De la Première à la Dernière Fois

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L'orage commençait à gronder alors que l'obscurité prenait place en cette nuit gelée par le vent et humide par la pluie. Les gouttelettes d'eau glissaient sur nos visages et les oiseaux ne chantaient plus, sûrement emmitouflés chaudement dans leurs nids douillets. Mais seuls, sous cette pluie, Acnologia et moi tentions de nous battre contre le temps pour retrouver son foyer qui était dorénavant le mien également. Je tentais de digérer la montagne d'informations qui traînaient ci et là dans mon esprit, affligée. Celui qui semblait monstrueux ne l'était point. Je m'en doutais un peu, mais je n'aurais imaginé la quantité d'horreurs qu'il aie pu voir en sa longue et immortelle vie. Je comprenais désormais le problème de cette société : elle était ignorante. Ou alors, peut-être était-elle aveugle des misères de son monde. Il suffisait de voir la Bête dont ils avaient tant peur frêle, porté par mon bras faible et mes épaules chargées de son poids, pour voir le sommet de leur ignorance et leur bêtise.
Après être enfin rentrés, Acnologia s'avachit immédiatement sur ce qui servait de lit sans se nourrir ni quoi que ce soit. Têtue, je tenais tout de même à le forcer à manger, alors je préparais le repas et lui amenais tranquillement pour enfin poser le tout sur le côté. Il ne daigna pas se retourner, soi-disant trop épuisé pour bouger.
Agacé par mes suppliques, il attrapa de mauvaise grâce de quoi se mettre sous la dent et ronchonna pour se resservir finalement au final. Je ne pus retenir un soupir long et un petit sourire en coin devant ses enfantillages.
Ainsi, sous cette Lune bleutée qui illuminait le beau ciel nocturne, nous passâmes une soirée agréable et simple.
Pour la première fois également, nos corps s'étaient retrouvés.

Ainsi, le temps passa. Une centaine d'années plus précisément. Peu de choses avaient changé depuis ce temps là. Je m'étais désormais appelée moi aussi Mokushiro puisqu'un véritable mariage aurait été impossible. Car en effet, malgré tout ce temps, Acnologia n'avait pas changé de position en ce cruel mais beau Monde. Personne n'avait oublié la peur que leurs ancêtres avaient ressenti à son égard, et comme influencés, eux aussi avaient peur. Ils le voyaient tous comme l'Apocalypse, et peu de gens savaient qu'il avait même été humain un jour. Quant-à-moi, ce monde m'avait désormais oubliée. Médusa n'existait dorénavant plus dans les cœurs des gens. Mon ancienne guilde n'existait plus, et très franchement cela ne m'étonna pas lorsque je l'eus appris. Mon quotidien était, selon moi, absolument parfait. Ce n'était pas grand chose, mais pour moi qui avait tant vécu de souffrance, c'était comme un pansement sur des blessures invisibles. La parcelle retrouvée de conscience d'Acnologia était toujours là, mais s'envolait toutefois au vent lorsqu'il voyait un Chasseur autre que lui. J'avais accepté ce côté de lui, j'avais accepté qu'il continue sa longue et périlleuse vengeance car je comprenais ce qu'il ressentait. Il voulait éperdument me protéger malgré tout, et ne me laissait donc pas venir avec lui. Il avait peur de me blesser sous la perte de contrôle. Chose drôle, lorsqu'il m'eut expliqué cela, son visage affligé et gêné était absolument adorable. Alors j'eus décidé de ne point le contredire. La seule chose que je réclamais était sa cape en ses voyages. Il avait accepté, bien qu'à contre-cœur.
Toutefois, mon monstre ne me laissait jamais bien longtemps seule. Il finissait toujours ce qu'il avait à faire rapidement pour revenir me voir.
J'avais appris en me baladant, une fois, que les humains n'avaient jamais abandonné l'idée d'abattre Acnologia. Pour cela, un projet avait même été lancé : le projet Eclipse. J'avais également entendu dire que ce projet consistait à utiliser la magie des constellations afin d'ouvrir une immense porte, Eclipse, qui permettrait de remonter le temps. Je me doutais que leur objectif s'agissait de tuer Acnologia lorsqu'il était humain. Ce qui m'eut le plus choquée avait été la participation du grand mage noir, Zereph, à ce projet. Celui-ci avait bravé les lois du monde, avait ramené un mort à la vie, et avait fini maudit. J'eus appris aussi que sa compagne était elle-aussi maudite. Leur histoire m'avait beaucoup touchée malgré tout. Cette femme était la créatrice d'une guilde : Fairy Tail.
Guilde qu'Acnologia, en l'an X984, avait affrontée. Il avait réduit l'île de Tenro à Néant, après avoir été attiré par la puissance des Chasseurs qui se situaient là et de Zereph qui était également sur l'île en attendant son heure.
Un jour, alors que Zereph entra en scène pour détruire le monde, Acnologia partit également en sentant des véritables Dragons. Je n'avais jamais eu aussi peur que cette fois-là. Je le savais fort, je le savais grand. Mais un mauvais pressentiment était en moi, trop immense, trop incrusté dans mes chairs. Et j'avais raison.
Lorsqu'il rentra, il tenait fermement ce qui restait de son bras gauche. Il n'y avait plus qu'un muscle, un pauvre tendon, un pauvre moignon, tout le reste avait été sauvagement arraché. Il semblait avoir très mal, et ronchonnait tout bas.
Je lui sautai au cou en le tirant vers le côté tout en sortant de l'alcool. Il grimaça lorsqu'il comprit ce que j'allais faire, et tenta même de retirer son épaule de mon emprise. Sa douleur était telle qu'il gémissait amèrement de douleur et soupira en se laissant faire bien gentimment.
Je pansais sa blessure comme je le pouvais. Mais il j'y avait rien à faire : j'allais l'apaiser, j'allais empêcher son sang de couler, j'allais  le guérir,  mais rien n'allait sauver ce bras qui lui manquait dorénavant.
Il me dévisageait sans rien dire alors que je commençais à trembler. Des petites larmes se forgeaient aux coins de mes yeux verts, qui vinrent petit à petit couler sur mes joues. Il s'en aperçut, et tendit le bras droit, celui donc intact, vers celle-ci.
Acnologia : Pourquoi pleures-tu, allons ? Je suis rentré, non ?
- Oui. Avec un bras en moins.
Acnologia : Mais... je suis là. Ce n'est qu'un bras. Ne pleure pas. Souris.
- Comment veux tu que je sourisse ? Qui t'a fait ça ?!
Acnologia : J'ai retrouvé Igneel. Je l'ai tué. Allons, ne me regarde pas ainsi. Je préfère mille fois que tu m'accueilles en riant. Je n'aime pas te voir pleurer.
- Mais... et si c'était ce bras qui causait ta perte ?! Et si tu voulais l'utiliser, que tu oubliais sa disparition, que tu me revenais plus ?!

Les larmes ne s'arrêtaient plus. Acnologia détendit ses sourcils et, de sa main valide, me poussa contre son torse.
Acnologia : Je te reviendrai, peu importe ce qu'il se passera. Je n'ai que toi comme maison, non ?

Il sourit comme il le pouvait, et je me laissais alors bercer par ces mots.
Sa prochaine mission arriva bien vite à mon goût. Et cette fois, Zereph s'était déplacé en personne.
Acnologia me fit me déplacer dans la salle d'à côté en sentant l'odeur familière du mage. Il le laissa toutefois entrer dans la grotte. Je parvenais juste à entendre leur conversation.
Zereph : Je ne pensais pas que tu accepterais vraiment de me voir.

Il dévisagea alors Acnologia de loin.
Zereph : C'est donc ça, ton apparence ordinaire. Comment va ta blessure au bras, Acnologia ?
Acnologia : Qu'est-ce que tu me veux, mage noir ?
Zereph : Tu as soif de destruction, mais tu te prives. Si tu le voulais, tu serais assez fort pour régner sur le monde, mais tu n'agis pas en ce sens. Ton comportement est plein de points obscurs.
Acnologia : Le tien n'est guère plus clair.
Zereph : Depuis le début, j'hésitais en restant spectateur. Devais-je te combattre aux côtés des humains, ou combattre les humains à tes côtés ? Toutefois, j'avais tort de vouloir choisir entre les deux. C'était... à la fois l'humanité et toi que je devais éliminer.

Mon cœur battait amèrement. Je sentais le pire arriver. Je savais la guerre proche, le renouveau arriver. Un renouveau où soit Acnologia deviendrait Dieu, soit Zereph et ses troupes dirigeraient le monde dans le chaos, soit les humains tuer les deux. Les chances d'échapper à cela étaient si minces... j'en tremblais.
Zereph : Telle est ma mission. Tu attends bien... un adversaire à ta hauteur, non ? C'est donc moi qui te pousserai à ton maximum. Tu n'as qu'à attendre l'heure du combat final qui se livreront... le dragon, l'immortel et les humains.

Acnologia gloussa silencieusement, et sourit du même sourire qu'il m'eut fait la première fois que je l'eus vu.
Zereph : Quant-à-toi, Déesse. Je sens ta présence.

Je m'avançais alors aux côtés d'Acnologia et mit la main sur son épaule.
- Je ne veux rien entendre de toi, mage noir. Tout ce que je te souhaite, c'est que tu crèveras pendant cette guerre.
Zereph : Nous verrons bien cela. Le moi du passé l'aurait souhaité de tout son être.
- Mavis va vous haïr.
Zereph : Elle peut. Je l'ai tuée.

Il tourna les talons, et lança un dernier regard à Acnologia.
Zereph : Je comprends mieux pourquoi tu es ainsi. Profitez, vous deux, il vous reste peu de temps... car je ne compte pas perdre.

Et il partit.
S'en suivit alors une longue discussion entre Acnologia et moi.
- Tu comptes y aller alors... laisse-moi t'accompagner.
Acnologia : Non. Je refuse de risquer de te perdre.
- Je t'en prie. Pourquoi ce serait à moi d'avoir peur de te perdre ?! C'est une guerre, Acnologia ! Tu serais seul sur le champ de bataille sans moi ! Contre des centaines d'humains, un million de démons, contre Zereph ! Tu pourrais y laisser ta peau putain !
Acnologia : Déesse !

Je sursautais à ce nom. Depuis que nous étions ensemble, il m'appelait par mon prénom. Toujours.
Acnologia : Je ne laisserai personne m'avoir. Je le jure. Quand je reviendrai, ce sera fini. Ce sera la dernière fois que je partirai. La dernière. Après, on pourra même sortir d'ici, construire une maison loin d'ici, et vivre pour l'éternité en paix. Alors... Cynthia. Attends-moi. Je te reviendrai. Je te l'avais dit, pas vrai ? Alors c'est vrai que je sens une douleur lancinante dans le moignon de mon bras gauche arraché par le Dragon de feu. Mais lors de la fête du Roi Dragon, je vais les massacrer, il n'y aura plus personne après mon passage. Car je suis la Créature suprême redoutée de tous... Acnologia.

Ainsi, toujours dans le doute, je me rassis en tendant le bras vers lui. Je ne parvenais même pas à lui dire.
Lui parler de ça.
Lui parler de son enfant.

Ainsi, la nuit avant la bataille, pour la dernière fois, nos chaleurs s'étaient croisées. Et je ne le savais pas, mais s'était la fin le lendemain de notre histoire. Après cela, j'allais devenir de nouveau celle assoiffée de vengeance et de mort. Je ne savais pas que le lendemain, j'allai espérer pouvoir cette fois finir le travail.

{ FIN FLASHBACK }

Je te Vengerai, Acnologia { Acnologia x OC }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant