𝐏𝐨𝐮𝐫 𝐪𝐮𝐞 𝐧𝐚𝐢𝐬𝐬𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐫𝐨𝐬𝐞 - 𝐒𝐋𝐆

25 - Here

/!\ Trigger Warning /!\

Ce chapitre aborde le thème de l'agression sexuelle. Pour vous prévenir de l'arrivée de cette scène, il y aura *** juste avant. 

En cas de besoin, n'hésitez pas à consulter les liens et numéros écrits dans la toute première partie de cette histoire.

Prenez soin de vous.

Here - Alessia Cara

Durant la semaine, les tensions qui animent le foyer ne s'apaisent pas.

L'Ombre continue d'éviter son créateur, préférant se changer les idées au travail ou au bras d'une silhouette qu'elle ne connaîtra que le temps d'un soir. Même durant le tournage, elle reste à l'écart pour ne pas avoir à lui parler.

Mathieu, lui, s'abrutit dans son travail pour ne plus penser à l'homme en noir devenu presque invisible. Il boit davantage de café, et son humeur se détériore de jour en jour.

Pour le rêveur et la demoiselle, la situation n'est guère plus plaisante.

Bien qu'ils n'aient pas abordé la question du trait bleu, tous deux s'éloignent sans vraiment s'en rendre compte, happés par leur propre douleur. Ils bavardent encore, certes, mais de manière moins régulière et surtout moins légère.

Ils ne s'étreignent plus.

Le rêveur a décidé de rester en retrait, puisqu'il semble que la jeune femme ait un compagnon. Il ne veut pas gâcher sa relation, pas si cette personne parvient à la rendre heureuse. 

Lui n'y est jamais parvenu.

Au fond, peut-être que le gameur avait raison.

Il l'étouffait sûrement avec ses câlins et ses embrassades, sans jamais se demander si ses marques d'affection la gênaient. Quant à leur demi-baiser... Peut-être qu'il aurait dû s'abstenir, finalement.

Le cœur lourd, le jeune homme continue d'avancer dans les rues nocturnes. Même s'il se fait tard, marcher lui fait du bien.

Quand il marche, il ne peut plus voir
Les yeux de la demoiselle,
Ni sentir son doux parfum.

Quand il marche,
Il ne peut plus souffrir.

Alors il retarde encore son arrivée au foyer, flânant seul dans les rues qu'il connaît par cœur.

*

Seule au salon, la demoiselle regarde la télévision.

Elle aurait espéré qu'au moins l'un de ses amis soit resté pour passer la soirée avec elle. Mais non. 

En ce vendredi soir, tous semblent être de sortie. Même le rêveur n'est toujours pas rentré – chose qui ne lui ressemble pas, sauf s'il est en compagnie de l'Ombre.

Dans un soupir, elle serre un coussin contre son ventre.

Peut-être qu'elle aurait mieux fait de prendre un appartement pour elle seule, cette année. Elle n'aurait pas eu à supporter le poids de l'abandon, ni la douleur des liens qui s'étiolent contre son gré.

Elle en vient presque à regretter de s'être réveillée, le soir de sa chute.

Amère, elle avale péniblement le cachet du scientifique dans une grimace. Elle n'a rien mangé d'autre aujourd'hui.