Chapitre 10 - Brisée

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"Nothing is more dangerous than a person who smiles knowing that they are broken." 

- Okami Santin -


La journée du lendemain se passa étonnamment bien. Je m'étais beaucoup rapproché des deux filles et vite remarqué le respect qu'elles imposaient aux autres. Elles n'étaient pas méchantes mais je remarquais une quasi admiration dans les yeux des autres élèves quand nous passions. Peut-être était-ce dû à leur beauté ou leur richesse ?

Pour le déjeuner nous nous installâmes à la table centrale et je vis Enzo et Luca nous rejoindre. Luca me fit un sourire que je ne lui rendis pas. Nous discutâmes joyeusement où plutôt je les laissais discuter parce que je ne prenais pas vraiment part à la conversation. Luca non plus. Il m'observait.

Je soupirai.

- Qu'est-ce que t'as à me regarder comme ça ? lui demandais-je avec lassitude

- Je me demandais l'intérêt de venir en Italie quand on est déjà bilingue comme toi, répondit-il

- C'est bien pour mon dossier, répondis-je très rapidement en répétant l'excuse que l'Institut avait noté dans mon dossier de mission. 

Maddy, Paolina et Enzo continuait à discuter sans nous prêter d'attention particulière.

- Ils font quoi tes parents ? demanda-t-il

Un frisson de malaise me parcouru.

- Je suis orpheline. 

Toute la table se tut et tout le monde me regardait.

- J'ai toujours vécu en orphelinat ou internat, continuai-je, j'avais une famille d'accueil avant mais... disons que c'était comme si je n'en avais pas. 

- Mais tu es majeure maintenant, non ? Tu dois pouvoir faire ce que tu veux, demanda Enzo

- Non. Je n'ai pas encore dix-huit ans. Je suis encore dépendante de mon établissement, mentis-je dans un souffle, ils font quoi vos parents ?, demandai-je pour changer de sujet

- Mes parents sont tout les deux dans le luxe, répondit Luca, ils travaillent avec ceux d'Enzo. 

- Mes deux parents ont tout les deux été mannequins. Ils sont à la retraite mais gagne encore pas mal d'argent, dit Maddy en souriant

Je vois d'où venait ce visage d'ange maintenant.

- Ma mère est décédée, répondit Paolina, mon père est un homme d'affaire assez important.

- D'affaires ? Quel genre ? demandai-je soudainement intéressée

- Je n'ai jamais trop compris, dit-elle en rigolant, il est assez stricte et on n'est pas très proche lui et moi. 

Le déjeuner se termina et nous partîmes tous en cours de sport. Je repérai rapidement un mec typé italien, bronzé et cheveux noirs qui me regardait en souriant. Il discutait avec ses amis et Maddy m'appris qu'il était arrivé il y a peu de temps.

- Pour cette séance de course on va tester vos limites. Vous allez courir pendant 20 minutes, l'objectif et de parcourir le plus distance, expliqua la prof de sport.

Toute la classe se mit en position pour le départ. J'étais assez sereine étant donné que l'entraînement que j'avais reçu à l'Institut avait fait exploser mes capacités physiques.

Je courrai, j'étais la deuxième, juste derrière Luca. Derrière moi j'entendais le mec que j'avais repéré tout à l'heure. Marco.

Il finit par me dépasser en faisant son plus beau sourire accompagné d'un clin d'œil. J'avais perdu de la vitesse. J'avais sous-estimé les capacités d'un élève normale de 17-18 ans.

La prof de sport siffla. J'étais épuisée. Ça faisait trop longtemps que je n'avais pas couru. J'allais vers les vestiaires pour rejoindre les filles et décidai de rester prendre une douche pendant qu'elles rentraient en prendre une dans la chambre.

Je pris ma serviette et parti vers une douche. L'eau froide me faisait un bien fou. Je fermais les yeux pour profiter pleinement de ce moment. Rares étaient les moments où je pouvais me retrouver seule pour retrouver ma véritable identité. Il n'y avait plus aucun bruit. Toute la classe était parti.

Je sortis de la douche en m'enveloppant dans ma serviette et alla vers mon casier pour récupérer mon uniforme.

- Luca avait raison. T'es pas mal du tout.

Je me retournai rapidement. Marco m'observait. Ses yeux parcouraient mon corps et se prolongeaient sur mes jambes que la serviette ne recouvrait pas.

Par reflexe je resserrai ma serviette.

- Qu'est-ce que tu fous dans le vestiaire des filles Marco ? demandai-je méchamment

- Alors tu connais déjà mon nom... J'ai du succès rapidement on dirait, dit-il en souriant, si Luca savait la vision que j'ai actuellement il serait mort de jalousie... 

- Arrête de me regarder et bouge, dis-je d'un ton qui se voulait sec.

Pourtant il ne bougea pas. Ou plutôt il bougea mais dans ma direction. Je n'arrivais plus à endosser le rôle d'Emma, fille forte et pas intimidée. J'étais mal à l'aise, j'avais du mal à respirer. La dernière fois qu'un homme m'avait regardé aussi longtemps de la sorte c'était en Russie.

- Tu courais vite tout à l'heure. Tu dois être fatiguée maintenant, dit-il en s'approchant toujours.

J'étais pétrifiée. Ses intentions étaient mauvaises j'en avais la certitude. Je n'arrivais plus à réfléchir. Il faisait au moins 1m90 et étais solidement musclé. Moi j'étais en serviette et si j'arrêtai de la serrer contre moi, elle tombait. Une vague de souvenirs d'Alexeï reflouèrent dans mon esprit et me terrassa.

- Tu avais l'air d'une fille si forte. Et maintenant tu arrives à peine à respirer... murmura-t-il en savourant sa domination et presque étonné de me voir aussi terrifiée.

Je n'arrivais plus à rien. Marco devenait Alexeï, Alexeï devenait Marco. Mon esprit s'embrumait et ma tête tournait. « Les crises d'angoisses post-traumatiques vont être assez violentes, il faut éviter à tout prix les situations qui pourraient les provoquer. », les mots de la psychologue resonnaient dans ma tête.

Marco m'encadra de ses deux mains et j'étais collée au mur.

- Marco... laisse... laisse-moi... partir... dis-je en essayant de reprendre contrôle de mon propre corps.

- Si tu savais l'effet que tu me fais... dit-il en plongeant sa tête dans mon cou pour l'embrasser, c'est ta faute, je ne peux pas me contrôler. 

Elise calme-toi. Respire. Mais les tremblements ne s'arrêtaient pas. Je dois partir. Je ne peux pas supporter ça une autre fois. Je n'y arriverais pas. Toutes ces horreurs s'étaient passées en Russie, elles ne pouvaient pas se reproduire ici. Mes larmes coulaient à flots.

Marco me maintenait avec force contre le mur et continuait à m'embrasser dans le cou. Merde Elise ressaisis-toi. Je pris une grande inspiration. Marco releva la tête et m'embrassa avec violence. Il empoigna mes poignets pour que ma serviette tombe.

Je lui mordis la langue avec toute mes forces. Il hurla de douleur. J'avais son sang dans la bouche mais rien à foutre. Mon esprit s'était réveillé et tournait à plein régime. Il était temps.

Je nouai ma serviette pour éviter qu'elle tombe. Marco était tombé et se tordait de douleur. Je m'accroupis et pris sa tête entre mes mains. Il saignait beaucoup. Tant mieux. Je lui envoyai mon genou avec force et un craquement se fit entendre au niveau de sa mâchoire. Il tomba à la renverse.

Il ne criait plus, ne bougeait plus. Son sang coulait toujours. Je m'approchais d'un miroir. Le sang de Marco me coulait sur le visage j'avais des éclaboussures partout. J'avais l'air d'une folle. Je mis à sourire.

- Ah Alexeï, dis-je en me tournant vers Marco, ton sort sera bien pire crois moi... 

La princesse du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant