Epilogue

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Santa Monica Dream - Angus & Julia Stone



Postée à la fenêtre, la demoiselle regarde les voitures parcourir la rue. 

Plusieurs sacs encore plein à craquer jonchent le sol de l'appartement, attendant de pouvoir décorer les lieux.

La jeune femme ne s'en occupe pas.

Elle songe à ses amis, à sa vie qu'elle a laissée derrière elle.

Elle aimerait se dire qu'elle regrette cette décision, qu'elle aimerait retourner dans son ancien foyer – il n'en n'est rien. L'affection portée aux résidents ne suffisait plus à la retenir chez elle.

Le temps n'aurait rien changé.

Une moue triste étire ses lèvres, tandis que ses bras se croise sur son ventre. Elle espère que son départ ne leur causera pas trop de peine, surtout pour le rêveur qu'elle sait sensible.

Soupir.

Peut-être qu'elle aurait dû rédiger une vraie lettre.
Son absence aurait peut-être été moins brutale qu'avec un post-it.

Mais au fond, quel intérêt d'écrire plus ?

Les résidents connaissaient déjà les raisons qui expliquent sa fuite soudaine. Ils n'auraient rien appris de plus. La demoiselle n'aurait fait qu'exposer à nouveau les erreurs de chacun, comme ils l'ont déjà lu dans son carnet.

Ce dernier repose dans l'un des derniers sacs qu'elle n'a pas encore ouverts. Elle n'est pas certaine de vouloir le relire un jour.

Pour autant, elle ne peut pas se résoudre à le jeter.

Les pages du carnet sont synonymes de douleur, mais il s'agissait avant tout d'un cadeau de son créateur. Elle ne peut pas se débarrasser de ses souvenirs. Même celui-là.

Une main effleure son épaule.

Manon.

La demoiselle se tourne vers elle, sans pouvoir cacher la mélancolie qui brille dans son regard. La blonde a déjà pleuré plusieurs fois depuis leur départ – Cathy a même séché ses larmes, en déposant les deux amies sur le quai de la gare.

Mais même avec les paroles rassurantes de la grand-mère, et la présence de Manon à ses côtés, la demoiselle ne peut se défaire de l'appréhension qui revient chaque fois qu'elle pense aux amis qu'elle a laissés.

Elle s'en veut. La brune le sait.

Manon replace alors une mèche derrière son oreille dans un geste tendre, ses prunelles ancrées dans les siennes.

Ça ira.

Ce seul regard suffit à apaiser les maux de la demoiselle.

Elles ont pris la bonne décision.
Elles se construiront une vie meilleure,
Ensemble.

Et si jamais les jeunes femmes rencontrent la moindre difficulté, elles pourront toujours contacter Cathy, qui a préféré rester à Nantes avec ses amies.

La demoiselle finit alors par acquiescer, remerciant la brune dans un murmure.

Manon esquisse un sourire, puis reprend avec elle la contemplation de la route londonienne qui longe leur appartement.

Silence.

Avec une douceur presque timide, les deux jeunes femmes laissent leurs mains se frôler.

Inspiration.

Leurs doigts s'effleurent,
Puis s'entrelacent.

Et dans leurs poitrines, leurs cœurs battent enfin à l'unisson.



𝐏𝐨𝐮𝐫 𝐪𝐮𝐞 𝐧𝐚𝐢𝐬𝐬𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐫𝐨𝐬𝐞 - 𝐒𝐋𝐆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant