Chapitre 6 - Vérités

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Et il était là, face à moi. J'avais encore les yeux plongés dans les siens et les larmes commençaient à apparaître. Il détacha son regard quand un de ses hommes vint lui parler. Mon premier amour... pourquoi faisait-il parti de cette putain d'organisation ?

Je me laissai glisser contre le mur et mes larmes coulaient sans que je puisse les retenir. Je m'enfouie la tête dans mes bras. Tout le monde pouvait me voir maintenant mais je n'en avais rien à foutre. Pourtant Francesco s'était battu pour qu'on vienne me chercher quand les choses avaient mal tourné... je lui en suis encore reconnaissante.

Mais malgré tout il a décidé de rester avec mes ennemis, alors je ne dois que le détester. Je hais l'Institut qui m'a fait croire à une nouvelle vie et un brillant avenir, je le hais pour avoir utilisé ma fragile naïveté pour m'envoyer à la mort, je le hais pour m'avoir détruite.

Et pourtant... j'avais survécu, survécu par mes seuls moyens. J'étais détruite mais je n'étais plus naïve, plus une enfant, plus innocente. Je n'allais pas les laisser me reprendre pour me laver le cerveau et me renvoyer en mission. Il en était hors de question. L'Institut pensait que cette mission m'avait encore plus affaiblie et qu'il pourrait me manipuler à leur guise. En fait cette mission avait créé un monstre. Tuer quelqu'un ne me faisait plus rien, la souffrance des autres ne me préoccupait plus et cette nouvelle personnalité était ancrée en moi par des cicatrices trop profondes pour guérir un jour.

Je souris malgré moi. L'erreur de l'Institut est de croire que je me laisserais faire. Je me relevai doucement. Francesco s'approchait avec cinq autres hommes. Il fit signe aux hommes de s'arrêter et s'approcha encore un peu de moi. Il s'arrêta.

- Elise... 

Je plongeais mes yeux dans les siens. Mes larmes avaient cessé. Je poussais un profond soupir et sortis une cigarette de ma manche. Je grimai un visage détendu et me relevai doucement pour m'adosser une jambe repliée contre le mur qui me permettait de ne pas m'effondrer. L'ensemble des gens de la soirée me fixait ainsi que les cinq hommes et Francesco.

J'allumais ma cigarette et pris une grande inspiration de tabac en fermant les yeux. En les rouvrant je vis l'expression déçu de Francesco, ça me fit un pincement au cœur. Adossée au mur, une cigarette à la main, la vision trouble, entourée de six hommes armés, la situation était irréelle.

- Il va falloir que tu nous suives, dit doucement Francesco

Je rigolai tristement en tirant une nouvelle fois sur ma cigarette.

- Vous m'avez tous trahis, je fis une courte pause, tous, ajoutai-je en fixant Francesco

Je secouais la tête pour me débarrasser des brumes de l'alcool qui s'épaississaient.

- J'ai été torturée et violée pendant un mois, en pensant que ceux qui m'a avait envoyé dans cet enfer aller m'y sortir, je rigolai doucement

- Mais comme je m'étais trompée... l'Institut engage des jeunes parfois mineurs et sans proches pour les manipuler et les envoyer faire des missions mettant leurs vies en danger, continuai-je sentant doucement la colère monter en moi, mais dès qu'il faut aller les secourir... ils nous abandonnent. 

Je passais une main dans mes longs cheveux.

-  Ils nous font croire que suivre leur entrainement nous donnera un avenir brillant pour mieux nous attirer, ce sont des putains de psychopathes ! , la haine que je ressentais faisait écho à mes paroles et je tremblais de rage.

- Arrête Elise tu as trop bu, dis doucement Francesco en lançant des regards inquiets aux gens de la fête qui m'écoutais

- Oui j'ai trop bu ! Et non ça ne me dérange pas de révéler la vérité au monde entier. Putain mais comment vous pouvez rester dans cette organisation en sachant qu'elle n'en a strictement rien à foutre de vos vies. 

Je fis un pas vers Francesco et un autre. On était quasiment collés. Il frissonna. Je lui faisais encore de l'effet. Même avec mes escarpins j'étais bien plus petite que lui. Je relevai le visage vers lui. Il ne comprenait pas ma réaction.

- Je ne reviendrai pas, lui dis-je doucement, jamais... 

- L'Institut a une mission urgente et toi seule peut l'accomplir,  me dit-il, si tu ne viens pas de toi-même ils commenceront les menaces... 

- Et toi tu cautionnes tout ça, conclus-je dégoutée par la vérité

Cette fois-ci c'est Francesco qui se rapprocha. Il prit ma main et jeta la cigarette consumée de celle-ci.

- Je ne cautionnes pas ça, je te le promets, me dit-il rapidement, j'essaie simplement de protéger ce qui m'est chère. L'Institut est mauvais, je le sais très bien, mais il a trop de pouvoir et on ne peut pas le quitter comme ça. Il est protégé par l'Etat tu le sais, et il peut détruire une vie sans faire un seul scandale, termina-t-il en chuchotant carrément

Je fronçai les sourcils. Francesco était de mon côté ?

Je souris doucement en regardant nos mains enlacées.

- Pourquoi tu ne m'as jamais dit que tu n'étais pas de leur côté ? lui demandai-je

- Parce que c'était trop dangereux. Ils doivent continuer à penser que je suis naïf si je veux survivre. Quand tu es rentrée je voulais t'en parler parce que je savais que tu avais compris la dangerosité de cette organisation, mais avec tes séances chez le psy je n'ai pas eu le temps. 

Je tournai la tête et vis tous les gens qui nous regardait.

- Faites sortir tout le monde ! ordonna Francesco d'un ton sec, et laissez nous seuls 

Il se retourna vers moi.

- Si je ne te ramène pas ce soir ils sauront qu'ils ne peuvent plus me faire confiance et c'est aussi dangereux pour toi que pour moi,  m'avoua-t-il

- Je ne peux pas les laisser gagner...  murmurai-je

- Bien sûr que non... me dit-il en relevant doucement ma tête pour que je le regarde, fais la mission, gagne leur confiance et détruit-les de l'intérieur. Je t'aiderais. 

- Ça a l'air si simple,  dis-je en souriant, mais je n'arriverais pas à leur faire croire que je leur ai pardonné. 

- Il va falloir que tu sois très bonne actrice mais c'est faisable. 

Il prit mon visage entre ses mains et m'embrassa. Le monde autour de moi disparu d'un coup et les émotions en moi s'emmêlèrent en un cocktail explosif. Ça faisait tellement longtemps...

Il se détacha doucement en me regardant.

- Tu sens l'alcool mélangé au tabac, dit-il

- Toi tu sens le déodorant pour homme et j'adore ça 

La princesse du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant