Chapitre XVIX : Douce soirée d'automne

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Alyson s'allongea sur l'herbe fraiche et humide après s'être essuyée les mains sur son pantalon. Les yeux rivés vers le ciel, elle replia les jambes et posa ses mains sur son ventre tout en observant les premières étoiles illuminer le ciel. Face à ce calme bienvenu, la mutante s'enferma dans un cocon de sérénité, ses pensées rivées vers sa vie passée. Des siècles semblaient s'être écoulés depuis qu'elle avait quitté sa demeure de fortune perdue au milieu des bois et loin de toute civilisation pour rejoindre la Compagnie jusqu'à Erébor.

Pourtant, elle se souvenait de ses soirées d'été durant lesquelles elle avait aimé observer le tapis d'étoiles éclairer le ciel. Comme enivrée par cette splendeur perlée, Alyson ne s'était jamais lassée de contempler cette luxuriante obscurité. Sereine, la mutante réussissait durant quelques heures à apaiser la colère qui la consumait depuis trop longtemps. Le sentiment de solitude qu'elle connaissait désormais n'était rien de plus qu'une idée absurde ; un besoin futile qu'elle considérait comme inutile. Isolée, la mutante ne s'était jusqu'alors jamais rendue compte qu'elle s'était exilée du reste du monde.

Un sourire étira ses lèvres lorsqu'elle vit Thorïn l'observer de toute sa hauteur. Sous la brise du vent, Alyson voyait ses fines tresses se mouvoir dans une danse à peine perceptible au milieu de ses longs cheveux ondulés.

- Que faites-vous ?

Sans un mot, la mutante tapota la place près d'elle pour inviter le Nain à la rejoindre. Celui-ci hocha la tête et s'allongea à son tour face aux étoiles.

- N'est-ce pas magnifique ?

Ecu-de-Chêne posa son regard sur Alyson. Si cette dernière avait tourné la tête, sans doute aurait-elle aperçu le coin des lèvres du Nain s'étirer en un fin sourire. Sans pouvoir l'expliquer, Thorïn se plut de voir la mutante aussi émerveillée par sa simple contemplation du ciel.

Voilà longtemps qu'il ne l'avait pas vue aussi souriante.

Trop longtemps.

- J'ai toujours adoré observer les étoiles. C'est un plaisir simple que je n'avais pas eu le loisir de faire depuis mon départ pour Erébor auprès de vous.

- J'ignorais votre intérêt pour l'astronomie, fit Thorïn en reposant ses pupilles glaciales sur le tapis lumineux.

- J'aime avoir mon jardin secret, ricana Alyson en s'approchant du Nain.

Le sourire qu'esquissait jusqu'alors Ecu-de-Chêne s'effaça lorsqu'il repensa aux paroles d'Akhan avant qu'ils ne quittent les Montagnes Blanches deux jours plus tôt.

Que lui cachait-elle ?

Sans doute rien d'important.

Pourquoi n'avait-elle pas voulu lui révéler le sujet de discussion qu'elle avait eu avec l'homme masqué ?

Que cherchait-elle à cacher ?

Pourquoi ?

Si Thorïn voulut interroger une nouvelle fois la mutante, il n'en eut pas le courage. Une petite main se posa sur sa tunique de velours et bientôt, il sentit la tête d'Alyson contre la sienne.

Enveloppés dans l'obscurité que leur offrait la nuit, il leur semblait n'être que tous les deux au milieu des hautes herbes de la plaine. Or, à quelques mètres d'eux s'élevaient les voix de la Compagnie. Rires et chants festifs animaient cette belle et calme soirée d'automne.

Ecu-de-Chêne blottit Alyson contre lui lorsqu'elle s'approcha davantage. La tête sur le torse du Nain, la mutante se laissait bercer par la lente respiration de Thorïn, qui se plaisait à lui caresser le bras, dégagé de la chaleur de sa cape.

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