Chapitre 18.

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-Mais regarde où tu marches !

-C'est déjà ce que je fais je te signale !

     À peine j'eus le temps de finir ma phrase que je me pris une branche d'arbre en pleine tête. Je ralai et frappai le bout de bois, le faisant ainsi tomber. Ma soeur soupira en s'emmitouflant un peu plus dans son manteau.

-Ce que tu fais, mon oeil oui... T'es un danger de la nature soeurette.

-Je ne te permets pas ! C'est plutôt la forêt qui est dangereuse pour les êtres humains que nous sommes.

-La forêt était là bien avant que l'humain apparaisse, et c'est aussi l'humain qui la détruit. Tu viens donc de participer à ce génocide de la nature.

-Je...Oh seigneur mon dieu Jésus... je viens de tuer quelqu'un...

-Bref, si on finit perdues ici à jamais, je te tuerai avant que tu n'aies eu le temps de dire atchoum.

-Atchoum ?

-À tes souhaits.

     Je regardais ma sœur qui me regardait elle aussi, un visage neutre et sans expression.

     Puis un fou rire nous prit et j'essuyai avec peine mes larmes de rire. Ma sœur a cette capacité impressionnante à dire des bêtises et faire oublier les soucis et la tristesse des autres le temps d'un moment. Je me calmais enfin après quelques minutes, et remarquai enfin que ma sœur me regardait, les bras ouverts et tendus vers moi. Je ne perdis pas une seconde pour me ruer sur elle et la serrer doucement dans les miens.

-Même si tu viens de pleurer, je ne suis pas dupe soeurette. Tu as pleuré bien avant, au vu de tes yeux rougis depuis que je t'ai vue. N'y pense plus maintenant, je suis là.

     Je serrai inconsciemment un peu plus ma prise sur elle et cachai mon visage dans son cou, gênée qu'elle ait remarqué cet unique détail. Je la remerciais silencieusement pour ne pas m'en demander plus sur la raison de mes larmes passées, et de simplement me réconforter du mieux qu'elle pouvait. Je relevai la tête pour embrasser son front en lui chuchotant plusieurs fois des je t'aime.

     Je me reculai d'elle et vis avec grande peine un grand sourire sur son visage, ainsi qu'une unique larme silencieuse rouler le long de sa joue droite. En y réfléchissant, elle me faisait penser à Lisa. Les deux ressentaient le besoin de prendre soin des autres et elles ne demandaient rien en retour. La dernière fois que ma soeur avait pleuré était lorsqu'Aurore avait disparu. Et je n'avais jamais vu Lisa pleurer devant moi.

-On va en avoir encore longtemps pour marcher, tu veux toujours bien m'accompagner ?

-Je n'ai pas trop le choix sinon j'aurai ta mort sur la conscience. Quoique... cela me permettrait d'obtenir une nouvelle chambre.

-Oh ! Autant t'es adorable, autant tu peux être la pire !

     Coraya me tira la langue et se remit en marche mais je l'arrêtai rapidement.

-Pas par là. Un peu plus à droite.

-Parce que tu reconnais les arbres toi maintenant ?

     Je le regardai et rigolai en repensant au fait que j'avais eu la même réflexion pendant le trajet avec le garçon de cette nuit. Ma sœur me regardait de travers, ne comprenant pas ma réaction. Elle haussa les épaules et se mit derrière moi en tapant légèrement mon dos.

le néant et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant