Le Hobbit : Sombres présages [Tome 2]

Prologue

Peut-être vous y attendiez-vous, mais toujours est-il qu'il est bon de préciser les choses une nouvelle fois car il faillit en être tout autrement.

Dans un trou vivait un Hobbit, et comme vous vous en doutez, il n'était en rien sale, sombre, humide et rempli de moisissure, mais au contraire chaleureux et confortable. La nourriture y était toujours aussi abondante, tout comme le bon vin. Le feu de l'âtre crépitait tous les soirs et les flammes bougeaient dans une danse presque hypnotisante.

Ainsi, rien ne semblait avoir changé, hormis Bilbo Sacquet lui-même. Il appréciait toujours sa vie bien tranquille et chérissait toujours le confort et la bonne nourriture que lui offrait chaque jour la Comté. Mais parmi ses voisins, beaucoup le trouvaient différent. Le Hobbit aimait passer ses journées dans son trou à écrire ses Mémoires qu'il avait nommé Un aller et Retour : les vacances d'un Hobbit, qu'il s'était promis de rédiger s'il revenait vivant de sa longue aventure auprès de ceux qu'il n'avait jamais oubliés.

Trois années s'étaient écoulées depuis son retour de la Montagne Solitaire et durant les longues soirées, Bilbo pensait à ses amis loin à l'Est. Jamais il n'eut de nouvelle, mais il espérait qu'Erébor était de nouveau le Royaume de jadis. Son côté Touc regrettait de les avoir quittés et bien que le sentiment de les revoir ne se fût jamais envolé depuis son départ de la Montagne, le Hobbit espérait les revoir le plus tôt possible.

Un matin à la fin de l'été, alors que Bilbo continuait à rédiger ses Mémoires dans un épais ouvrage relié de cuir, quelqu'un toqua à sa porte. Étonné, celui-ci fronça les sourcils avant de poser sa plume et de se diriger vers l'entrée. Il observa l'extérieur par la petite lucarne quand un large sourire éclaira son visage toujours aussi jovial. Il s'empressa d'ouvrir la porte repeinte quelques semaines plus tôt pour faire face à son plus proche ami.

- Gandalf ! S'écria-t-il en se décalant pour laisser entrer le magicien. Entrez donc !

- Bonjour mon cher Bilbo, déclara le vieil homme en passant l'entrée. Que je suis content de vous revoir !

Gandalf enleva son grand chapeau pointu et suivit le Hobbit dans la salle à manger. Il se baissa pour éviter le lustre, mais se cogna néanmoins à l'entrée de la pièce. Il se frotta la tête tandis que Bilbo continuait à parler, ne s'apercevant pas que le magicien ne l'écoutait plus. Le Semi-Homme disparut dans la cuisine avant de réapparaitre, les sourcils froncés.

- Pardon ? Fit le magicien.

- Vous voulez un peu de thé ? Il est encore chaud.

- Oh oui merci, c'est gentil cher Bilbo !

Le Hobbit repartit dans la cuisine et continua à bavarder tout seul.

Gandalf posa son chapeau sur la longue table de bois avant d'observer la décoration. Il sortit de la salle à manger et aperçut de l'autre côté une table pleine de feuilles volantes. L'Homme les regarda, curieux, avant que son attention se porte sur la dernière. Il s'en empara, un mince sourire sur le visage. Sur la feuille était dessinée la carte de Thror que Gandalf avait légué à Thorïn Ecu-de-Chêne au début de leur quête trois ans plus tôt. Passionné par les cartes, Bilbo avait réussi à la représenter à la perfection.

Heureux de voir que le Semi-Homme gardait un bon souvenir de son périlleux voyage, Gandalf reposa la feuille avant de retourner dans la salle à manger, où Bilbo déposait de petites tasses de thé. Le magicien le remercia et le rejoignit dans le salon pour s'installer dans un fauteuil face à la cheminée quand il vit le Hobbit s'emparer d'un petit coffre, l'air suspicieux.

- Mais que faite vous donc mon cher Bilbo ? S'enquit le magicien en le voyant ouvrir un placard.

- Je prends mes précautions Gandalf. Savez-vous qu'à mon retour d'Erébor, ma maison et mes biens avaient été vendus ! Oui vendus comme de la vulgaire marchandise ! Et pour couronner le tout, j'ai surpris Lobelia Sacquet de Besace fourrer mon argenterie dans sa poche ! Une femme exécrable Gandalf, croyez-moi. Quelle peste ! Maintenant que vous êtes dans les parages, je me méfie !