Chapitre XXVIII : Réaliste ou défaitiste ?

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La brise légère du vent lui caressait le visage lorsqu'Alyson ouvrit les yeux. Agressée par la lumière crépusculaire, la mutante papillonna des paupières avant de mettre sa main en visière pour se protéger du soleil couchant.

Une grimace sur le visage, Alyson se redressa et serra les dents lorsqu'elle sentit sa tête tourner. Elle ferma les yeux quelques secondes avant d'observer les alentours.

- Bon retour parmi nous.

Un fin sourire étira les lèvres de la mutante lorsqu'elle vit Oïn agenouillé près d'elle, sa petite trompette à son oreille.

- Je pensais ne jamais vous revoir, avoua Alyson.

- Gaultier vous a retrouvé, expliqua le Nain. De quoi vous souvenez-vous ?

La mutante fronça les sourcils et se passa la main dans les cheveux, les yeux dans le vague. Sa rencontre avec Earthran, sa discussion et sa fuite lui revenaient en mémoire ; souvenirs aussi douloureux qu'un coup de pommeau dans l'estomac. Si sa maigre victoire contre les Gobelins lui avait permis de survivre, sa rencontre avec le sorcier semblait l'engloutir et vouloir la séquestrer dans ce souterrain. Les mots d'Earthran, lâché comme du poison, lui meurtrissait le cœur, mais elle ne voulait laisser rien transparaître. Alyson ne pouvait se laisser aller et elle se refusait à céder la place à la peur. Que les paroles du sorcier puissent s'avérer vraies ou non, la mutante ne pouvait accepter d'être vaincue par un destin incertain.

- Alyson ?

Cette dernière secoua la tête lorsqu'Oïn claqua des doigts devant ses yeux.

- Pardon, s'excusa la mutante. J'étais dans mes pensées. Je me souviens d'être tombée et d'avoir été poursuivie par des Gobelins. J'ai réussi à trouver une sortie et j'ai cherché à vous retrouver. Puis, je ne me souviens plus de rien.

Alyson tenta de dissimuler son inquiétude et tint le regard d'Oïn. Si ce dernier voulut la questionner, son regard lui intima de ne rien ajouter.

- Est-ce que tout le monde va bien ? Finit-elle par demander pour changer de sujet, ce que le Nain s'empressa de remarquer.

- Il y a eu quelques complications après votre disparition, mais nous sommes tous sains et saufs grâce à vous, intervint Bofur, les bras croisés.

- Grâce à nous tous, rectifia Alyson en se relevant.

Celle-ci tituba. Elle se retint à un tronc d'arbre et observa les alentours pour découvrir l'ensemble de la Compagnie. Les vestiges d'une ancienne église se tenaient non loin d'eux tandis qu'au Sud s'étendait une vaste plaine qu'Alyson reconnut alors : le Pays de Dun.

Ils avaient réussi.

Ils étaient parvenus à franchir l'impossible ; chose que la mutante pensait encore impensable quelques jours plus tôt. Si pour la plupart le pire était derrière eux, Alyson savait qu'il n'en était rien. Même si elle refusait à céder à la peur, elle ne pouvait ignorer les paroles d'Earthran. Abominables avaient été ses mots et rien ne pourrait aider la mutante à oublier cette angoisse. Si la mort devait être une délivrance lorsqu'elle vivait encore au milieu des bois, celle-ci était aujourd'hui la plus terrible des épreuves.

Alyson releva la tête et aperçut Thorïn accroupi près de Bilbo, l'air songeur. Il ne cessait de se caresser la barbe tandis que le Hobbit lui parlait avec animation. Les yeux plissés, le Nain hochait quelques fois la tête tandis qu'autour de lui s'affairait la Compagnie. La mutante observa Ecu-de-Chêne de longues secondes, la gorge nouée, avant que celui-ci ne tourne la tête pour croiser son regard. Le cœur battant la chamade, Alyson baissa les yeux avant de faire demi-tour.

Le Hobbit : Sombres présages [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant