Gaultier entra sa tête entre ses épaules lorsque le trio pénétra dans la partie la plus sombre des cachots. Troublé par l'atmosphère terrifiante des lieux, le barde accéléra le pas, apeuré de se retrouver seul dans les prisons labyrinthiques.
- Quelle est cette puanteur ? Demanda-t-il en posant une main sur son nez.
- Ceci Gaultier, il s'agit sans doute des Nains jetés en prisons et oubliés par Aldaïn... Ou du moins ce qu'il en reste..., répondit Balïn en désignant une cellule du doigt.
Gaultier plissa les yeux et retint un cri d'effroi lorsqu'il aperçut dans la pénombre une masse de cadavres allongés les uns sur les autres comme de simples pantins désarticulés.
- Pauvres gens..., ajouta Balïn.
Le grincement des chaînes accrochées au plafond rocheux et immonde des cellules rompait le silence oppressant des lieux. Chaque pas les enfonçait davantage dans l'horreur et les rapprochait de l'impensable. Sous les yeux du trio, des monticules de cadavres jonchaient le sol.
Quelle douleur avaient-ils dû endurer ! Quelle terreur avaient-ils dû ressentir face à la folie meurtrière d'Aldaïn ! Quel désespoir avaient-ils dû ressentir lorsqu'ils comprirent que jamais ils ne sortiraient vivants de cet enfer !
- Quelle folie..., fit Oïn. Des femmes et des enfants sont parmi les morts...
Gaultier déglutit. Il détourna le regard et posa ses pupilles sur le sol. Il refusait de voir davantage l'horreur qui les encerclait en silence. L'odeur putride des cadavres était bien suffisante à supporter.
Une fosse commune.
Voilà ce qu'étaient devenus les cachots d'Erébor.
Une fosse commune terrifiante creusée au sein même de la Montagne. Les cris aigus des rats, des mulots et des souris se mêlaient aux bourdonnements incessants des mouches qui se délectaient avec oisiveté des corps amoncelés dans les cages. Si l'obscurité les empêchait d'observer ce sinistre festin, le trio savait – devinait – que ces immondes créatures nécrophages et insatiables dévoraient le peuple sacrifié dans de vastes groupes répugnants.
Oïn tapota l'épaule de Balïn avant de désigner une cellule au fond du couloir. Gaultier plissa les yeux et malgré la faible luminosité qu'offrait une torche murale accrochée à l'entrée du couloir, le barde crut percevoir une silhouette debout.
Le vieux Nain s'engouffra le premier dans le couloir, vite suivi par Oïn et Gaultier. À pas feutrés, ils avançaient, jetant des coups d'œil derrière eux.
- Par Durïn..., murmura Balïn. Thorïn...
Gaultier s'avança jusqu'à la cellule. La bouche ouverte, il découvrit le Roi sous la Montagne enchaîné. Telle une bête prête à être abattue de la plus barbare des façons, ses bras levés au-dessus de sa tête étaient attachés à d'épaisses chaînes accrochées au plafond. La hauteur empêchait les pieds d'Ecu-de-Chêne de toucher le sol. Ainsi attaché, seule la pointe de ses pieds parvenait à frôler la pierre souillée. La tête baissée contre son torse meurtri par de larges traces rougeâtres, le trio n'aurait su dire s'il était encore en vie.
- Nous devons récupérer les clés ! Fit Balïn, les yeux exorbités par la terreur face à cette vision d'horreur.
- Je crois justement que la clé vient à nous, bafouilla le poète en pointant du doigt l'autre côté du couloir.
Les pupilles animées par une lueur de haine, Balïn et Oïn s'éloignèrent de Gaultier et s'emparèrent du premier outil qui tomba sous leurs mains avant de s'approcher d'un Nain à quelques mètres d'eux. L'épée brandie, ce dernier se rua vers le duo. Sous les cris féroces des compagnons, la lame s'abattait sur les armes précaires des deux Nains. Sous les yeux de Gaultier, le trio combattait au milieu de l'étroit couloir sale et humide.

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Le Hobbit : Sombres présages [Tome 2]
FanfictionTrois années se sont écoulées lorsqu'une nouvelle menace plane sur Érébor. Alyson, victime de violents cauchemars, comprend qu'ils sont annonciateurs de malheurs. Ses craintes se confirment lorsque le règne de Thorïn est menacé par son demi-frère aî...