondément enfoncée en son cœur, avait éclot par le contact du sang.
Ma vision devint floue, mes jambes flanchèrent. Mon père était mort, tué par ce Dragon.
Et lorsque je tournais la tête pour y retrouver ma génitrice, je me rendis compte qu'elle avait disparue.
Dans les griffes fermes du monstre, elle se trouvait, hurlante. Son visage était livide, comme si elle s'était vidée de son sang. Elle ne respirait presque plus.
Sans même que je ne m'en rende compte, mes jambes bougèrent, et je me mis à courir droit vers le monstre, qui lâcha la femme qu'il tenait fermement.
Elle tomba aussi vite que ses os furent brisés. Elle faisait même pas une hémorragie : son corps n'avait plus de sang.
Des larmes coulaient davantage sur mes joues rondes.
- Monstre ! Rends-moi mes parents ! Saleté ! Je vais t'achever ! Je...

Je savais pertinemment que quoi que je ferais, je ne les ramènerais pas. Je n'avais pas de magie. Pire, j'allais moi aussi mourir. J'allais les rejoindre.
Il pencha son énorme crâne vers moi.
? : Cynthia Hikawa... intéressant. Tes parents sont morts à présent et ceux par ma faute, et pourtant tu te lèves et me réponds malgré tes tremblements, humaine ? Ça me plaît !

Mon corps s'arrêta étrangement de trembler, et je trébuchais vers l'avant.
? : Ça tombe bien, il me fallait une monnaie d'échange. Il faut croire que je suis chanceux.
- Hein...?
? : Moi Eskisse, transmet ma magie à cette humaine. Que son sang change, que sa vie change. Que ton corps change. L'éternité est à toi. C'en est hilarant ! Quand je pense à ce qu'ils vont bien pouvoir te faire... AHAHA ! Toi, Cynthia Hikawa, va désormais vivre sous un nouveau joug...ahem, jour... Déesse du Vivant.

L'évanouissement me prit.
Mon corps faisait mal. Je ne sentais pas même mon cœur battre.
Pendant longtemps, j'avais cru être morte. Ça aurait mieux valu, d'ailleurs.

Lorsque je rouvris mes yeux, ce maudit dragon avait disparu. J'étais enchaînée dans un endroit sombre, et poignets et chevilles étaient attachés. Ainsi, à partir de ce jour, je n'avais pas été nourrie. Je souffrais incroyablement, et c'était à ma grande surprise que même sans eau je survivais. Tous les jours, on me demandait la même chose :
« Qui es-tu, monstre ? »
J'en avais déduis une chose : Le dénommé Eskisse m'avait offerte à mes semblables en échange de quelque chose, mais ils n'étaient pas de mon côté même si l'on était de la même espèce.
Au fur et à mesure des jours, mon corps changeait. Je ne maigrissais pas malgré la torture que l'on m'infligeait, et une puissance envahissait mon corps. Puissance qui ne se dégageait pas, sûrement à cause des menottes anti-magie. Une autre femme était apparue longtemps après dans le cachot juste en face. Peut-être un an, dix ans, cent ans après. Ma notion du temps s'était estompée.
C'était une femme magnifique aux cheveux d'un rouge éclatant. Elle était très amochée : son corps possédait ses écailles, elle pleurait. Mais ce rouge me rappelait autre chose. Du sang. Ce sang.
La femme en face de moi, elle, ne mourait pas non plus malgré le manque de nourriture, elle aussi. Mais personne ne la torturait, contrairement à moi.
Moi, chaque jour, j'étais tabassée à mort, et je m'étonnais vivre encore. Mes blessures guérissaient seules en un temps record pour certaines, mais n'empêchaient pas ma souffrance.
Un jour, durant une séance de torture pire que les précédentes, un homme était venu. Mais pas pour moi. Cet homme et la femme criaient, mais ma conscience, à moitié envolée, ne me laissait pas entendre ce qu'ils disaient.
Tout ce que je parvins à entendre étaient les questions du misérable qui me plantait encore un couteau près du rein et traçait une ligne droite en souriant.
Mais, un cri s'éleva plus fortement que les autres. Un cri de haine, puis un autre, celui de la femme, désespérée.
? : IL N'Y A PAS D'ENFANT ! MON ENFANT N'EXISTE PAS !
? : ARREEEEEEEEETE !!!

Une explosion retentit dans tout le cachot, puis un pas lourd, puis deux se fit entendre. Ce même homme poussa un dernier cri, puis plus rien, mis à part un hurlement que j'étais sûre d'avoir déjà entendu.
Un dragon...!
La haine qui avait pris place en mon cœur surgit d'un coup et je commençais à me débattre. L'homme chargé de me questionner partit, hurla, mourra. Ma cage se fit écraser, détachant ainsi mes menottes collées au mur. J'aurais dû mourir une seconde fois.
Mais mes yeux se rouvrirent. J'étais dehors, cette fois. J'avais été sauvée par cette femme aux cheveux rouges, dont j'entendais la voix triste murmurer à sa future naissance que son père était horrible, qu'elle la protégerait seule.
Ainsi, je vagabondais durant une durée que je ne me connaissais pas. Le phénomène de transformation d'un humain en un Dragon m'intéressait depuis ce jour là, car peut-être me laisserait-il une chance de tuer celui responsable de tous mes malheurs. Parmi eux, se trouvait celui qui avait arrêté la guerre : Acnologia.
Depuis ce jour, j'errais. Ma magie avait augmenté, et je tuais tous ceux qui me tenaient tête dans des accidents. Leur respiration se coupait, leur sang se vidait parfois. Dorénavant, je savais ma magie nouvelle : Eskisse m'avait pris mon humanité. Je n'étais plus humaine. J'étais monstre, moi aussi. J'étais la Déesse du Vivant, et ceux, pour l'éternité. Personne n'allait aimer un monstre tel que moi.

Une centaine d'années ensuite, j'avais appris à maîtriser ma magie. Je cherchais l'antre d'Eskisse, pour le tuer et me suicider ensuite, une fois ma vengeance accomplie. J'étais entrée dans une guilde pour récolter des informations et de l'argent, créé de fausses amitiés pour m'en sortir. Cependant, ma malédiction était visible par tous. Tous les humains avaient peur de moi. Alors parfois, la berceuse sortait de mes lèvres, et mes pensées se tournaient vers un but, le seul que j'avais :
Je te tuerai, Eskisse. Je ne tuerai plus personne, sauf toi.

{ FIN CYNTHIA'S PAST }

Je te Vengerai, Acnologia { Acnologia x OC }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant