𝒔𝒄𝒆̀𝒏𝒆 𝟒

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IL SE RAPPELAIT DE SA PREMIÈRE ANNÉE À POUDLARD, il était excité comme une puce à l'idée d'y aller. Bien sûr sa fierté, que lui avait inculpée son père, ne lui laissait pas répandre sa joie à tout bout de champ. Il avait un rang. Un statut, il ne devait pas ressembler à ses sang-de-bourbe, qui s'émerveillaient, en assistant à une démonstration de magie. Son père lui disait toujours qu'il valait mieux qu'eux, qu'ils étaient des abominations. Draco le croyait, son père avait toujours raison.

Puis il avait rencontré ses amis, enfin "amis". Plutôt gardes du corps, Crabbe et Goyle n'étaient que des idiots qu'il menait à la baguette, sans mauvais jeu de mots. Et puis, Pansy s'intéressait surtout à sa réputation, de plus elle était collante et bavarde. Il n'arrivait pas à prêter attention à ce qu'elle racontait à longueur de journée, c'était lassant. Même si cela avait changé avec le temps.

À l'époque, il n'y avait bien qu'avec Zabini qu'il appréciait, réellement, passer du temps. C'était bien le seul.

Ensuite, il avait fait la rencontre d'Harry Potter, cet insolant sang-mêlé, qui lui avait manqué de respect, en ignorant sa main tendue, une main tendue qui ne se représenterait jamais à lui. Parole de Malefoy, qu'il s'était dit à l'époque.
Une main qui, à présent, était marquée, corrompue, salie.

Naquit de ce refus, une rivalité inébranlable. Jamais aucun ne se soumettrait, ils avaient bien trop de fierté.
Mais malgré tout Draco aimait cette lutte, il aimait détester cet idiot de survivant. Car, jusqu'à présent, ça avait été le seul à paraître aussi honnête avec lui.

Certes, il lui criait des ordres, lui formulait des phrases provocantes et l'insultait sans aucune forme de respect ni once d'hésitation. Si Draco faisait un faux pas, il pouvait être sûr qu'Harry s'en servirait.
Mais, c'était bel et bien ça qu'il appréciait, Harry lui tenait tête, lui aussi lui disait des choses horribles, insultait ses amis, ses parents, ses parents qui étaient morts, soit dit en passant.

Et pourtant, les deux garçons affectionnaient cette relation, inconsciemment.

Juste des meilleurs ennemis. Ni plus, ni moins.
Chacun se battait pour être le meilleur, pour vexer l'autre, pour le faire enrager.

Mais ça, personne ne comprenait. Tous étaient persuadés que Draco harcelait Harry. Oui, lui, le méchant fils de mangemort, celui qui était à la botte du seigneur des ténèbres.
Tandis que l'Élu menait sa vie, sûrement traité comme un roi par ses moldus. Il ne trouvait pas d'autres perspectives, c'était le Survivant après tout.

Il devait avoir une vie pleine de gloire, de reconnaissance et d'amitié.
Tout ce que n'avait pas Draco.

Il avait peut-être la gloire mais c'était qu'à cause de son sang, de son père et sa famille. Et ce n'était pas forcément pour de bonnes choses. Ensuite de qui pourrait-il avoir la reconnaissance ?
Du seigneur des ténèbres ? Allons, il ne fallait pas rêver. Il n'était qu'un pion sur son échiquier diabolique.
Et l'amitié, il ne connaissait pas réellement, il se servait simplement de ses proches, la seule personne avec qui il n'avait pas besoin d'être quelqu'un d'autre était Zabini, c'était tout bonnement son meilleur ami, et au fil des années leur relation n'avait fait que de s'accroître. Leurs liens étaient forts, très forts. Maintenant qu'il y pensait, il avait aussi Pansy, malgré des débuts carrément hypocrites.

Draco sortit de ses pensées en remarquant qu'il faisait, à présent, nuit dehors. C'était bien calme, la demi-lune régnait silencieusement sur l'obscurité, en diffusant ses rayons argentés.
Il aurait bien voulu se sentir apaisé en regardant ce spectacle nocturne, cependant, il ne pouvait s'empêcher de se demander si cela ne se trouvait pas être la dernière fois qu'il le vivait.
C'était navrant à quel point il n'y voyait qu'une atmosphère sépulcrale.

𝐌𝐄𝐋𝐎𝐃𝐘 | ᎻᏢᎠᎷOù les histoires vivent. Découvrez maintenant