Chapitre XII : Le géant des bois

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Sous les bavardages des Nains, Bilbo se leva et les salua. S'il était heureux de partager leur joie, il avait aussi besoin d'un moment de calme pour réfléchir à sa nouvelle aventure. La lune maintenant haute dans le ciel, le Hobbit vagabondait dans les allées sculptées et fleuries de Faudcombe, aussi émerveillé que le premier jour où il découvrit cette demeure. Tout semblait si irréel et serein qu'il en oubliait parfois les dangers qui les attendaient à l'extérieur. La brise fraiche et légère mêlée au bruit des cascades l'incitaient à se perdre dans la Cité pour profiter de ce calme, pour s'imprégner de la sérénité que dégageait cet endroit, et pour découvrir de nouvelles merveilles toujours plus impressionnantes.

Tandis qu'il se promenait d'un pas lent, Bilbo aperçut une silhouette assise un peu plus bas dans les escaliers. Il l'observa par-dessus la rambarde avant de descendre pour la rejoindre.

- Ça ne va pas Alyson ?

Cette dernière se retourna et sourit au Semi-Homme, qui s'installa près d'elle.

- Si, tout va bien, dit-elle sous l'air sceptique de son ami.

Le Hobbit pencha la tête de côté et se frotta le nez.

- Vous pouvez tout me dire vous savez. Il semblerait que je sois un excellent confident, chuchota-t-il d'un air comique.

- Je n'en doute pas.

Alyson se frotta le visage, le Conseil Blanc ne cessant de se répéter dans sa tête. Si Saruman s'était montré brusque dans ses paroles, la mutante ne pouvait s'empêcher de penser qu'il n'avait pas tort. Sans elle à ses côtés, Thorïn pourrait rallier les Seigneurs Nains autour de lui et ainsi gagner la guerre contre Aldaïn.

Mais serait-ce suffisant ?

Quitter Erébor était une chose, mais persuader le peuple d'Ecu-de-Chêne en était une toute autre. Comment les Seigneurs des sept Clans verraient-ils Thorïn à son retour ? Comme un menteur ? Sans doute le haïraient-ils jusqu'à la fin de son règne et cela, Alyson ne pouvait l'accepter. Elle ne pouvait se permettre de se montrer égoïste par peur de se retrouver seule.

Par crainte de tout perdre.

Elle ne pouvait penser de cette manière quand le Royaume était en péril. Pas quand la légitimité de Thorïn était remise en cause. Trop de choses étaient en jeu et Aldaïn, perfide comme il était, utiliserait chacune des failles pour atteindre son frère.

Que devait-elle faire ?

Si les paroles de Saruman l'avaient blessée, celles, silencieuses, de Dame Galadriel l'avaient tétanisée. Pendant des années, Alyson s'était sacrifiée, accablée par la honte, la rancœur et la culpabilité. Sans doute était-elle la mieux placée pour connaître la réelle signification du sacrifice. Il ne s'agissait pas seulement de donner sa vie pour sauver l'être que l'on chérissait le plus au monde. Il ne s'agissait pas de mourir pour une noble cause.

Se sacrifier signifiait abandonner tout espoir, laisser derrière soit tout ce qu'on aimait et d'accepter de tout abandonner. Et parfois, dans les cas les plus désespérés, où la situation l'exigeait, y laisser son âme était nécessaire. Mais la sienne, quelle était-elle ?

Alyson ne pouvait répondre à cette question car elle-même ne savait pas qui elle était. Une femme ? Une mutante ? Une Reine ? Une meurtrière ? Une usurpatrice ?

Or, Dame Galadriel le lui avait révélé. Et cela la terrifiait. La vérité était bien trop lourde à porter.

Mais c'était la sienne...

- Alyson ?

La mutante tourna la tête lorsque Bilbo passa sa main devant ses yeux.

- Pardon..., balbutia-t-elle. Je réfléchissais au Conseil...

Le Hobbit : Sombres présages [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant