14 - Still Don't Know My Name

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Merci à Mad_Dreamer_ pour son soutien habituel dans l'écriture des chapitres, notamment celui-ci pour lequel elle m'a renseignée pour le lien entre poids et tension. 

/!\ Des remarques déplacées sont faites par un personnage à propos de l'anorexie. Ils ne reflètent en aucun cas mon point de vue. Si besoin, je vous invite à consulter les liens que j'ai mis juste avant le prologue. /!\


(Still don't know my name – Labrinth)



Une larme, sur son magazine.

La demoiselle renifle, essuyant ses pleurs dans sa manche déjà humide.

Grandis, bordel.

Depuis qu'elle a passé la porte de sa chambre, elle n'a pas cessé de pleurer, furieuse et blessée par son altercation avec son créateur. 

Chacune de ses insultes passe en boucle dans son crâne, agrandissant un peu plus les plaies qui déchirent sa poitrine.

Petite conne.

Son menton tremble. Elle arrive à peine à discerner les silhouettes à la plastique parfaite de son magazine. 

Elle voudrait pouvoir être comme elles : ventre plat, poitrine ferme, sourire éclatant. Peut-être que sa vie serait moins laide si elle parvenait à trouver rien qu'une once de beauté dans ce corps qui l'emprisonne.

Va te faire soigner.

Elle est presque sûre qu'on ne crie pas sur les jolies filles. On les cajole, on leur parle avec douceur comme à des fleurs aux pétales délicats, afin que leur tige n'ait pas à ployer sous les injures. 

On les respecte.
On les admire.
On les aime.

Prof il est utile, au moins.

Ses doigts froissent le coin d'une page aux couleurs floues. 

Peut-être que c'est ça, qui lui manque vraiment :
Une raison d'exister encore. 

Maintenant que Mathieu a accepté son identité, il n'y a plus rien qui ne puisse justifier sa présence. Et ce, depuis des années.

Si elle était encore utile, si elle avait une quelconque importance à ses yeux, alors il ne se serait pas éloigné d'elle comme il l'a fait après le lycée. Elle, son ancienne confidente, n'est plus qu'une figure trouble faisant office de décor dans sa vie.

Les surnoms qu'il lui donne n'y changent rien.

D'ailleurs, pourquoi pleure-t-elle toujours ? Elle aurait bien dû se douter que leur lien autrefois si fort s'étiolerait avec le temps. Toutes les réponses qu'elle lui a données, il aurait sûrement pu les trouver sur une page web ou dans un livre.

Elle n'a pas plus de valeur qu'un moteur de recherche.

La gorge nouée, elle tourne la page d'un geste vif, presque violent, comme la gifle qu'elle aurait voulu infliger à son créateur.

Espèce de malade.

Elle aussi est allée trop loin, c'est vrai. Elle n'aurait pas dû l'insulter. Elle aurait probablement dû baisser la tête, et se taire en attendant que l'orage passe. Il n'aurait pas frappé le mur. 

Elle tremble en pensant à son regard haineux.

Bien qu'habituée à ses éclats de fureur, elle n'aurait pas pensé qu'elle pourrait lui inspirer un jour une telle colère. 

𝐏𝐨𝐮𝐫 𝐪𝐮𝐞 𝐧𝐚𝐢𝐬𝐬𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐫𝐨𝐬𝐞 - 𝐒𝐋𝐆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant