Chapitre 22 - Trop tard

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"We stopped checking for monsters under our bed, when we realized they were inside us." 

- The Joker - 

Ce n'était pas Alejandro.

Ma bouche s'ouvrit sous le choc.

C'était son putain de père. Son putain de père !

Mon sang bouillonnait. Mais quelle conne.

Je m'approchais de l'homme endormit. Il devait avoir la soixantaine. Il fallait que je le tue. Il n'avait rien fait, tout ça c'était la faute de son fils. Mais je ne pouvais avoir son fils et je savais que son père compter pour lui. Finalement c'était presque mieux comme vengeance. Mais Alejandro allait vouloir me tuer à tout prix. Et quand un chef de mafia veut te tuer, tu meurs.

Tant pis. Je n'avais plus rien à perdre. Je chargeais mon pistolet.

Soudain j'entendis crier devant la porte. On venait de découvrir les corps des deux hommes.

J'appuyais le canon contre le front de l'ancien parrain. Il y a un an je n'aurais jamais penser à faire ça...

Je me reculais et appuya sur la détente.

Des gens se ruèrent dans la salle.

J'ouvris la fenêtre avant qu'ils m'atteignent et disparus dans la nuit.

Je courrais sur les toits. Mes larmes dévalaient mes joues sans s'arrêter. Mais qu'est-ce que j'étais devenue...

Le vent me frappait de plein fouet mais je continuais ma course. J'étais un assassin, une meurtrière. Comment avais-je pu devenir un tel monstre alors qu'il y a deux ans j'étais une lycéenne banale de Strasbourg.

Un sanglot s'étouffa dans ma gorge. Merde...

Je sautais dans une rue et le choc sur mon bras m'arracha un cri. Je continuais à avancer. A essayer d'échapper à cette vie qui me brisait.

J'arrivais sur le pont Cavour. Je m'approchais de la rambarde. Les lumières éclairaient Rome et se reflétaient sur les eaux du Tibre. Mon cœur se calma un peu. Je sentis mon sang s'écraser sur le pavé, mes points de sutures avaient lâchés. Je fixais le vide.

J'avais envie que tout s'arrête. J'avais envie d'avoir un avenir clair et droit. C'était impossible. J'avais glissé dans un gouffre infini et je ne pourrais jamais m'en sortir. Jamais.

Je pris appuie sur mon bras valide et monta difficilement au-dessus du fleuve. L'eau m'appelait. J'avais envie qu'elle m'aspire, qu'elle me recouvre, qu'elle étouffe mes douleurs qui résonnaient trop fort dans ma tête.

Je me sentais si seule. Plus de parents, plus d'amis. Je n'avais pas revu celui que j'aimais depuis presque un moi et demi. On s'était parlé une seule fois depuis. Mon cœur se serra. J'étais un poids pour lui. Il avait un métier, un avenir. Et moi... moi je passais d'un problème à un autre dans une boucle infinie. Il n'avait pas besoin de moi. Personne n'avait besoin de moi.

Je levais les yeux vers la ville éternelle. Je respirais une dernière fois l'aire tiède de fin d'été. J'entendis des pneus crisser derrière moi.

Je sautais. La chute dura longtemps. Le vent siffla dans mes oreilles. Je tombais dans l'eau au ralenti. Je la sentis s'immiscer dans mes vêtements, me recouvrir. Je n'entendais plus rien, ne voyais plus rien, ne ressentais plus rien. Je vidais mes poumons.

Le froid me saisit. Je sentis le sol. En un sursaut de survie j'inspirais. L'eau s'engouffra dans mes poumons. J'étouffais. Mes poumons me brûlaient. Une vague glacial me recouvrit.

Je revis mes années de lycée où j'étais innocente et fragile. Je revis mon enlèvement en novembre dernier. Je revis Francesco qui m'embrassait. Je revis l'entraînement qui avait repoussés mes limites. Je revis Alexeï qui me torturait. Je revis ces hommes profiter de moi sans hésitation. Je revis ma main retirer la vie d'hommes plus ou moins innocents. Je revis la trahison d'Alejandro. Je revis mon dernier meurtre et ma course vers la mort douce et libératrice...

Enfin libre.

La princesse du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant