𝐏𝐨𝐮𝐫 𝐪𝐮𝐞 𝐧𝐚𝐢𝐬𝐬𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐫𝐨𝐬𝐞 - 𝐒𝐋𝐆

42 - Break My Heart Again

Break My Heart Again - FINNEAS

Le soleil est absent, ce matin.

Mathieu s'éveille dans une lumière grisâtre, fatigué de sa nuit pourtant complète. Son sommeil était lourd, poisseux, si bien qu'il regrette ses insomnies habituelles.

Il songe avec amertume qu'il a manqué son café en compagnie de l'Ombre.

Cette dernière est probablement partie se coucher dès son retour à l'aube. Ils rattraperont ce moment dès qu'elle s'éveillera à son tour, il en est certain.

Le jeune homme se relève dans un bâillement. Il rejoint le couloir sans vraiment y penser, et s'arrête un instant en regardant les portes.

Celle de la demoiselle est ouverte.

Mathieu fronce les sourcils, essayant de chasser l'impression désagréable qui s'empare de lui.

Après tout, peut-être qu'elle est avec le rêveur, ou bien seule en bas. Peut-être même qu'elle est partie faire une balade pour chasser l'ennui.

Son inquiétude n'est donc pas fondée.

En descendant les marches, le créateur s'efforce de se raccrocher à un semblant de rationalité. Il sait bien que n'importe quel détail l'inquiète, concernant la jeune femme.

Mais il n'est pas un homme d'intuition, au contraire du rêveur – bien qu'il ait ressenti la mort du scientifique. Il ne devrait pas laisser de simples sensations altérer son jugement.

Déterminé à chasser cette impression, Mathieu se rend dans la cuisine. Il songe un moment à se faire un café, mais hésite devant la machine en pensant à l'Ombre.

Peut-être qu'il vaudrait mieux l'attendre encore un moment. Cette habitude est encore nouvelle, mais il s'agit aussi d'un des rares éléments qui les rattache l'un à l'autre.

Il renonce donc à se faire couler un café.

Son regard parcourt alors les placards, mais cet instant de flottement fait revenir de plus belle ses questionnements.

Quelque chose ne va pas. La maison est bien trop calme pour ne pas s'inquiéter.

Agacé de supporter cette sensation, Mathieu ferme un des placards, et quitte la pièce étroite. Ses yeux se posent sur l'entrée.

La porte du scientifique est toujours condamnée. Celle de la demoiselle, en revanche, est entrouverte.

Le créateur déglutit.

Il se dirige à pas lents vers la chambre de la jeune femme, et ne s'arrête qu'une fois devant le panneau de bois.

Il toque. Pas de réponse.

Il réitère son geste plusieurs fois – mais le résultat reste le même.

"Trésor ? Je... Je peux entrer ?"

Sa requête s'évanouit dans le silence.

Nerveux, le jeune homme consent donc à ouvrir la porte, la main tremblante.

La pièce se dévoile.

Son souffle se coupe.

Sa vue se brouille, écran flou sur lequel se peignent des souvenirs périssables.

Mathieu revoit les sourires, les éclats de joie, et les meubles entreposés pour la toute première fois dans cette chambre. 

La lumière irradiait sur le visage de la demoiselle, même entourée de cartons trop lourds pour elle.