La première chose qu'il ressentit fut le froid. Un froid pénétrant, humide, comme une brume opaque dans laquelle on répugnerait à respirer de peur qu'elle ne nous infecte. Un froid qui, sans être vraiment inquiétant, rendait tout désagréable et... hostile. Un froid hostile.
L'odeur vint ensuite. Une fragrance putride, la senteur de mille nuits de terreur suintante contenue à grand-peine. La nausée le submergea tandis qu'il tentait de bouger ses bras, en vain. Jamais il ne s'était senti aussi malade, aussi accablé... Quand l'avait-il été pour la dernière fois ? Impossible de se concentrer suffisamment pour s'en souvenir.
Il s'efforça de respirer calmement, de faire le point sur son état. Avait-il été blessé ? Était-il souffrant et alité depuis tant de jours qu'il peinait à se rappeler ce qui l'avait mené jusqu'ici ? Peu à peu, l'engourdissement au bout de ses doigts cessa et il put ouvrir et fermer les poings. Ses articulations semblaient autant de charnières grinçantes d'avoir été trop peu utilisées. Cependant, aucune douleur ne le limitait, ce qui rendait d'autant plus incompréhensible cette immobilité dont son esprit tentait de le défaire avec urgence. Il prit une profonde inspiration saccadée et jugula un élan de panique en se sentant suffoquer. La toux qui suivit le laissa vidé de ses quelques forces et il dériva vers l'inconscience.
Il ignorait combien de temps s'était écoulé lorsqu'il perçut de nouveau le bruit de sa propre respiration, le froid contre ses joues, et le son doux et sourd de son sang pulsant dans ses veines. Il tourna la tête et sonda l'obscurité, sans succès. Ses yeux étaient-ils seulement ouverts ? Bandés peut-être ? Il releva péniblement les doigts jusqu'à son visage et toucha ses paupières. Lorsqu'il appuyait légèrement, une myriade de couleurs passait devant lui. Ses yeux allaient bien, mais ne voyaient rien. Peut-être n'y avait-il rien à voir ?
Il tenta de se redresser mais fut stoppé par une surface dure et froide qu'il s'empressa d'étudier du bout des doigts. Ne pas paniquer. Respirer calmement, malgré cette odeur. La surface semblait le recouvrir entièrement, comme s'il s'était glissé sous un meuble. Si tel était le cas, peut-être avait-il dû fuir un danger et se réfugier là après un mauvais coup. Il força sa respiration à se faire plus calme encore, plus silencieuse, et écouta autour de lui. Le silence. Pas un frémissement, rien. Un silence de...
Il fit glisser ses mains sur les côtés de son corps, à la recherche de son épée ou de quoi que ce soit susceptible de l'aider. Il trouva d'un côté une autre surface dure, sans doute le mur contre lequel le meuble reposait, et de l'autre, des doigts. Des doigts qui n'étaient pas les siens. Froids, minces et secs.
Un cri s'étrangla dans sa gorge tandis qu'il s'éloignait dans un sursaut incontrôlable. Son dos heurta le mur derrière lui, et il s'intima encore de garder son calme, de ne pas paniquer, de ne pas chercher à tâtons la moindre faille dans cette surface partout où il pouvait l'atteindre. Mais son corps bougeait malgré lui, son esprit implorant une issue. Il luttait autant pour trouver des réponses que pour ne pas laisser la vérité s'imposer. Retarder le plus possible le moment où il devrait admettre qu'une seule explication était envisageable : il était enfermé dans une boîte avec un cadavre. Il était enterré. On l'avait enterré vivant.
Inconfortablement allongé sur le côté, il concentra son attention sur ce qui se trouvait face à lui, dans l'obscurité insondable. Pas de mouvements. À priori, ce cadavre ne représentait pas de danger immédiat. Il frappa contre la surface supérieure, de son poing, mais il disposait de trop peu d'espace pour donner assez de force à son geste et espérer être entendu. Et entendu par qui ? Qui l'avait enfermé là ? Était-ce bien judicieux d'alerter quiconque l'avait placé dans pareille situation ?
— Mais peut-être alerterai-je un ami ?
Le son de sa propre voix le surprit, et il dut de nouveau s'exhorter au calme. Un ami. Quel ami viendrait le secourir ? Quel ami aurait permis qu'on l'enferme ainsi ? Peut-être l'ignorait-il ? La nausée menaça de nouveau alors qu'il faisait des efforts pour se rappeler. Il murmura pour lui-même :
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Phénix
FanfictionSept ans après avoir été enfoui dans un tombeau scellé et scrupuleusement gardé, Jin Guangyao se réveille, amnésique. Tandis que le chaos règne autour de lui, pris entre son ancien frère juré enseveli à ses côtés et des cultivants ébahis, il parvien...