𝐏𝐨𝐮𝐫 𝐪𝐮𝐞 𝐧𝐚𝐢𝐬𝐬𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐫𝐨𝐬𝐞 - 𝐒𝐋𝐆

31 - A Little Messed Up

Trigger Warning : Mutilation

(A Little Messed Up - june)

Durant les minutes qui suivent les révélations de Mathieu, aucun des résidents ne parle. Leurs regards se remplissent d'effroi, qui laisse progressivement place à un vide monstrueux.

Cataclysme émotionnel.

Le rêveur est le premier à quitter la pièce.

Il gravit l'escalier à pas lents, la main agrippée à la rampe pour ne pas vaciller. Ses jambes peinent à avancer dans le couloir à la noirceur poisseuse.

Dans sa chambre, il verrouille la porte derrière lui, avant de se laisser retomber sur son matelas.

Silence.

Sa main retire les verres qui couvrent ses yeux, océans dévastés à la lumière de la lune.

Les ombres au plafond semblent rire de lui, dessinant des souvenirs qui lui font regretter son manque de réaction lorsqu'il était encore temps.

Les regards indécents du scientifique ne lui avaient pas échappés, de même que son plaisir malsain à provoquer la jeune femme. Même sa soudaine amabilité concernant les cachets auraient dû l'alerter.

Mais il n'a rien fait, alors que tout en lui criait de se méfier.

Putain d'intuition.
Putain de lui.

Sa tête s'enfonce dans l'oreiller,
Bientôt trempé par ses larmes.

Il refuse de répondre à l'Ombre qui l'appelle depuis l'autre côté de la porte, soucieuse de son état. Elle lui demande si elle peut entrer, s'il souhaite prendre l'air avec elle – mais rien.

La douleur est telle qu'il ne parvient pas à parler.

L'homme en noir finit donc par s'éloigner, la mine grave, et retourne se faire engloutir par la nuit et ses ténèbres.

*

Seuls dans le canapé, Mathieu et le gameur regardent l'écran d'un œil morne.

Rester plus longtemps dans la chambre de la demoiselle devenait trop pesant pour eux. Ils n'ont pas eu la force de s'isoler dans leur propre chambre, comme le rêveur, ni celle de se rendre dehors, comme l'Ombre et sa fuite nocturne.

La télévision projette une lumière blafarde sur leurs visages.

Tous deux n'écoutent que vaguement les dialogues qui emplissent la pièce, bruit de fond pour tenter d'étouffer leurs pensées.

De temps en temps, le regard de Mathieu se porte sur le gameur.

Son air coupable ne lui échappe pas, de même que les larmes qu'il refoule à grand peine. Dans la lumière de l'écran, il voit le coussin qu'il serre tout contre son ventre, alors qu'il s'efforce de cacher le tremblement de ses mains.

Le créateur pince ses lèvres.

"Viens là."

Le gameur tressaille.

Il cligne des yeux, surpris par la demande de son créateur, avant de voir les bras qui lui sont ouverts. Il n'hésite qu'un bref instant.