Chapitre XXXVII : La Forteresse Noire

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D'Edoras s'élevaient les restes de la Cité, détruite par l'assaut de l'ennemi. La fumée n'était plus que le dernier témoin de ce qu'elle fut avant l'attaque et les survivants, aussi rares soient-ils, avaient réussi à fuir. Mais combien de temps survivraient-ils ? Où iraient-ils trouvé refuge ? Que feraient-ils maintenant que tout ce qu'ils connaissaient n'existait plus ?

L'horreur s'était emparée de la Citadelle et s'était propagée, telle la gangrène meurtrissant peu à peu un corps malade. Les cadavres encore chauds qui jonchaient le sol souillé n'étaient plus que les spectateurs silencieux de ce que fut leur belle Cité. Laissés ainsi en pâturage, ils ne représentaient plus que la terreur que souhaitait instiller Aldaïn dans le cœur des forts et des faibles. La jalousie qui l'aveuglait l'entraînait plus encore dans les limbes de la folie dont il ne pourrait bientôt plus se défaire. Sain d'esprit ou victime de sa propre démence qui lui broyait la raison, rien ne semblait pouvoir arrêter Aldaïn dans sa folie meurtrière.

Combien d'innocents mourraient encore ?

Qui oserait le défier alors qu'il se plaisait à instaurer la mort et la destruction là où Thorïn se trouvait ?

Ecu-de-Chêne devait-il se sentir coupable de la barbarie de son demi-frère ?

Ou coupable de sa folie ?

La mine sombre, Thorïn suivit Gaultier et Barahir à l'extérieur d'Edoras, désormais à feu et à sang. Tout en observant les alentours, ils traversèrent la plaine aussi vite qu'ils le purent lorsqu'ils aperçurent les silhouettes familières des membres de la Compagnie. Si Gaultier ne put réprimer un sourire de soulagement, aucune émotion ne transparut sur le visage d'Ecu-de-Chêne. Ses pensées rivées vers Alyson, le Nain ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter en silence sur le destin de la mutante.

À l'approche du trio, les cris de joie de la Compagnie s'élevèrent au milieu de la vaste plaine. Néanmoins, leur allégresse se dissipa bien vite lorsqu'ils s'aperçurent que l'une des leur n'était pas aux côtés de Thorïn et Gaultier. Les Nains et le Hobbit s'échangèrent des regards inquiets, les sourcils froncés face au silence que s'entêtait de garder Ecu-de-Chêne.

- Où est Alyson ? Osa enfin demander Bofur.

Si Thorïn ne daigna pas répondre, Gaultier tourna la tête de droite à gauche, le regard rempli d'une profonde tristesse.

- Est-elle morte ? Ne put s'empêcher de demander Oïn, sa trompette à l'oreille.

Tandis que le poète s'apprêtait à répondre, Ecu-de-Chêne, emporté par la détresse et la colère, se tourna vers le Nain guérisseur, les yeux assombris par la rage.

- Non ! Bien sûr que non ! Crois-tu que j'aurai laissé son corps au milieu de ce carnage ? S'emporta-t-il.

- Votre mutante a été capturée par les Orques menés par le sorcier d'Aldaïn et je pense qu'ils l'ont emmenée dans les Montagnes Blanches.

- Là où se trouve le spectre ? Se lamenta le barde.

- Cette chose n'est qu'une légende Maître poète. En revanche, il existe un lieu maudit.

- Un lieu maudit ? Répéta Bilbo. Que voulez-vous dire ?

- Au Rohan, nous l'appelons la Forteresse Noire. C'est une prison où l'on enfermait jadis ceux accusés pour trahison. Si beaucoup ont été enfermés entre ces murs, tous ont péri. Elle est aujourd'hui abandonnée mais il semblerait que les Orques s'y soient installés.

- Si vous cherchez à nous faire peur, vous avez réussi, fit Gaultier en déglutissant. Je n'aime guère l'idée qu'il puisse y avoir une telle prison...

Le Hobbit : Sombres présages [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant