Le Grand Bain

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{ FLASHBACK }

Je tirais une fois de plus sur mes chaînes, alors que la sensation de brûlure partant de mes poignets s'estompait petit à petit. Peut-être m'y habituais-je, après tout. Cela faisait trois jours que j'étais dans cette grotte. Et depuis le repas, je n'avais plus vu Acnologia. Il m'avait bel et bien privé de repas, et pire encore d'eau. Il savait que la mort ne pouvait m'atteindre, et ne se gênait pas pour me pousser à bout physiquement et mentalement parlant.
Et pourtant, ce jour là, jour où ma « punition » était levée, je l'eus revu. Toujours dans la même tenue, toujours la même quantité de magie émanait de lui. Toujours avec ses yeux bleus et ses écailles. Ses cheveux étaient cependant mouillés.
Acnologia : Déesse.
- Dragon.

Ma voix était complètement enrouée par la fatigue, d'autant plus que cela faisait un moment que je n'avais pas parlé. Il me fixait avec ce même sourire mauvais qu'avant, avant de tourner le regard vers mes mains. Je restais silencieuse, dans l'attente que lui ne parle de la raison de sa venue dans ce qui semblait être mon futur tombeau. Ses yeux allaient et venaient entre mon visage et le métal qui ne cessait ses « clics clics » à chaque mouvement de mes jambes étalées au sol. Il se pencha vers elles, avant de les retirer lentement, comme pour ne pas me blesser davantage. Il avait pris ce même chiffon que j'avais utilisé pour lui et commençait à panser mes plaies.
Ses mais sont habiles malgré son apparence de dragon constante. Comme si c'était une vieille habitude.
Le temps passait bien plus rapidement que lorsque j'étais seule. Nous étions silencieux, certes. Mais la sensation des bandages qui couvraient mes poignets me faisaient un bien fou, et c'était en ce moment que je me rendais compte de l'ampleur des cicatrices.
Il ne me rattacha pas une fois son travail terminé, et pour la première fois, encore plus lentement, l'Apocalypse retira la dernière chaîne qui me liait au mur. Mon cou était dans un état pathétique.
Il remonta comme il en avait l'habitude de ses doigts fins mon menton, prenant garde à mes faits et gestes pour éviter certainement que je n'use de ma magie, et appliqua le tissu imbibé sur ma chair douloureuse. Il avait alors fini en un temps que je jugeais un peu trop court.
- Merci.
Acnologia : Tu pues, Déesse.
- La faute à qui, Dragon ? Tu m'as attachée là sans rien pour mon hygiène. Et c'est humide.

Il claqua sa langue contre son palet ( cela produisit un bruit impressionnant et jamais je n'en avais entendu un aussi bien réalisé ) avant de se baisser au niveau de mes jambes.
De ses bras forts, il les attrapa sans ménagement pour me placer sans aucun respect comme un sac à patates sur son épaule, exactement comme il aurait attrapé un Exeed en sous-poids.
- Dragon, pose-moi avant que je ne te tue !
Acnologia : Si tu le voulais, tu l'aurais déjà fait, Déesse.

La différence de taille entre nous deux me semblait dix fois plus apparente dorénavant : mes jambes au niveau de son torse n'atteignaient pas même son genou, et mon crâne était au niveau du haut de son dos. Il avançait dans les profondeurs de la grotte, peut-être en connaissait-il tous les chemins, avant de me poser cette fois plus délicatement sur le sol.
Par délicatement, j'entends « me jette littéralement sur le par-terre en prenant juste le soin de me soutenir le dos au cas où ».
J'étais dorénavant dans une partie de la grotte un peu plus éclairée par la lumière de la Lune, dans laquelle se trouvait énormément d'eau, qui devait être douce. Je regardais l'Apocalypse qui le faisait également en retour sans se gêner.
Il attendit que je ne me relève avant de soupirer.
Acnologia : Retire-ça. Et va te laver. C'est répugnant.
- Hein ?
Acnologia : Le lac. Se nettoyer rapidement. Repartir. Tes vêtements sont à changer, ils sont horribles.

C'était ma tenue préférée ! Il est gonflé !
- Et si je refuse, Dragon ?
Acnologia : Je te foutrais dans cette foutue étendue d'eau de force et te laverais moi-même, Déesse. Je refuse de vivre avec une odeur comme celle-ci, c'est à croire que ça fait une éternité que tu n'as pas pris de bain. Je te conseille de te taire et d'écouter, femme, avant que je ne perde patience.

Le Slayer fronçait les sourcils dans l'attente que je n'obéisse et osait même grogner d'impatience.
Mais c'est super gênant ! Je vais pas me laver comme ça devant lui ! Non mais j'y crois pas !
Il commençait à taper le pied de rage avant d'avancer un pas vers moi.
- Dragon, ne t'est-il jamais venu à l'esprit que tu pourrais te tourner au moins ?!

Il ne m'écouta pas, et se contenta de soupirer longuement d'agacement avant de me porter de nouveau et me jeter encore plus violemment dans le lac entouré de petites roches.
L'eau était fraiche. Trop fraiche.
Je remontais rapidement à la surface.
- Dragon !
Acnologia : Ne t'est-il jamais venu à l'esprit que tu pouvais retirer ces trucs dans le lac directement pour que l'on ne te voit pas ? Arrête de piailler. Qui plus est, il n'y a rien à voir.
- Sale...
Acnologia : Ne t'offre pas la liberté de m'insulter ou tu retrouveras ton cachot tout à l'heure. Tu as dix minutes. Au delà, je prendrai ça pour une évasion.

Ce serait une bonne idée de m'enfuir pendant qu'il part. J'aurais plus de chances de survie.
Acnologia : Fuis, Déesse, si tu en as le coeur. Mais je n'ai pas encore eu la totalité des informations que je désire. Je te retrouverai, et cette fois crois-moi que je ne te libérerai pas de tes entraves, blessée ou non.

Tout compte fait, je crois que je vais rester là...
Je décidais donc d'obéir comme d'habitude, et de me nettoyer alors qu'il tournait les talons.
Acnologia : Je reviens. Je vais te chercher quelque chose de convenable.

Il avait parlé d'une voix plus posée, plus calme que tout à l'heure. Celui-ci me lança un dernier regard avant de franchir l'endroit par lequel quelques instants auparavant nous étions entrés.
Je m'allongeais donc dans l'eau en attendant. L'eau apaisait d'autant plus mes souffrances morales et externes.
Qu'allais-je devenir ?
La réponse à cette question ne me venait pas à l'esprit. Acnologia ne comptait pas me relâcher. Peut-être me tuerait-il après avoir obtenu ce qu'il voulait ? Ou peut-être vivrai-je ? J'en doutais profondément.
Peut-être savait-il où était Eskisse ? Peut-être aurai-je l'occasion de le tuer et de rompre ma malédiction ?
Devenir une déesse n'avait jamais fait partie de mes plans. Je voulais fonder une famille autrefois, vieillir, puis mourir aux côtés de la personne qui était dans mon coeur, partir ensemble. Mais il m'avait retiré ce rêve futile en brisant de ses griffes le cycle de la vie, le cycle de ma vie.
Acnologia ressentait-il tout cela lui aussi avant de se transformer ? C'est vrai, peut-être n'avait-il jamais voulu que tout cela ne lui arrive.
Peut-être n'était-il pas complètement ou juste mauvais, mais tout simplement triste et avide de vengeance. D'autant plus que ces yeux, ces yeux bleus qui semblaient vouloir sonder mon âme dégageaient quelque chose. Quelque chose qui le mettait à nu, qui le trahissait.
Acnologia : À quoi penses-tu, Déesse ?

Je relevais la tête vers l'Apocalypse, qui était revenu et était un peu trop proche. Il tenait de ses bras fermes des vêtements qu'il laissa tomber sur le côté.
- Mince, ai-je dépassé mon temps ?
Acnologia : Pas encore. Mais exceptionnellement car tu es restée, je t'autorise un temps plus long, femme. Alors, réponds. Pourquoi ce visage perplexe ?

Étonnamment, il avait l'air de comprendre le ressenti d'une personne juste en la regardant contrairement à ce que l'on pouvait penser. Il semblait étonné que je sois capable de réfléchir.
Ces mêmes yeux sondaient les miens pour comprendre.
- Dis-moi, Dragon.

Il pencha légèrement sa tête sur le côté sans rien répondre, preuve qu'il m'écoutait.
- Pourquoi tes yeux dégagent autant de mal-être ? Pourquoi me maintiens-tu en vie ainsi ? Je ne te sers à rien.
Acnologia : ...

Il ne répondît toujours pas mais s'avançait dans ma direction, trempant ses pieds nus dans l'eau et s'installant près de moi. Il regarda la Lune qui semblait rire de lui, puis dans un souffle, un murmure, la réponse à ma question se fit entendre.
Acnologia : Parce que tu es comme moi, Cynthia.

{ FIN FLASHBACK }

Je te Vengerai, Acnologia { Acnologia x OC }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant