Chapitre 13

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Sous le soleil brûlant, à bout de souffle et fatiguée, je pose mon pied sur le rocher devant moi. Je ramène le deuxième juste à côté et continue ma marche. Arrivée face à une grande roche, d'environ deux mètres de haut, je n'ai d'autre choix que de grimper, comme l'ont fait les autres. J'ai vu Éléa, Ethan, Jake, Simon, etc escalader la pierre sans difficulté, signe que c'est faisable. Même si je suis fatiguée.
Depuis huit heures ce matin, nous marchons, marchons... Et il est onze heures trente. Je n'en peux plus. J'ai faim. J'ai mal aux jambes. J'ai chaud. J'en ai marre.

J'attrape le rocher de mes mains et ramène mes pieds sur un petit caillou. Maintenant, il faut que je pousse sur mes jambes pour me hisser jusqu'en haut. Sauf que je n'ai pas d'endroit où poser mon pied. Ah, si ! C'est tout petit, mais ça peut le faire. Je prends appuis sur la petite prise qui s'offre à moi, pousse sur ma jambe, attrape le haut de la pierre avec ma main et... Je glisse. Je manque de tomber, quand une large main enrobe mon avant-bras, m'évitant ainsi une chute mémorable. Je relève les yeux vers mon sauveur, même si je sais déjà qui c'est.

– C'érait moins une, souffle Tyler avec un sourire.

– Oui, merci.

– Tu veux que je t'aide à remonter ?

– Ouais, je veux bien. C'est pas que j'y arrive pas, c'est juste que je suis fatiguée.

– Mmh-mmh, fait-il avec un sourire en coin.

Puis, Il me hisse jusqu'en haut. J'atterris allongée à plat ventre, contre le sentier.

– Merci, je souffle.

– Mais de rien ! Tu veux que je t'aide à te mettre debout aussi ou...? Propose-t-il en riant.

– Haha. Très drôle.

Il garde son éternel sourire et attend que je me relève. Une fois cela fait, il continue son chemin à mes côtés. Évidemment, il ne manque pas de me charrier.

Voici maintenant trois jours que notre trêve a commencé. En fait, je me suis rendue compte qu'on passe notre temps à faire des pactes. Le faux couple, et maintenant notre trêve.

Comment ça se passe entre nous ? Très bien. Je dirais même trop bien.

J'ai carrément oublié que je devais le détester : c'est plus fort que moi. Même s'il a été irrespectueux envers moi, c'est un gars super sympa, drôle, cool... Enfin bref, le genre de mec avec qui on a envie de sympathiser. C'est donc dur de se dire que je suis sensée le haïr. Parce qu'en fait, maintenant, je le considère comme un pote. Il fait partie de la bande (Ethan aussi) et on passe le plus clair de notre temps ensemble.

Quand on est à table, on discute que tous les deux ; quand on se balade, on se fait des blagues... Je n'irais pas jusqu'à dire qu'on est amis, mais on est sur de bonnes ondes.

Est-ce que j'ai envie d'être son amie ?

Je n'en sais trop rien. Je laisse faire le temps, et ce qui doit arriver arrivera.

***

– Pfiou ! J'en peux plus ! Souffle Lucie en s'asseyant dans l'herbe.

– Moi encore plus, je réponds.

– Ouais, mais ça vallait le coup. Regarde la vue.

En effet, de là où on est, on a l'impression d'être sur le toit du monde. Toutes les montagnes qui nous entourent sont plus bas. Même si au loin, on aperçoit quelques sommets enneigés. La vue est magnifique.

– C'est vrai, nos cinq heures de marche ont payé.

– Ce qui est décourageant c'est que, maintenant, il faut redescendre.

– Oui mais d'abord, on mange ! Je lance en allant vers les animateurs.

Johan et Mathilde distribuent les sandwichs qu'on s'est faits la veille.

– Leïla ! Crie Johan. J'ai ton sandwich !

– Merci ! Je m'exclame en le lui arrachant des mains.

Un large sourire aux lèvres, je m'assois sur un rocher et déballe le papier aluminium sur lequel il y a écrit mon nom. Quelques secondes après, Lucie me rejoint. Les autres sont installés un peu plus loin, ce qui fait que nous sommes que toutes les deux.

– Mmh, j'en ai rêvé toute la balade, dit-elle en croquant dans son morceau de pain.

– Grave.

– C'était cool, hein ?

– Ouais, c'était sympa.

Un vent glacial me fouette le visage, il faut dire que nous sommes à haute altitude. Je remercie mon pull-over bleu marine, qui m'évite de me transformer en glaçon. C'est vrai qu'à la montagne, le climat n'est pas du tout le même que chez moi.

– Dis, fait Lucie. Ça se passe comment avec Tyler ?

Je tourne la tête vers elle.

– Bien. C'est cool. En fait, je crois que je ne me force plus à être sympa avec lui. C'est naturel, maintenant. Il est marrant, je l'aime bien. J'ai l'impression que c'est un autre Tyler. C'est pas celui que je déteste, celui qui m'a fait pleurer. C'est redevenu le gars sympa de qui je suis tombée amoureuse.

Elle ouvre grand les yeux.

– T'es amoureuse de lui ??

– Hein ? Je m'exclame. Mais non ! Jamais ! Je te dis juste que c'est redevenu le Tyler que je connaissais. Pas le connard que je haïssais.

– Mmh, oui je vois.

Un petit silence s'installe, jusqu'à ce qu'elle le brise :

– Vous êtes amis ?

Je réfléchis.

– Je sais pas... C'est... Bizarre. En fait, je sais pas s'il m'apprécie vraiment, ou s'il fait semblant.

– Évidemment qu'il t'apprécie !

– C'est ce que je pensais il y a quelques mois, quand on faisait semblant d'être en couple. Je me demandais s'il faisait semblant de m'aimer ou pas, et j'étais perdue. Au final, il a préféré sortir avec Margaux, et je me suis fait de faux espoirs.

– Ah non, tu ne t'es pas fait de faux espoirs ! Vous avez fini par sortir ensemble !

– Ouais mais tu vois, là, on en revient au même point. Je ne sais pas s'il fait semblant de m'apprécier ou non.

– T'as envie qu'il t'apprécie ?

– Je ne sais pas. Oui, je pense. Ce serait chouette si on était potes.

– Bah va lui dire.

– Non, pas tout de suite. Ça ne fait même pas quatre jours que notre trêve a commencé.

– Tu fais ce que tu veux, mais je te conseille d'arrêter de te poser des questions. Ou alors, tu vas demander les réponses, déclara-t-elle avec un petit sourire.

FAKE. Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant