𝐈𝐬𝐚𝐛𝐞𝐥𝐥𝐚 𝐏𝐞𝐭𝐫𝐨𝐯𝐚 ➳ 𝐓𝐕𝐃

𝟑𝟓. 𝐒𝐞𝐧𝐭𝐢𝐦𝐞𝐧𝐭𝐬

2012 | Mystic Falls

Assise contre l'un des murs de la chambre de Damon, toujours enroulée dans un simple drap, mes émotions et mes pensées semblaient être un véritable capharnaüm.

D'un côté, je savais que Klaus ne pensait pas ce qu'il disait. Je savais déceler les mensonges comme personne d'autre ne le pouvait, et ma capacité à tout analyser chez les gens me facilitait grandement la tâche.

Il avait peur. Non, en vérité, il était terrorisé. Il ne voulait pas que ses sentiments soient maître de lui plus que ses pensées. Parce que oui, lorsque vous êtes amoureux d'une personne les désirs du cœur dépassent souvent la raison de vos pensées.

Et Niklaus ne voulait pas s'abandonner à ses sentiments, il ne désirait pas souffrir, et encore moins dépendre d'une personne.

Je le comprenais, malgré tout. C'est difficile pour quelqu'un qui a été trahi maintes et maintes fois, de faire confiance à nouveau, de tolérer la présence d'une personne qui pourrait vous nuire à cause de l'attachement que vous lui portez.

Il ne voulait pas que ses sentiments le mène à sa perte, ni à être manipulé.

Mais d'un autre côté, une infime partie de moi ne peut s'empêcher de douter de mes explications précédentes.

Et si tout avait changé ?

Plus de cinq siècles étaient passés. Pour un être surnaturel immortel, cinq siècles peuvent paraître anodin, mais c'est effectivement très long, et nous pouvons devenir une tout autre personne au bout de cette longue période. Nos buts, nos convictions, nos goûts mais aussi nos sentiments peuvent changer.

Il me faisait douter de moi, et je détestais cela.

Tout comme lui, j'avais peur. Nous n'avions pas exactement les mêmes craintes, mais elles étaient légèrement similaires.

L'abandon, non seulement de l'autre, mais aussi de soi-même, ne plus être capable de penser sans que nos sentiments soient mêlés.

Le rejet, il est lié à l'abandon mais vaut quand même le coup d'être nommé. Le rejet est un mécanisme assez fréquent lorsque, comme Niklaus et moi-même, une personne a peur de s'engager dans une relation. Comme il l'a démontré plus tôt en me disant une phrase à laquelle je n'ai plus envie de penser, c'était une manière de m'éloigner de lui afin de se préserver de toutes les choses négatives qui peuvent mal tourner lors d'une relation. Nous fonctionnons tous les deux de cette manière et cela nous effraies bien plus que l'on ne peut l'imaginer, car lorsque vous êtes attaché à une personne, et qu'elle vous rejette, cela peut vous détruire.

Cela m'a détruit.

Je voudrais faire comme Klaus, mettre ma fierté en premier plan et me dire que rien n'était réel, que je n'ai pas de sentiments envers lui et que je le déteste.

Mais je suis bien trop réaliste pour me voiler la face, contrairement à l'Originel qui préfère se cacher derrière sa réputation.

Nous en avons tous les deux une, d'ailleurs, elle n'est pas très valorisante mais ce n'est pas pour autant que je vais faire comme lui et conforter les gens dans leur avis. Qu'ils pensent ce qu'ils veulent de moi, cela m'est égal. Mais Klaus pense qu'être craint des gens les empêche de lui nuire, alors il fait tout pour que sa réputation reste ce qu'elle est, et s'empêche lui-même de goûter au bonheur et à l'amour.

Alors me voilà désormais, pleurant après avoir tenté pendant plusieurs minutes de ravaler ces larmes qui dévalent maintenant mes joues, tels d'inmaîtrisables torrents.

Damon ouvrit violemment la porte, il ne me vit pas, il devait sûrement penser que j'étais partie de sa chambre puisque cela faisait déjà plus de dix minutes que l'incident c'était produit.

— Saleté d'hybride ! Jura-t-il.

De légers sanglots m'échappèrent, et je me maudis intérieurement de ne pas être passée incognito. Je ne voulais pas qu'on ai pitié de moi, ni que l'on me voit dans cet état.

Je priai intérieurement qu'il soit trop enragé pour me porter attention, et pour avoir entendu ces sanglots.

En vain.

Il se retourna et fronça les sourcils, ne voyant rien en face de lui, puis il baissa légèrement le regard vers le sol et m'aperçut.

Je devais sûrement paraître pitoyable, les yeux affreusement rouges, simplement entourée d'un drap qui était désormais mouillé et me servait à essuyer toutes mes larmes.

— Isabella ? Murmura-t-il avec une légère trace d'étonnement dans sa voix. Que se passe-t-il ?

Un léger silence prit place, seulement interrompu par quelques sanglots.

— Je suis... Commençai-je avant de m'éclaircir la gorge puisque ma voix était enrouée. Je suis désolée pour tout ça...

Je jetai un coup d'œil furtif à la fenêtre cassée, ainsi qu'au sang sur le sol.

— C'est pour ça que tu pleures ? S'offusqua légèrement Damon avec un sourire, essayant de me faire rire, ou au moins de me changer les idées.

Sa tentative fut vaine, mais j'avais apprécié son intention. Il perdit son léger sourire et son regard devint triste.

Il s'approcha légèrement de moi et s'accroupit afin d'atteindre ma hauteur. Ses sourcils se froncèrent légèrement, et je baissai la tête, incapable de le regarder dans les yeux.

Mes sanglots fréquents étaient le seul son audible dans la pièce désormais.

Et soudainement, Damon fit quelque chose de surprenant.

Il me prit dans ses bras et me serra avec force. Je fis de même, m'accrochant à l'arrière de sa chemise comme si ma vie en dépendait.

— Merci... Murmurai-je après quelques minutes, sans pour autant le lâcher.

— Je t'en prie. Répondit-il.

Même si je n'étais pas particulièrement proche de Damon, cette étreinte semblait être le réconfort dont j'avais besoin sans même le savoir.