Erébor était tombé.
En à peine une semaine, la Montagne Solitaire n'était plus. Ruines d'un ancien Royaume pourtant si puissant, ce pic solitaire et majestueux, louangé par bien des chants d'antan, n'était plus alors que l'ombre de ce qu'il fut.
Sa splendeur, si précieuse, n'était plus.
Sa puissance, si légendaire, n'était plus qu'un mythe.
Sa richesse, extraordinaire, n'était plus qu'un monticule doré jalousement chéri par celui qui avait forcé les portes du Royaume.
En à peine une semaine, Aldaïn s'était emparé d'Erébor. Siégeant désormais sur le trône de pierre, il régnait, tel le Roi qu'il aurait dû devenir. La terreur, instillée dans le cœur des Nains, décuplait plus chaque jour et, au-dehors du Royaume, les alliés n'étaient plus que le souvenir d'un temps désormais révolu.
Prisonniers ou massacrés, les sujets de Thorïn au sein même de la Montagne ne pouvaient lutter contre celui qui se déclarait légitime à régner. Face à ce redoutable adversaire, rien ne pouvait arrêter sa maudite besogne.
Ainsi était devenu Erébor. Un Royaume dévasté ; ravagé par la haine destructrice d'un seul homme. Il n'était plus que les ruines d'une puissante dynastie ; un pic solitaire plus isolé que jamais.
Erébor n'était plus qu'un vestige décadent où la vie et la mort s'alliaient aisément dans la plus sordide mélancolie.
Si ce géant bien singulier et longtemps admiré avait été source de bien des envies, il était aujourd'hui bien moins grandiose. Jadis colossal, souvent jalousé, cet être, immense, était désormais en décadence. Dépassant pourtant les cocons légers qui décoraient la voûte céleste, ce colosse au pied d'argile se recouvrait peu à peu de linceuls blancs tandis que sa peau rugueuse, jadis éblouissante au soleil et brillante sous les rayons douçâtres de la lune, se ternissait chaque jour un peu plus.
Dépouillé de toute sa splendeur, ce géant se recroquevillait sur lui-même pour perdre sa majestueuse renommée. La pluie ruisselait le long de son corps meurtri et décharné tandis que les suaires nuageux embrassaient sa tête presque lacérée par la maladie qui le rongeait de l'intérieur. Par un miracle que lui-même ignorait, ce géant parvenait à rester encore debout tandis que ses membres paralysés peinaient à le gardaient sur ses pieds.
Face à cette maladie, ce colosse ne faisait envier désormais plus personne et, perverti par les souillures de son corps, il ne pouvait s'empêchait de gémir de douleur. Ses lugubres complaintes s'alliaient alors au vent, entraînant avec lui des pleurs que tous pouvaient entendre tandis que la pluie se mélangeait à ses larmes, tels des torrents submergés par le courant violent de désespoir qui l'accablait. Mourant, sa gigantesque dépouille encore vivante ne pouvait ouvrir les yeux. Jadis vivant et fier, ce colosse, désormais fragile, menaçait de s'effondrer au moindre mouvement.
Toute vie disparaissait tandis qu'à l'intérieur de son corps vivaient multiples parasites qui s'acharnaient avec une joie morbide à lui dévorer ses organes pourris. Cœur, poumons, foie, estomac, intestins... Rien n'était épargné dans cette course morbide. Ces parasites, déjà énormes, grossissaient à chaque bouchée avalée. Souillé en son sein, ce géant entendait ces monstres fêter sa décadence tandis que lui, victime de ce macabre supplice, hurlait son angoisse. Bientôt, la mort emporterait ce colosse comme un simple mortel et ne deviendrait qu'un cadavre supplémentaire dans la terre déjà remplie de corps déchiquetés et où seuls les squelettes témoignaient de leur présence passée.
Son cœur, chose impure qu'il était, se rapiéçait. Organe fragile, cette richesse vitale n'était plus qu'un embryon presque invisible. Au milieu du sang rougeoyant, la pourriture le rongeait de tout côté. Bêtes féroces, vers et asticots le dévoraient comme le plus délicieux des mets. Ces parasites, immondes créatures de l'enfer, se délectaient de cette chaire chaude et des cris remplis de souffrance de l'être qu'ils torturaient. Leurs corps laissaient derrière eux des traînées gluantes et puantes que le cœur, innocent, devait supporter tandis qu'il se faisait dévorer. Crevasses et fontaines de sang garnissaient ce cœur pourri. La gangrène s'était emparée de lui comme la pire des maladies. Impur et mourant, il disparaissait sous la masse monstrueuse que ces ignobles créatures qui se délectaient de sa chaire dans des cris affamés.
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Le Hobbit : Sombres présages [Tome 2]
FanficTrois années se sont écoulées lorsqu'une nouvelle menace plane sur Érébor. Alyson, victime de violents cauchemars, comprend qu'ils sont annonciateurs de malheurs. Ses craintes se confirment lorsque le règne de Thorïn est menacé par son demi-frère aî...