Chapitre 31

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Le lendemain, quand je me réveille, je n'ai pas envie de me lever. Je suis fatiguée et surtout, je n'ai pas envie de voir les autres. Je n'ai pas envie de le voir.

J'ai passé ma soirée dans ma tente, à me repasser les événements de la veille. J'ai repensé à ce qu'il m'avait dit, à ce qu'il m'a avoué. Je me suis posé des tonnes de questions, auxquelles je n'ai toujours pas les réponses. Je ne sais absolument pas ce que je suis censée faire, maintenant qu'il m'a dit que... Qu'il... Était amoureux de moi...

Sa phrase résonne dans ma tête, et je ne sais plus quoi penser. Il avait l'air vraiment sincère mais... Je ne sais pas. Je ne veux pas prendre le risque de souffrir encore. Sauf que maintenant, qu'est-ce qu'on est ? Des amis ? Des ennemis ? Des inconnus ? Je n'en sais rien... C'est en partie pour cela que je ne veux pas le voir.

J'ai parlé à Lucie et Éléa hier soir pour leur raconter ce qu'il s'était passé, et elles paraissaient aussi choquées que moi. Je devrais peut-être leur demander conseil. Mais d'abord, il faut que je finisse ma playlist Bad mood, et que j'appelle Élodie. Mon casque sur les oreilles, en pyjama sous ma couette, je fixe le plafond de ma tente verte. Les rayons du soleil filtrent à travers le tissu, et je commence à avoir un peu chaud. Il doit être tard, puisqu'il y a du bruit dehors.

Mais qu'importe : aujourd'hui, je ne sortirai pas. Mise à part pour aller aux toilettes et/ou parler à Lucie. À voir.

***

Il est quatorze heures. Je n'ai pas mangé, et je m'ennuie. Je suis toujours dans ma tente, en pyjama. Je n'ai pas encore eu la force d'appeler Élodie pour lui raconter la soirée d'hier, et ai écouté trois fois ma playlist. C'est clair, il faut que je sorte. Sauf que je n'ai pas envie d'avoir à affronter le regard triste de Tyler, ni-même celui piteux des autres, et encore moins le regard furibond de Marina.

Je pousse un long soupir et finit par ouvrir ma valise pour y trouver quelque chose à me mettre. Je farfouille dans mes affaires, quand je tombe sur un objet sphérique et lourd. Je le sors de mes bagages et constate que c'est la boule de neige que Tyler m'a offerte. Des flocons blancs retombent sur les deux marmottes, qui patinent en se tenant la main. Je reste un moment à la fixer, et à repenser à lui. Je revois son sourire angélique, ses yeux bleus qui pétillent, ses lèvres si attirantes et le son de son rire.

Encore une fois, la phrase qu'il m'a dite hier me revient en tête :

Mais parce que je suis fou amoureux de toi, putain !

Fou amoureux... De moi...

Je serre la boule à neige le plus fort possible dans ma main, jusqu'à ce que la couleur de mes doigts vire au blanc. Une larme s'écoule du coin de mon œil.

Pourquoi l'amour, ça fait aussi mal ?

C'est pourtant la plus belle chose qui puisse nous arriver dans la vie. Mais c'est aussi la pire. C'est pour cela que c'est aussi extraordinaire. En quelques secondes, ce foutu sentiment a le pouvoir de vous rendre heureux, et la seconde d'après de vous anéantir.

Je finis par m'habiller et enfin,  sortir de ma grotte. J'ouvre la fermeture Éclair et la lumière du soleil m'éblouit. L'air frais me fouette le visage, et je prends une grande inspiration. Que ça fait du bien...

Je me relève et marche vers la table de camping. Il n'y a personne, ni aucun bruit. D'un côté, ça m'arrange. Je regarde aux alentours, mais ne vois toujours personne. La vaisselle du petit-déjeuner est toujours sur la table, ils ont dû partir à la piscine, ou ailleurs. Je m'allonge dans un des hamacs que Mat nous a prêté et me balance doucement. Je ferme les yeux, jusqu'à ce que j'entende Éléa crier :

– Leïla ! Tu t'es enfin levée !

Elle est juste à côté de moi, en maillot de bain, un chignon sur la tête. Toute sourire, elle me prend dans ses bras. Sa peau est fraîche, elle a dû se baigner quelque part.

– Salut, dis-je avec un faible sourire.

– Ça va ?

Je hausse les épaules.

– Mouais, je comprends, décrète-elle en s'asseyant à côté de moi dans le hamac.

– Vous étiez où ? Demandé-je.

– À la piscine.

Je hoche la tête.

– C'était cool ?

– Ouais, fait-elle en haussant les épaules.

– Et euh... Tyler est venu ?

Elle secoue la tête.

– Non. Je ne l'ai pas vu de la journée. Il doit être encore dans sa tente.

– Oh.

Ça ne m'étonne pas. Je pense qu'il souffre encore plus que moi.

– Marina non plus, n'a pas l'air bien.

– Oui, c'est compréhensible. Elle doit me détester.

– Non, je ne pense pas, déclare-t-elle.

J'écarquille les yeux.

– Quoi ? Pourquoi tu dis ça ?

– Elle est plus déçue par Tyler que par autre chose. Peut-être que tu devrais lui parler.

– Tu crois ?

Elle hoche la tête.

– Peut-être, dis-je.

On ne dit plus rien pendant un instant, avant qu'elle ne me demande :

– Tu viens avec nous à la piscine ?

Je fronce les sourcils.

– Non, désolée, j'ai pas envie qu'on me pose des questions, si tu vois ce que je veux dire.

Elle me sourit.

– Pas de problème.

Soudain, j'entends des pas derrière moi, je me retourne et vois Marina arriver, tête baissée et les bras ballants. Cette attitude ne lui ressemble pas, elle qui est toujours enjouée et sûre d'elle.

– Tiens ! Lance Éléa. Voici Marina. C'est le moment idéal pour aller lui parler.

– Mais pourquoi tu tiens tant à ce que je lui parle ? Elle me déteste !

– Fais-moi confiance, déclare-t-elle en souriant.

Puis, elle tourne les talons et marche jusqu'à la piscine du camping. Tout est soudain silencieux, et je suis à même pas dix mètres de Marina. Je la regarde, elle est assise sur une chaise et garde les yeux dans le vague. C'est sûr, elle n'est pas dans son assiette.

Je repense à ce que m'a suggéré mon amie et prends une grande inspiration. Enfin, je marche doucement vers la blonde en face de moi et m'assieds à côté d'elle. Elle me regarde faire en silence, puis je finis par casser ce dernier :

– Salut...

FAKE. Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant