Chapitre 2

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Je me réveillais douloureusement. J'avais un peu dormi. Il était 5h30 du matin et je devais me bouger pour aller voir monsieur Sitry et lui demander une place pour la fin du mois de mai et le mois de juin dans mon ancien lycée ce qui me permettrai d'avoir un semblant de sécurité contre les personnes qui me recherchaient. Au fond de moi je savais que ça n'allait pas suffire mais c'était la seule sécurité que j'avais pour le moment parce qu'un deuxième enlèvement ne passerait plus aussi inaperçu que le premier...

Je pris mon sac sur lequel j'avais dormi et commença à marcher. L'air était plutôt léger et j'en profitai avant que la chaleur étouffante de la canicule s'abatte sur la ville. J'arrivais place de la République et m'engagea dans une avenue. Je sonnai à l'appartement de monsieur Sitry et attendit. Personne ne répondait. Je pris mon téléphone et l'appela. Une sonnerie... deux sonneries...

- Oui, allo ?, répondit une voix ensommeillée

-  Monsieur Sitry ? C'est Elise Dunham, je suis en bas de chez vous. 

Un bruit strident suivit d'une vibration m'indiqua que la porte était ouverte. Je la poussai et pénétrai dans le hall frais de l'immeuble. Deux grands miroirs étaient fixés aux murs et me renvoyaient l'image d'une jeune fille fatiguée, les cheveux emmêlés, le teint terne... je soupirai et resserra ma queue de cheval comme si ça pouvait changer toute mon allure.

Après avoir pris l'ascenseur j'arrivai devant la porte de mon ancien directeur. Celle-ci s'ouvrit et laissa apparaitre monsieur Sitry habillé à la hâte, les cheveux en batailles et ses éternelles lunettes rondes sur le bout de son nez.

Je ne pus m'empêcher de sourire.

-  Bonjour monsieur... 

-  Bonjour Elise , Entre 

Nous nous installâmes au salon et madame Sitry nous prépara un petit déjeuner.

- Alors ? demanda l'homme, tu as quitté l'Institut n'est-ce pas ?

- Oui... répondis-je en avalant un croissant, je suis parti il y a deux jours et je suis arrivée à Strasbourg hier soir. 

- Ou as-tu dormi ? 

- Dans ... la rue ? répondis-je hésitante

Madame Sitry qui nous écoutait depuis la cuisine étouffa un cri.

- Ce n'est pas raisonnable du tout, affirma le directeur, mais peu importe tu es maintenant en sécurité. 

- Non, je ne suis pas en sécurité. Mon départ n'est pas passé inaperçu et tout me porte à croire qu'ils sont déjà à ma recherche à l'heure qu'il est, je fis une pause et repris, c'est pour ça que j'ai besoin d'une sécurité si petite soit-elle pour les empêcher de m'atteindre directement 

-  Tu veux retourner au lycée ? 

- Oui, c'est exact. Seulement pour la fin de cette année, de maintenant jusqu'à fin juin. 

Monsieur Sitry soupira et replaça ses lunettes correctement.

- Ecoute, c'est assez compliqué pour moi. Tu es partie il y a six mois de façon plutôt surprenante pour l'ensemble de l'établissement et le camouflage des raisons de ce départ... précipité ? nous ont été très difficiles à trouver. Et maintenant te réintégrer à l'école demandera d'autres mensonges et tout le monde te posera des questions. 

- Je sais bien que c'est difficile... mais je trouverai ces raisons et inventerai une histoire. Peu importe mais j'ai besoin de retourner au lycée. S'il vous plait... 

J'étais sortie de chez monsieur Sitry il y a une demi-heure maintenant. Je me dirigeai vers Monoprix pour acheter le strict minimum afin de retourner en cours ce lundi dès huit heures.

Je marchai dans les rues déjà très chaudes de la ville tout en pensant à mon retour dans la vie « normale ». J'avait quitté le lycée en novembre et tout le monde m'avait vu partir quand les membres de l'Institut avaient débarqué avec leurs armes. Monsieur Sitry avait expliqué que ma famille avait simplement eu des problèmes avec la justice mais la réalité était que je n'avais aucune idée à l'époque de pourquoi ces hommes étaient venus me chercher.

Et maintenant que j'avais quitté l'Institut à cause du drame, ces derniers allaient me rechercher pour me ramener. Je soupirai. Ma vie ne ressemblait plus du tout à celle d'une adolescente normale...

J'étais allé m'acheter des affaires de base pour les cours et il fallait que j'aille maintenant m'acheter une tenue correcte.

- Elise ?! 

Je me retournai rapidement et croisa ce regard vert qui me fit immédiatement sourire.

Sara se précipita dans mes bras et mes larmes commençaient déjà à couler.

- Tu m'a tellement manquée... murmurai-je

- Et toi alors ? s'exclama-t-elle en s'éloignant de mes bras, tu es partie comme ça et tu as arrêté de me donner des nouvelles une semaine après ton départ ! 

- Je sais et je suis désolée. 

- Il va falloir que tu m'explique absolument TOUT si tu veux te faire pardonner... dit-elle en souriant

Je souris à mon tour heureuse de retrouver une amie, une personne de confiance dans cet univers. Même si j'avais redouté les retrouvailles avec les personnes que je connaissais Sara était une amie de longue date que je considérais comme la meilleure et la retrouver me rappeler que mon ancienne vie n'était pas totalement disparue. Elle seule savait la vérité sur mon départ même si notre communication c'était coupée à cause de mon entraînement.

Nous passâmes la journée ensemble et je lui racontai toute mon histoire depuis mon départ et les raisons de ce dernier. Comme moi elle trouva que les décisions de l'Institut étaient abominables et le récit de ma dernière mission lui tira les larmes des yeux et me fit revivre une nouvelle fois des souvenirs que j'aurais préférés ne plus jamais avoir à affronter...

Sara demeurait à présent la seule personne en dehors de l'Institut à connaître toute mon histoire et même si je savais que ces informations la mettaient en danger le désir de raconter, ce qui était vraiment arrivé, avait pris le dessus.

Nous avions fait tous les magasins du centre-ville et à présent nous nous dirigions vers l'appartement de Sara chez qui j'allais dormir pendant que je prévenais le directeur que je n'allais pas demeurer chez lui.

- Donc ils te cherchent encore... conclu Sara après le récit de mon histoire, même après ce qu'il s'est passé en Russie ils te veulent pour de nouvelles missions 

- C'est ça. Je suis la seule fille apte à faire des missions pour l'instant mais j'ai bonne espoir qu'ils en embauchent d'autres à cause de mon départ et qu'ils me laissent tranquille. 

- Oui mais pour l'instant ça fait à peine une semaine que tu es partie et l'entraînement d'une nouvelle fille durera au minimum quatre mois donc ils vont vouloir te récupérer... 

La princesse du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant